La Tribune

Automobile : le groupe Guyot mise sur la data pour relancer les ventes de véhicules dans ses concession­s

- Amandine Ibled

Face au ralentisse­ment du marché automobile en France, quelle est la réponse des profession­nels pour continuer à attirer les clients dans les concession­s ? Dans une logique de mutualisat­ion des forces, le groupe Guyot a ainsi choisi d’absorber trois sites dans l’Yonne. Cette ETI, qui réalise un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros, cherche aussi à développer du marketing prédictif.

En pleine pénurie de composants, plombée par l’inflation sur les prix de l’énergie, le secteur automobile traverse sa pire crise depuis 40 ans. Résultat, face à des ventes de véhicules en berne en France, les profession­nels cherchent des solutions, notamment digitales. « Il y a encore quelques années, les voitures se vendaient presque toutes seules. Il y avait une vraie dynamique. Aujourd’hui pour être performant­s, il faut plus de personnel sur les fonctions support, tels que le contrôle de gestion, les ressources humaines ou le marketing. Or, ces fonctions ne vendent pas directemen­t de produit. Il est compliqué de faire évoluer notre marge », explique Camille Guyot, directeur du groupe éponyme, concession­naire de Renault Dacia principale­ment.

Face à ce constat, l’entreprene­ur a décidé de racheter trois concession­s Renault dans l’Yonne : à Joigny, Auxerre et Avallon. « L’idée est de créer de la synergie entre les établissem­ents pour faire de la croissance de proximité. Chaque site se trouve à une heure et demie maximum les uns des autres », précise-t-il. Un vendeur de Joigny peut par exemple, vendre une voiture qui se trouve sur la concession de Beaune ou de Dijon, et vice versa. Le groupe Guyot, qui emploie 400 personnes au total, se charge

Automobile : le groupe Guyot mise sur la data pour relancer les ventes de véhicules dans ses concession­s

de la logistique pour acheminer le véhicule à son client. « Avec une force de vente plus importante, on peut avoir une meilleure rotation des stocks car c’est ce qui nous coûte le plus cher », souligne Camille Guyot.

Mégane 100% versus Tesla

Tesla fait partie de ces marques qui sont venues « challenger » les marques françaises en implantant des concession­s sur tout l’Hexagone. Toutefois, ce déploiemen­t ne fait pas peur à Camille Guyot qui mise beaucoup sur l’arrivée de la Mégane 100% électrique. « Avec la Zoé, nous n’étions pas sur les mêmes cibles de clients que Tesla, mais la nouvelle Mégane, nous laisse croire que nous pourrons aller chercher des clients qui auraient pu être tentés par Tesla », confie Camille Guyot. Ce dernier met en avant la qualité de service « à la française ».

Dans ses concession­s, lorsqu’un client achète un véhicule neuf, un vendeur dédié lui présente les différente­s fonctionna­lités, dont les équipement­s multimédia durant une heure. « Chez Tesla, vous êtes entre 20 et 50 personnes dans un hangar à regarder une vidéo tuto. Ce n’est pas notre vision du métier ! », assure-t-il.

Concession­naires et gestionnai­res de leads ?

Il est loin le temps où les badauds venaient le week-end se promener dans les concession­s... Aujourd’hui, Internet a changé les manières de consommer. « Nos showroom sont vides, il y a beaucoup moins de monde qu’avant », regrette Camille Guyot. « Notre difficulté n’est pas de faire venir des gens mais de capter des potentiels acheteurs », poursuit-il. Les clients font leur choix de marque de produits sur Internet et ensuite viennent toucher et essayer en concession, mais leur décision est quasiment déjà prise.

« Notre métier devient un métier de gestionnai­re de leads », remarque Camille Guyot. Cette pratique consiste à mettre en place une gestion des demandes entrantes reçues par une entreprise. Autrement dit, faire en sorte que plus de prospects soient transformé­s en clients. « Plus on donne de pistes de prospectio­n à un vendeur en magasin, plus ses chances de vendre une voiture augmentent », note Camille Guyot. À la concession de Dijon par exemple, chaque jour, entre 5 et 6 personnes viennent simplement pour voir les voitures tandis que 70 personnes se croisent à l’atelier, non pas pour acheter une voiture, mais pour la faire réparer ou faire un entretien. Autant de clients potentiels perdus... « On essaye d’automatise­r notre système afin que les vendeurs soient proches des entrées des ateliers pour rencontrer les clients mais ils ne peuvent pas à être à l’affût de tout », confie Camille Guyot.

Le marketing prédictif : la solution ?

Le groupe Neuralytic­s, dont le siège est à Chalon-sur-Saône, entité de Bee2link group, s’est penché sur cette problémati­que des concession­naires, en créant un système d’exploitati­on marketing : maprochain­eauto.OS. « Notre mission est d’aller chercher de la performanc­e additionne­lle. C’est-à-dire de trouver de l’efficience en automatisa­nt les prises de contacts », explique Jonathan Damis, président de Neuralytic­s. Le co-fondateur de cette solution est parti du constat que de nombreuses données étaient disponible­s par les concession­naires, mais qu’ils ne s’en servaient pas pour déclencher des campagnes de marketing. « Nous sommes passés par la vague de l’intelligen­ce artificiel­le, très à la mode, mais c’est un terme galvaudé. Ce qui nous intéresse, c’est de mettre à dispositio­n des distribute­urs une plateforme qui leur permet, sans besoin en interne de coder eux-mêmes leurs propres algorithme­s, de rentrer dans l’air du marketing prédictif, très peu démocratis­é aujourd’hui », indique Jonathan Damis.

Grâce à cette base de données sur les cartes grises, le concession­naire peut avoir accès à des informatio­ns clés sur les besoins de ses clients : voiture prise en leasing, renouvèlem­ent de véhicule, entretien des pneus, etc... « Une solution comme celle-ci permet de détecter des clients potentiels en amont, avec l’analyse des clients ateliers », témoigne Camille Guyot, en négociatio­n avec Neuralytic­s pour acquérir cette solution. Par exemple, en sachant que tel client a acheté sa carte grise il y a quatre ans en leasing, celui-ci sera bientôt en phase de renouvèlem­ent, le système lui envoie un message en proposant le catalogue de véhicules disponible­s dans la concession. « Ce sont des solutions complément­aires d’aide à la vente devenues indispensa­bles... et coûteuses », assure Camille Guyot. En fonction de la dimension du point de vente le tarif de l’abonnement mensuel varie entre 90 et 500 euros. Toutefois, Neuralytic­s garantit une augmentati­on de 5 à 10 % des performanc­es des points de vente à l’année.

 ?? ?? (Crédits : Guyot)
(Crédits : Guyot)

Newspapers in French

Newspapers from France