Nouveau partenariat, augmentation de capital : Citiz Bordeaux cherche sa route après le Covid
L’entreprise d’autopartage Citiz a lancé un partenariat avec les voitures de Titi Floris ce 3 mai à Bordeaux. La société coopérative doit ainsi augmenter sa couverture du territoire bordelais et diversifier sa flotte tout en s’adaptant aux exigences des usagers en matière de liberté de service. Après avoir doublé le montant de son capital, Citiz doit jongler avec les aléas d’une nouvelle crise économique, de la place des acteurs du free-floating et du passage à l’électrique.
C’est une entreprise phare dans l’écosystème coopératif, présente à Bordeaux depuis le début des années 2000. L’opérateur de véhicules en autopartage Citiz Bordeaux, rattaché à un réseau national d’une quinzaine de villes, a vu les usages changer plus d’une fois en matière de mobilités. C’est aujourd’hui l’hyper-présence des pratiques du free-floating (flottes de véhicules en libre-service) qui lui fait prendre un nouveau tournant. Depuis le 3 mai, son application mobile héberge seize véhicules de l’autre société coopérative Titi Floris, et notamment des utilitaires, en plus des 125 modèles de son parc automobile à Bordeaux.
La différence entre les deux opérateurs ? Les voitures de Citiz doivent être réservées à l’avance, quand celles de Titi Floris sont immédiatement disponibles pour les conducteurs. Un changement de modèle particulier pour une entreprise qui a toujours défendu un autopartage sur des trajets de longue durée : compter 12 heures et 84 kilomètres pour ses standards de location moyens. Mais il serait économiquement périlleux pour la Scic (Société coopérative d’intérêt collectif) de continuer
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à tourner le dos à des usages qui évoluent vers davantage de flexibilité.
”Du moment où l’on ne présentait pas de service en free-floating, il y avait un risque de ne pas pouvoir attirer une frange des consommateurs, notamment les jeunes. Le partenariat avec Titi Floris permet d’élargir notre couverture géographique sur des territoires où nous n’irions pas directement”, explique à La Tribune Nicolas Guenro, directeur de Citiz depuis 2008.
Les professionnels louent moins
Titi Floris, qui avait déjà rejoint Citiz en 2021 sur Nantes, reste propriétaire des seize véhicules mis à disposition. Et touchera un pourcentage sur les recettes réalisées par sa consoeur bordelaise. Même si Citiz ne voit pas les opérateurs du free-floating comme des concurrents directs, elle fait ici le choix d’agrandir et de diversifier sa flotte. Mais “sans acquérir des véhicules qui n’auraient pas été assez utilisés pour être viables économiquement”. Une stratégie qui s’explique par le haut degré de concurrence dans le secteur de la micro-mobilité.
Jusqu’ici pour Citiz, la fréquence d’utilisation des véhicules s’élève à moins d’une location par jour (0,9 en moyenne). Mais côté distances parcourues, les voitures accomplissent 25.000 kilomètres chaque année en moyenne. Soit deux fois plus qu’un véhicule possédé par un particulier. De quoi accomplir son objectif de “démotorisation” des mobilités. A travers cette tendance, la société bordelaise, calquée sur un modèle éprouvé dans d’autres villes, est parvenue à créer une dynamique économique viable.
Après une baisse de près de 20 % de son chiffre d’affaires en 2020 à cause du Covid, elle a réalisé son meilleur bilan l’an passé avec un résultat dépassant les 1,2 million d’euros. Un redressement aidé par “une activité qui est, plus qu’avant, portée par les loisirs et les vacances”, observe Nicolas Guenro. En 2019, 40 % des recettes provenaient des utilisateurs professionnels et des salariés, avant que cette part ne se réduise durablement. Et qu’une nouvelle crise n’éclate.
Délicate transition électrique
Au 1er avril 2022, le réseau national Citiz a été contraint d’augmenter ses tarifs pour faire face à la hausse des prix du carburant, conséquence directe de la guerre en Ukraine.
En effet, l’offre de location de la société coopérative inclut directement les coûts liés au carburant. Elle bénéficie d’ailleurs d’un partenariat avec Total, à laquelle elle règle directement l’approvisionnement effectué par ses clients. Autrement dit, “quand le carburant prend 10 centimes, c’est de la marge directe qui s’en va pour nous”, relaie le directeur.
Malgré ces difficultés conjoncturelles, Citiz compte aussi augmenter l’effectif de son parc en investissant dans de nouveaux véhicules. Objectif : passer de 125 à 160 unités d’ici l’été à Bordeaux. Tout en amorçant un passage - très lent - à l’électrique. La faute à des technologies encore peu compatibles avec le modèle économique de l’autopartage. ”Il y aurait une maturité sur le partage des véhicules électriques, à partir du moment où des véhicules de type Clio ou C3 auront 400 kilomètres d’autonomie avec un prix d’achat comparable au véhicule thermique. Techniquement, on pourrait faire de l’autopartage avec des Tesla. Mais ça coûterait trop cher”, développe Nicolas Guenro. Citiz pourrait accueillir 8 % de véhicules électriques d’ici l’été, contre 3 % actuellement.