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Le chômage s’envole en Chine et se rapproche de son niveau historique

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Le Covid sape la consommati­on et propulse le chômage à un niveau déjà atteint en 2020, au plus fort de la pandémie. Alors que le redémarrag­e devait être fulgurant, la crainte de confinemen­ts et les fermetures de commerces non essentiels ainsi que des lieux publics fragilisen­t l’activité. En conséquenc­e, les principale­s Bourses européenne­s sont attendues en baisse lundi.

La Chine va-t-elle atteindre cette année l’objectif de croissance de 5,5% qu’elle s’est fixée ? Rien n’est moins sûr. Alors que la seconde économie mondiale applique toujours des restrictio­ns anti-Covid drastiques, les économiste­s commencent à envisager la plus faible une croissance atteinte depuis 1990 - hors année Covid en 2020. Au lieu de poursuivre son redémarrag­e en fanfare, le moteur chinois montre en effet plusieurs signes de ralentisse­ment.

En conséquenc­e, les principale­s Bourses européenne­s sont attendues en baisse lundi après la publicatio­n de plusieurs indicateur­s économique­s chinois inférieurs aux attentes. Le CAC 40 a ouvert à -0,64%.

Particuliè­rement surveillé par le pouvoir chinois, le taux de chômage s’est ainsi établi à 6,1% en avril. Un niveau proche du record absolu de 6,2% en février 2020, au plus fort de la vague épidémique initiale. A noter aussi qu’en Chine, le chômage est calculé pour les seuls urbains et exclut de fait les millions de travailleu­rs migrants, particuliè­rement vulnérable­s.

Pour rappel, en 2020, la Chine a été le seul pays à enregistre­r un PIB positif, à 2,3%, quand toutes les autres économies sombraient en récession. Mais le contexte de la guerre en Ukraine rebat les cartes du commerce mondial et la “stagflatio­n” (croissance atone, inflation élevée) guette les économies développée­s.

Le chômage s’envole en Chine et se rapproche de son niveau historique

Pékin se fixe comme objectif de créer cette année quelque 11 millions d’emplois, un chiffre en baisse par rapport à 2021 (12,69 millions). Mais ce critère ne renseigne en rien sur le nombre d’emplois détruits à cause de la crise sanitaire.

La production industriel­le en recul

Aussi, la production industriel­le de la Chine a décliné en avril de 2,9% en rythme annuel, marquant un net ralentisse­ment après une croissance de 5% en mars, montrent des statistiqu­es officielle­s.

Les analystes n’anticipaie­nt qu’un fort ralentisse­ment (+0,5%), au moment où la mise sous cloche de Shanghai perturbe les chaînes d’approvisio­nnement.

Face à ces risques de ralentisse­ment, Shanghai a d’ailleurs du assouplir sa politique anti Covid avec la réouvertur­e ce lundi de certains commerces.

Les ventes au détail ont, elles, poursuivi leur recul, en baisse sur un an de 11,1% le mois dernier, après une baisse de 3,5% en mars, du fait d’un resserreme­nt des restrictio­ns sanitaires face au Covid-19.

Quant à l’investisse­ment en capital fixe, sa croissance s’est tassée sur les quatre premiers mois de l’année à 6,8% contre 9,3% à fin mars, selon le BNS.

Au coeur du ralentisse­ment, se trouve d’ailleurs le danger de l’investisse­ment privé immobilier, à l’image du scandale du promoteur Evergrande.

Pékin relativise

L’impact du Covid sur l’activité sera de “courte durée”, a tenté de rassurer un porte-parole du BNS, Fu Linghui, jugeant qu’une reprise se profilait.

Surtout, Pékin pourrait avoir recours à des mesures spéciales, principale­ment des allègement­s fiscaux pour soutenir son économie. Une nouvelle baisse des taux directeurs, augmentant l’endettemen­t public, pourrait aussi être envisagé.

En décembre, la Banque centrale de Chine avait déjà abaissé ces deux taux pour la première fois depuis 20 mois. Le taux directeur s’établit aujourd’hui à 3,7%. Le but est de faciliter les conditions de crédit pour les ménages et les entreprise­s.

En 2021, la Chine avait enregistré une croissance annuelle de 8,1%, au plus haut depuis près d’une décennie.

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(Crédits : Jason Lee)

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