La Tribune

L’IGP Pays d’Oc se dote d’une réserve de résilience pour faire face aux aléas climatique­s

- Michèle Trévoux

Les vins de Pays d’Oc veulent instaurer une réserve de résilience pour être en mesure d’approvisio­nner le marché en cas de petite récolte. Un outil de régulation pour sécuriser les producteur­s et stabiliser les prix.

Le gel mémorable d’avril 2021 aura été l’élément déclencheu­r. Au lendemain de cet accident climatique qui a sévèrement amputé la récolte 2021, Jacques Gravegeal, président du syndicat des vins de Pays d’Oc, s’était engagé à mener une réflexion sur les outils à mettre en place pour faire face aux aléas climatique­s.

Il a tenu parole puisque le 29 avril dernier, lors de l’assemblée générale du syndicat, il a levé le voile sur la réserve de résilience, nouvel outil de régulation du marché qu’il souhaite mettre en place dès les prochaines vendanges.

Eviter les récoltes en dents de scie

S’inspirant de la réserve qualitativ­e champenois­e, le projet, actuelleme­nt en cours d’approbatio­n par les pouvoirs publics, prévoit la possibilit­é pour les producteur­s d’une réserve individuel­le volontaire, constituée au sein du rendement maximum de production. C’est le principe d’une réserve glissante qui a été retenu avec une libération automatiqu­e à partir du 15 septembre : le volume bloqué de la récolte N-1 est alors remplacé par le volume équivalent de la récolte N et le volume ainsi libéré pourra être mis en marché.

La libération collective de cette réserve pourra aussi intervenir en cours de campagne, en cas de hausse de la demande des marchés ou suite à une petite récolte. La libération individuel­le de cette réserve pourra également être décidée, après validation de l’interprofe­ssion, dans le cas où un producteur décrochera­it de nouveaux marchés ou s’il a subi une mauvaise récolte.

L’IGP Pays d’Oc se dote d’une réserve de résilience pour faire face aux aléas climatique­s

« Cette réserve est à la fois un outil de régulation du marché pour écrêter les fluctuatio­ns de production et une assurance-récolte pour les producteur­s, insiste le président du syndicat. Il faut à tout prix éviter ces récoltes en dents de scie qui nous font perdre les parts de marché les années de faible production, et font chuter les prix les années plus généreuses. »

Prix stabilisés

Ce nouvel outil s’inscrit dans une démarche de régulation du marché, qui comprend déjà les contrats pluri-annuels qui sécurisent la vente pour ceux qui produisent et l’approvisio­nnement pour les metteurs en marché.

Autre dispositif mis en oeuvre à titre expériment­al depuis 2020, le BIC (besoin individuel de commercial­isation) instaure, pour chaque exploitati­on ou cave coopérativ­e, un volume commercial­isable basé sur la moyenne quinquenna­le des sorties de chai. Il permet de caler les objectifs de production sur le potentiel de commercial­isation.

« Ces trois outils - contrats pluriannue­ls, BIC et réserve - permettent d’asseoir des stratégies à long terme sur des volumes qui peuvent croître régulièrem­ent et sur des bases de prix dont la valorisati­on est relativeme­nt stabilisée », s’est félicité Olivier Simonou, président d’InterOc, l’interprofe­ssion des vins de pays d’Oc.

Sur la campagne 2020/2021, les ventes de vins de pays d’Oc s’élèvent à 5,9 millions d’hectolitre­s, un volume stable par rapport à la campagne précédente. 52% de ces volumes sont vendus en France, 48% à l’exportatio­n. Avec 2,5 millions d’hectolitre­s exportés, l’IGP pays d’Oc est le leader en volume des vins français à l’export, devant Bordeaux (1,8 millions d’hectolitre­s) et les AOC de la Vallée du Rhône (0,7 millions d’hectolitre­s).

 ?? ?? S’inspirant de la réserve qualitativ­e champenois­e, le syndicat des vins de Pays d’Oc initie le dispositif de réserve de résilience. (Crédits : IGP Pays d’Oc)
S’inspirant de la réserve qualitativ­e champenois­e, le syndicat des vins de Pays d’Oc initie le dispositif de réserve de résilience. (Crédits : IGP Pays d’Oc)

Newspapers in French

Newspapers from France