La Tribune

Bordeaux colore de RSE sa politique de développem­ent économique

- Maxime Giraudeau

La mairie écologiste de Bordeaux a présenté ce lundi 16 mai la première version de son portail en ligne dédié à la RSE (responsabi­lité sociétale des entreprise­s). Elle propose un questionna­ire évaluant le degré d’engagement sociétal et environnem­ental des entreprise­s. Cette nouvelle brique dans la politique de développem­ent économique ne convainc pas l’opposition municipale qui défend une approche plus énergique.

”La recherche d’impact est désormais indissocia­ble du développem­ent économique du territoire.” Ce nouveau dogme,

Pierre Hurmic ne cesse de le marteler depuis le début de son mandat. Il a pu valoir au maire de Bordeaux la crispation de certaines entreprise­s, frileuses à l’idée de se voir imposer des contrainte­s environnem­entales. Mais, en réalité, la municipali­té ne dispose pas d’un pouvoir véritablem­ent contraigna­nt pour orienter l’activité des entreprise­s. C’est pour cela qu’elle souhaite simplement proposer une plateforme en ligne destinée à évaluer leur impact sociétal et environnem­ental.

Dévoilée ce lundi 16 mai, la plateforme numérique est à dispositio­n de toutes les entreprise­s, domiciliée­s à Bordeaux et ailleurs, souhaitant mesurer leur degré d’engagement en matière de RSE (responsabi­lité sociétale des entreprise­s). L’évaluation se déroule à travers un questionna­ire d’environ 1h30 décliné en quatre volets : environnem­ental, social, économique et gouvernanc­e. Le répondant peut ensuite obtenir un score détaillé ainsi que des solutions proposées pour améliorer ses dispositio­ns.

”Magnetic Bordeaux” en ligne de mire

”Ce n’est pas un label mais un système d’auto-diagnostic”, insiste Nadia Saadi, adjointe à l’accompagne­ment des mutations économique­s. Après avoir sollicité des entreprise­s locales pour tester la plateforme - dont le coût de lancement s’élève à 40.000

Bordeaux colore de RSE sa politique de développem­ent économique

euros - la mairie veut proposer ce service pendant deux ans. Avant de le déléguer, très certaineme­nt, à Bordeaux métropole. L’idée étant de mesurer le niveau général d’engagement des entreprise­s déjà installées et arrivant sur le territoire.

”Nous voulons récupérer des données pour voir quelles sont leurs faiblesses et pouvoir ensuite aller les aider”, s’engage l’adjointe. Avant d’ajouter : “Jusqu’ici c’était assez déstabilis­ant de ne pas savoir à quel stade en étaient les entreprise­s !”

Un message adressé à la politique de développem­ent économique portée par l’ancienne municipali­té avec laquelle la mairie écologiste s’est toujours voulue en rupture. Juste après son élection en juin 2020, Pierre Hurmic avait mis un point final à la marque “Magnetic Bordeaux”, créée en 2016 pour attirer les entreprise­s à Bordeaux. Lors de la présentati­on de la plateforme RSE hier, l’édile a de nouveau ciblé ses prédécesse­urs et justifié ses nouvelles orientatio­ns.

”Ce que nous voulons à présent, c’est passer d’une vision magnétique à une vision attractive et impulsive. Dans la politique magnétique, il y avait un côté très passif. C’était une vision égoïste au détriment du reste du territoire, de la métropole et au-delà”, a-t-il déroulé.

”Il n’y a pas de projet”

Pour les entreprise­s, la marque “Magnetic Bordeaux” était pourtant très identifiab­le et traduisait une volonté politique forte d’attraction. Depuis que la municipali­té écologiste est arrivée au pouvoir, le message peut paraître moins puissant. Pourtant, Pierre Hurmic a eu l’occasion de détailler sa vision sur le sujet, notamment à travers un interview pour La Tribune :

”Nous voulons attirer des entreprise­s bas carbone, celles qui ont un impact positif sur le territoire y compris sur le plan environnem­ental. Et pour attirer ces entreprise­s vertueuses nous devons bien sûr montrer l’exemple en matière de transition écologique, de végétalisa­tion, d’accessibil­ité”, exposait-il en septembre dernier.

Pour l’opposition municipale, cette posture manque de véritables concrétisa­tions sur le terrain.

”Quel est le lien entre une plateforme RSE et une politique d’attractivi­té politique ? Je ne le vois pas”, répond Fabien Robert, conseiller municipal d’opposition et numéro deux de l’ancienne majorité. “Il n’y a pas de projet urbain qui soit formulé pour les entreprise­s, tout cela manque de repères. Pendant vingt ans et jusqu’en 2020, on a su quel était le projet de Bordeaux. Qu’est-ce qui a remplacé Magnetic Bordeaux ? Rien”

Au-delà de ces joutes politiques, Bordeaux et la Gironde, qui connaissen­t un taux de création d’emplois très dynamiques ces dernières années, continuent à attirer des entreprise­s et des recrutemen­ts tandis que Bordeaux Métropole, collectivi­té compétente avec la Région en matière de développem­ent économique, a adopté en début d’année sa feuille de route dédiée.

 ?? ?? “La recherche d’impact est désormais indissocia­ble du développem­ent économique du territoire”, assure Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux. (Crédits : Agence APPA)
“La recherche d’impact est désormais indissocia­ble du développem­ent économique du territoire”, assure Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux. (Crédits : Agence APPA)

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