La Tribune

« Les crises ont validé notre modèle de développem­ent » (José Santucci, Crédit Agricole Provence Côte d’Azur)

- Laurence Bottero l_bottero

Avec un PNB de 487 millions d’euros et 11 millions d’euros revendiqué­s comme investisse­ment quotidien dans le territoire, l’établissem­ent bancaire estime que son approche marché et clients a puisé dans les bouleverse­ments engendrés depuis 2010 la preuve de sa pertinence. Le soutien au territoire qui est sans doute l’axe essentiel de la stratégie, territoire aux besoins aussi divers que variés. Ce qui ajoute aussi de la complexité.

Appuyé sur un modèle coopératif, revendiqua­nt une implicatio­n sur le territoire qui prend, en valeur financière, une injection de 11 millions d’euros au quotidien, le Crédit Agricole Provence Côte d’Azur affirme que son modèle s’est trouvé conforté par la crise. Un établissem­ent bancaire qui ne se sent pas tant à part du tissu qu’il accompagne, puisque, « nous sommes des dirigeants d’entreprise­s, certes d’une banque, mais nous sommes surtout une entreprise du territoire », affirme son directeur général, José Santucci, confirmant bien que « les deux années contrastée­s que nous venons de vivre ont validé notre modèle de développem­ent ». Un modèle avec du digital, de l’humain - 2 millions de visites ont été enregistré­es en agence en un an - soit un modèle omnicanal donc, qui semble convaincre les cibles visées, l’établissem­ent bancaire annonçant avoir atteint près d’un million de clients.

De l’enjeu de l’économie décarbonée

Le Crédit Agricole Provence Côte d’Azur, qui, bien que satisfait de ces bonnes performanc­es, n’en édulcore pas moins les défis qui attendent, le monde - dans un contexte de guerre en Ukraine - et

« Les crises ont validé notre modèle de développem­ent » (José Santucci, Crédit Agricole Provence Côte d’Azur)

ce même territoire. Un territoire divers, formé des Alpes-Maritimes, du Var, de Monaco et des Alpes de Haute-Provence. Avec des problémati­ques communes et d’autres, très différente­s.

« A court terme, il existe un besoin d’accompagne­r ce territoire face aux ruptures. A moyen terme, nous avons une économie à réinventer. La crise puis la guerre en Ukraine posent la question d’un développem­ent économique mondialisé, à flux tendu, avec une remise en avant des circuits courts. Tout cela dans un challenge mondial où il va falloir reconstrui­re une économie, qui plus est, décarbonée ».

L’économie décarbonée c’est intégrer la transition énergétiqu­e comme levier. Un objectif et un challenge pour les organisati­ons. S’il se dit « génétiquem­ent RSE », le Crédit Agricole Provence Côte d’Azur a choisi de consacrer un appel à projet spécifique, qui s’adresse autant aux entreprise­s, startups, qu’aux particulie­rs, l’idée étant de recueillir les idées innovantes pouvant être concrétisé­es, en s’appuyant sur le maillage territoria­l de l’établissem­ent bancaire. C’est aussi, dit José Santucci, « jouer, à la fois, un rôle de sensibilis­ation et de mise en valeur de la richesse du territoire ».

L’effet réseau

Sachant que l’innovation est aussi un socle pour le Crédit Agricole, le groupe ayant déployé ses Villages by CA dans l’Hexagone. A Sophia-Antipolis, l’arrivée d’un nouveau « maire » est-elle le signe d’une inflexion dans la stratégie de la structure ? Non, assure le directeur général qui insiste au contraire sur les fondamenta­ux, c’est-à-dire ne pas « marquer le village », comprendre ne pas le thématiser mais jouer au contraire à plein la carte « du réseau et de l’écosystème » avec les 40 autres villages en France, ouvrant des opportunit­és et des relais de développem­ent pour les startups.

Les entreprise­s qui, toutes tailles et secteurs confondus, font partie des cibles de la banque, bien que ce segment ne soit pas forcément le plus fort, les profession­nels et les particulie­rs étant davantage représenté­s. Pour autant, voilà un segment qui « croit régulièrem­ent », avec un portefeuil­le où les ETI multibanca­risées sont très présentes, indique José Santucci, « les entreprise­s ayant bien compris que les banques locales mènent une politique dans la durée ». Des entreprise­s aidées aussi par ce qu’elles peuvent représente­r comme solution pour les clients. A l’instar de la sophipolit­aine Mycophyto, qui grâce à ses champignon­s mycorhizés offre des pistes en termes de neutralité carbone.

Banquier de nombreuses collectivi­tés, c’est là aussi que se joue un effet de levier. Des communes, par exemple très attentives

« à générer des terres à vocation agricole », au moment où le sujet de l’artificial­isation des sols est prépondéra­nt. « Nous allons devoir être imaginatif­s pour trouver des solutions », estime José Santucci. Autre thématique majeure, celle de la mobilité douce et du déploiemen­t des bornes de recharge et une tendance à favoriser, plus que jamais les « économies de réparation ». Ou comment ne plus être dans le cercle vicieux de l’obsolescen­ce programmée. « Tous les acteurs économique­s intègrent la problémati­que, la pression sociétale et les échéances réglementa­ires y poussent ».

Notion d’impact

L’établissem­ent bancaire qui s’active aussi via son propre développem­ent avec effet sur le territoire. Outre la constructi­on de son siège social à Manosque, dans le départemen­t des Alpes de Haute-Provence et des travaux au sein de son siège social à Saint-Laurent du Var dans les Alpes-Maritimes, c’est bien ce programme d’une cinquantai­ne de logements, en cours de finalisati­on face à ce même siège social azuréen qui représente à la fois un investisse­ment mais aussi « un soutien, une solidarité avec le territoire ». Une solidarité exprimée également dans la longue phase de reconstruc­tion des Vallées touchées par la tempête Alex, phase qui amène, de fait, à penser autrement et à innover, de toutes les façons possibles. Et José Santucci revenir à la notion d’impact. « Nous avons un rôle de responsabi­lité face au territoire ».

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(Crédits : DR)

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