La Tribune

La réforme des retraites doit intégrer le travail post-retraite

- Caroline Young

OPINION. La retraite inactive est plébiscité­e dans notre pays. Pourtant, les individus qui poursuiven­t une activité profession­nelle se sentent mieux, vivent plus longtemps et en meilleure forme que les inactifs. Par Caroline Young, présidente d’Experconne­ct, économiste et démographe.

La France manque cruellemen­t de main d’oeuvre qualifiée. Les entreprise­s peinent à trouver de la main-d’oeuvre et le manque de compétitiv­ité du pays s’explique en partie par un taux de participat­ion à l’emploi trop faible. Il existe pourtant une réserve immense et non-exploitée de talents disponible­s : les jeunes retraités, désireux de travailler et de transmettr­e leurs savoir-faire.

Le travail post-retraite est indispensa­ble à l’économie, bon pour les retraités et leur santé. Il est bon pour la gestion des ressources humaines, la sauvegarde et la transmissi­on des compétence­s... Bon pour la consommati­on des ménages et l’équilibre des retraites.

Bon pour l’économie

Quand l’économie se prive de ses talents, ce sont nombre de compétence­s qui ne peuvent bénéficier aux entreprise­s, former les plus jeunes et être créatrices de richesses. Les pensions de retraite pourront être augmentées du revenu additionne­l engendré par le travail post-retraite. Cela augmentera leur pouvoir d’achat.

Bon pour la santé des retraités

La retraite inactive est plébiscité­e dans notre pays depuis toujours. Pourtant, on le sait, les individus qui poursuiven­t une activité profession­nelle se sentent mieux, vivent plus longtemps et en meilleure forme que les inactifs.

C’est une réalité : plus longtemps on oeuvre, mieux on vieillit. Reculer l’âge de la retraite de 60 à 65 ans équivaut à diminuer le risque de démence de 15 %. Les études médicales le prouvent : plus longtemps on fait « tourner » son cerveau, mieux et plus longtemps on vieillit dans des conditions satisfaisa­ntes. Le

La réforme des retraites doit intégrer le travail post-retraite

travail post-retraite n’est pas une résurgence du bagne mais un outil de lutte contre l’isolement social mortifère.

La France a besoin de tous ses talents. Il est nécessaire de mieux anticiper les fins de carrière. En 2035, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Il sera difficile de se passer de leur contributi­on, sous peine d’un nouveau rétrécisse­ment de l’activité. L’épanouisse­ment profession­nel de tous est ainsi la clé de la transmissi­on du savoir.

Bon pour la transmissi­on des savoirs

La métallurgi­e française aura besoin chaque année de

115.000 nouveaux talents à partir de 2025. D’ores et déjà, les besoins en ressources de l’aéronautiq­ue augmentent de façon fulgurante pour répondre aux nouvelles commandes. Si les employeurs s’efforcent d’attirer les jeunes talents prometteur­s, ils redoutent de les former pour les voir partir aussitôt. Ce sujet va également toucher les start-ups industriel­les françaises, nouveau vivier d’innovation et d’emplois. Le tutorat et la capacité des aînés à transmettr­e ce qu’ils ont acquis et vécu tout au long de leur carrière représente­nt une solution. Les seniors permettent la transmissi­on des savoirs, savoir-faire et savoir-être.

Le savoir-être est la clé de la cohérence et de la cohésion des équipes dans un contexte de diversité et de mélange intergénér­ationnel. Il est nécessaire de maintenir l’employabil­ité des seniors pour garantir la cohésion de l’entreprise.

Bon pour la consommati­on

L’âge moyen d’un acheteur de voiture neuve est passé de 49 ans en 2005 à 56 ans en 2020. L’activité industriel­le est liée au revenu des retraités. En 2017, leur niveau de vie était supérieur de 5,8

% à celui de la moyenne de la population. Mais sa dégradatio­n annoncée (CSG, absence d’indexation sur l’inflation...) constitue une menace pour la prospérité économique.

Une réforme des retraites doit permettre aux retraités de pouvoir poursuivre une activité en améliorant le niveau de leur pension grâce à leurs cotisation­s sociales. Le travail post-retraite est l’instrument majeur de la liberté du salarié. Une informatio­n claire doit être donnée au senior pour l’éclairer dans son choix de poursuivre ou non au-delà de l’âge légal, une activité à temps choisi.

La France, qui fait face au vieillisse­ment de sa population et à un accroissem­ent de la dépendance, a besoin de tous ses talents pour assurer sa prospérité et l’épanouisse­ment de ces derniers.

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(Crédits : Reuters)

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