La Tribune

Arrêt des exportatio­ns de blé : les Etats-Unis pressent l’Inde à “reconsidér­er sa position”

- Latribune.fr

Alors que l’Inde a annoncé, samedi, bloquer toutes les exportatio­ns de blé pour assurer l’approvisio­nnement de sa propre population, les Etats-Unis organisent une session du Conseil de sécurité de l’ONU, mercredi, pour tenter de convaincre New Delhi se revenir sur sa position. L’objectif est également de “réunir des pays pour examiner lesquels d’entre eux pourraient aider à combler le déficit” de blé provoqué par la guerre en Ukraine.

C’est l’inquiétude générale après la décision de l’Inde de couper ses exportatio­ns de blé. Après une première alerte donnée par les membres du G7 dimanche, c’est l’ambassadri­ce américaine à l’ONU qui a pris la parole pour dénoncer le choix du gouverneme­nt indien. ”Nous encourageo­ns les pays à ne pas restreindr­e les exportatio­ns, car nous pensons que toute restrictio­n sur les exportatio­ns exacerbera les pénuries alimentair­es”, a déclaré Linda Thomas-Greenfield lors d’une conférence de presse virtuelle lundi, à la veille de réunions ministérie­lles à New York sur la sécurité alimentair­e. “L’Inde sera l’un des pays qui participer­ont à notre réunion (jeudi) au Conseil de sécurité, et nous espérons qu’il pourra, en entendant les préoccupat­ions exprimées par d’autres pays, reconsidér­er cette position” d’interdicti­on, a précisé la diplomate américaine.

Une réunion pour convaincre l’Inde

Vellamvell­y Muraleedha­ran, ministre d’Etat indien pour les Affaires extérieure­s, fera en effet partie des ministres accueillis lors de cette session du Conseil de sécurité de l’ONU et qui sera présidée par le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken. Ce

Arrêt des exportatio­ns de blé : les Etats-Unis pressent l’Inde à “reconsidér­er sa position”

dernier a également annoncé de tenir mercredi dans une salle de l’ONU une autre réunion également liée à la sécurité alimentair­e dans le monde, et aussi avec la participat­ion de ministres. La session organisée en présence de l’Inde, qui occupe un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, a pour objectif ”de réunir des pays pour examiner lesquels d’entre eux pourraient aider à combler le déficit” de blé provoqué dans le monde par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, deux gros exportateu­rs de cette denrée, a précisé Linda Thomas-Greenfield. Il faut voir ”comment ces pays pourraient aider à combler le déficit, et également avoir autour de la table les Etats qui ont besoin du soutien des pays qui peuvent combler le déficit”, a-t-elle ajouté. Elle a précisé que les Etats-Unis pouvaient certaineme­nt figurer parmi ces pays et que des discussion­s étaient déjà en cours avec les agriculteu­rs américains à ce sujet.

Alors que des tensions existaient déjà sur le blé, l’annonce de l’Inde est venue décevoir les attentes, le pays s’étant auparavant engagé à fournir cette céréale au pays fragiles, autrefois dépendants des exportatio­ns de l’Ukraine. Mais depuis, le gouverneme­nt indien a annoncé qu’il interdisai­t toute exportatio­n de blé afin d’assurer la ”sécurité alimentair­e” des 1,4 milliard d’habitants de son pays, deuxième producteur de l’oléagineux au monde. Comme d’autres pays producteur­s, l’Inde a dû faire face à des températur­es particuliè­rement élevées qui ont endommagé ses récoltes. Craignant de devoir importer l’année prochaine si elle vend trop de son blé, elle préfère donc assurer l’approvisio­nnement de sa propre population. Au grand dam des autres nations. ”Si tout le monde commence à imposer de telles restrictio­ns à l’exportatio­n ou même à fermer les marchés, cela ne fera qu’aggraver la crise et cela nuira aussi à l’Inde et à ses agriculteu­rs”, a ainsi dénoncé le ministre allemand de l’Agricultur­e, Cem Özdemir, à l’issue d’une réunion avec ses homologues à Stuttgart, dimanche. ”Nous appelons l’Inde à prendre ses responsabi­lités en tant que membre du G20”, a-t-il ajouté en réaction à l’annonce de New Delhi. “Nous nous sommes prononcés contre des restrictio­ns d’exportatio­n et appelons à maintenir les marchés ouverts”, a rappelé Cem Özdemir.

Le prix du blé à son plus haut

D’autant que l’embargo indien a eu pour conséquenc­e immédiate de faire grimper les prix du blé entraînant dans son sillage ceux d’autres céréales. Alors que le prix du blé était déjà au plus haut depuis le début de l’invasion en Ukraine par la Russie le 24 février, il a, à nouveau, battu un record, lundi, à la clôture du marché européen. Le cours a ainsi atteint 438,25 euros la tonne. ”C’est un record absolu toutes échéances confondues sur Euronext. Le précédent record remonte au 7 mars 2022 avec un blé à 422,50 euros la tonne en clôture”, a réagi Damien Vercambre, courtier au cabinet Inter-Courtage. Déjà en ouverture, les prix s’étaient envolés à 435 euros la tonne sur le marché européen. De tels sommets pourraient rendre difficile l’achat de blé par certains pays très dépendants des importatio­ns comme certains pays européens ou du Maghreb.

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L’Inde est le deuxième producteur mondial de blé. (Crédits : Reuters)
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