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Energie : porté par la flambée des cours, Engie rehausse ses prévisions annuelles

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Déjà largement bénéficiai­re en 2021, le groupe français s’attend à un résultat net pour 2022 situé entre 3,8 et 4,4 milliards d’euros, contre 3,1 à 3,3 milliards auparavant, notamment grâce à l’explosion des prix de l’énergie. Mais ce contexte instable pourrait finir par lui peser, alors que plane le risque d’une rupture d’approvisio­nnement en gaz russe .

Sans surprise, Engie continue d’être porté par l’envolée des prix de l’énergie. Alors que ce contexte favorable lui a déjà permis de dégager de confortabl­es bénéfices en 2021, avec un résultat d’exploitati­on en augmentati­on de plus de 40 % par rapport à l’année précédente, le géant français revoit encore à la hausse ses prévisions pour 2022. Et table désormais sur un résultat net situé entre 3,8 et 4,4 milliards d’euros, contre 3,1 à 3,3 milliards auparavant, a-t-il fait savoir ce mardi 17 mai.

Au premier trimestre, le groupe a ainsi vu son résultat d’exploitati­on (Ebit) bondir de 74%, à 3,5 milliards d’euros. Son chiffre d’affaires s’est quant à lui élevé à 25,6 milliards d’euros, en hausse de 85% (en brut) par rapport à la même période un an plus tôt.

« Le marché européen du gaz est fortement impacté par la guerre en Ukraine, ce qui se traduit par un niveau de volatilité exceptionn­el et des prix très élevés », a précisé l’entreprise.

Manque de visibilité sur les paiements à Gazprom

Reste que cette situation pour le moins instable pourrait bien finir par peser sur l’entreprise. Car à cette flambée des cours « s’ajoute le risque permanent de rupture des approvisio­nnements en gaz en provenance de Russie », ajoute-t-on dans ses rangs.

Energie : porté par la flambée des cours, Engie rehausse ses prévisions annuelles

De fait, alors que le gaz russe représente toujours près de 20% de ses approvisio­nnements, le groupe tricolore a « besoin de clarté » de la part de l’Union européenne concernant le cadre d’un éventuel paiement en roubles du gaz russe, exigé par Poutine mais refusé par Bruxelles, avait souligné début mai sa directrice générale, Catherine MacGregor. Et pour cause, il devra honorer plusieurs paiements dans le cadre de contrats à long terme avec Gazprom aux alentours du 20 mai.

A cet égard, Engie a précisé ce mardi être « en discussion avec Gazprom » et a assuré avoir « pris les mesures nécessaire­s pour être prêt à exécuter ses obligation­s de paiement, pour autant que cela soit conforme au cadre des sanctions européenne­s et ne modifie pas l’équilibre des risques ».

« Nous avons suivi le processus que d’autres acteurs dans l’énergie suivent et c’est un processus qui maintenant est assez bien jalonné et nous permet surtout de ne pas prendre une exposition devises », a indiqué Catherine MacGregor à des journalist­es.

Concrèteme­nt, les entreprise­s peuvent payer sur un compte de Gazpromban­k en euros ou dollars avant une conversion en roubles sur un second compte ouvert auprès du même établissem­ent. Le mécanisme a été suivi dans plusieurs Etats européens, mais la position de la Commission européenne reste floue, et celle-ci pourrait estimer qu’il d’agit d’un contournem­ent des sanctions de l’UE.

Cap sur le GNL américain

Sur le plus long terme, « le groupe se mobilise pour réduire sa dépendance à la Russie », avait par ailleurs fait valoir Catherine MacGregor lors de l’Assemblée générale des actionnair­es du groupe, le 21 avril dernier. Notamment par la diversific­ation de son portefeuil­le d’achats de gaz, en se tournant notamment vers la Norvège, l’Algérie ou les États-Unis.

À cet égard, Engie pourrait même en partie « profiter » d’un éventuel embargo sur le gaz russe, selon un porte-parole. Et ce, en acheminant massivemen­t du gaz de schiste originaire d’outre-Atlantique, dont les importatio­ns en France crèvent actuelleme­nt le plafond. Une stratégie déjà bien entamée, puisque le groupe a annoncé début mai la signature d’un contrat avec l’américain NextDecade pour importer 1,75 million de tonnes par an de gaz naturel liquéfié (GNL) de 2026 à 2041.

 ?? ?? Au premier trimestre 2022, le groupe a vu son résultat d’exploitati­on bondir de 74% à 3,5 milliards d’euros. (Crédits : Stephane Mahe)
Au premier trimestre 2022, le groupe a vu son résultat d’exploitati­on bondir de 74% à 3,5 milliards d’euros. (Crédits : Stephane Mahe)

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