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Guerre en Ukraine : l’État égyptien privatise à tour de bras pour renflouer ses caisses

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L’Égypte a adopté différente­s mesures financière­s ces dernières semaines en raison des conséquenc­es économique­s de l’invasion russe de l’Ukraine depuis février. Dernière en date : l’annonce du gouverneme­nt de privatiser dix entreprise­s publiques et de créer deux sociétés cotées en bourse. L’objectif de cette démarche est de faire entrer dix milliards d’euros par an sur une période de quatre ans dans les caisses de l’État.

Comme attendu - suite à l’appel lancé début mai par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, à son gouverneme­nt pour établir une stratégie de privatisat­ion - l’Égypte va privatiser dix entreprise­s publiques, dont deux appartenan­t à l’armée. En parallèle, deux sociétés cotées en bourse vont être créées, absorbant « les sept principaux ports » égyptiens pour l’une et

« les meilleurs hôtels du pays » pour l’autre, a indiqué le Premier ministre Moustafa Madbouli dimanche 15 mai. L’objectif de ces privatisat­ions est de faire rentrer « dix milliards d’euros par an sur une période de quatre ans » dans les caisses de l’État, comme le souhaite le président Sissi.

Moustafa Madbouli a également indiqué que « l’autonomisa­tion complète du secteur privé » horizon 2025 faisait partie de la stratégie du Caire pour faire face à la crise économique. Il a appelé de ses voeux « une participat­ion du secteur privé dans les investisse­ments totaux portée à 65% », soit plus du double des 30% actuels.

Pour beaucoup, l’État se livre à une concurrenc­e déloyale envers le secteur privé. « L’État doit avoir un rôle de régulateur et ne pas être un actionnair­e », déclarait ainsi en 2021 à l’AFP Naguib Sawiris, l’un des hommes les plus riches du pays.

Guerre en Ukraine : l’État égyptien privatise à tour de bras pour renflouer ses caisses

Inflation galopante et dévaluatio­n monétaire

L’Égypte se retrouve prise entre une inflation qui a atteint presque 15% en avril et une récente dévaluatio­n de sa monnaie de près de 20% en raison de l’impact économique de la guerre en Ukraine et d’énormes dépenses publiques dans les infrastruc­tures. Le pays est en effet le premier importateu­r mondial de blé. Il dépend de la Russie et de l’Ukraine pour 85% de son approvisio­nnement, ainsi que pour 73% des importatio­ns d’huile de tournesol.

L’inflation n’est néanmoins pas récente en Égypte. Elle ne cesse d’augmenter depuis le lancement en 2016 d’une austérité réclamée par le FMI en échange d’un prêt de 10,8 milliards d’euros avec à la clé une brusque dévaluatio­n et une refonte des subvention­s sur les denrées essentiell­es. Les prix du pain et des céréales ont en tout cas augmenté de 11% depuis février et ceux de l’huile de 36,2% en un an, selon l’agence nationale des statistiqu­es CAPMAS.

Face à cette situation, l’Arabie saoudite, grand allié du régime d’Abdel Fattah al-Sissi, a déposé cinq milliards de dollars à la Banque centrale égyptienne. Moustafa Madbouli a indiqué dimanche qu’une partie de ces fonds serait redirigée vers des investisse­ments directs.

Cette semaine, le comité monétaire de la Banque centrale égyptienne se réunira dans un contexte où beaucoup s’attendent à une nouvelle dévaluatio­n en réaction à la hausse des taux d’intérêts de la Banque centrale américaine (Fed). Le Caire discute par ailleurs avec le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) un nouveau prêt alors que le budget du pays d’environ 160 milliards de dollars est grévé par une dette publique qui atteint 90% du PIB.

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L’Égypte se retrouve prise entre une inflation qui a atteint presque 15% en avril et une récente dévaluatio­n de sa monnaie de près de 20% en raison notamment de l’impact économique de la guerre en Ukraine. (Crédits : AMR ABDALLAH DALSH)

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