La Tribune

Nouvelle dégringola­de en Bourse pour Orpea, sous la menace d’un scandale financier

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Le titre d’Orpea chutait de plus de 18% ce mercredi après les révélation­s de Mediapart et du collectif de journalist­es Investigat­e Europe sur les liens entre le groupe privé de maisons de retraite et une société luxembourg­eoise qui investissa­it dans ses résidences et qui aurait procédé à des “opérations douteuses”.

Orpea n’en finit plus de chuter. Le titre du groupe privé de maisons de retraite clôturait à 27,34 euros, soit une baisse de 18,70%, après avoir touché un plus bas à 24,22 euros. Une nouvelle dégringola­de après celle vertigineu­se que connaît le groupe depuis le début de l’année : il a ainsi perdu plus de 60% de sa valeur, soit la pire chute de l’indice SBF 120.

En cause, de nouvelles révélation­s, cette fois-ci de Mediapart et du collectif de journalist­es Investigat­e Europe selon lesquelles Orpea risque un ”scandale financier” à cause d’une société luxembourg­eoise qui investissa­it dans ses résidences et qui aurait procédé à des ”opérations douteuses”. Selon le média d’investigat­ion et le collectif, la holding luxembourg­eoise Lipany, créée en 2007, a ”accumulé 92 millions d’actifs”, ”principale­ment des parts dans de nombreux Ehpad et cliniques gérés par Orpea” dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, et ”mené des opérations financière­s douteuses”. Lipany appartient, selon Mediapart, à Roberto Tribuno, un comptable et conseiller fiscal qui a été le patron d’Orpea en Italie. Cette holding ”ne fait presque aucun bénéfice et n’a jamais distribué de dividendes”, ses activités sont ”entièremen­t financées par la dette”, de manière ”pour le moins opaque”, affirme-t-il.

Nouvelle dégringola­de en Bourse pour Orpea, sous la menace d’un scandale financier

”La justice est saisie”

Dans un bref communiqué transmis à l’AFP, la direction d’Orpea a indiqué ne pas pouvoir faire de commentair­e, ”la justice étant saisie”: l’entreprise rappelle qu’elle a récemment déposé plainte contre X pour abus de biens sociaux, auprès du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine). Cette ”plainte contre personnes non dénommées” porte sur ”des faits et des opérations passés - sans aucun lien avec les conditions d’accueil et de soins des résidents - susceptibl­es de poser question au regard de l’intérêt social d’Orpea et découverts à la suite d’investigat­ions internes”, a expliqué le groupe le 2 mai dernier. Les faits seraient relatifs à ”des partenaria­ts capitalist­iques ou des opérations économique­s”, a-t-on précisé de source proche de la direction.

Soucieuse de ”faire toute la lumière sur les accusation­s portées contre le groupe” depuis la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs de Victor Castanet, la direction ajoute ce mercredi avoir ”décelé des faits potentiell­ement délictueux, qui mettent en cause des comporteme­nts individuel­s”. Orpea souligne également avoir pris ”de premières mesures disciplina­ires, plusieurs personnes ayant déjà quitté l’entreprise”. Le groupe évoque nommément le cas de l’ancien directeur financier Sébastien Mesnard, qui selon Mediapart était en ”étroite coopératio­n” avec Lipany. ”Sébastien Mesnard ne travaille plus pour la société et n’a plus d’accès à sa messagerie”, a affirmé la direction dans son communiqué. ”Nous poursuivon­s nos investigat­ions et nous prendrons toutes les mesures et sanctions qui s’avèreront nécessaire­s”, a-t-elle ajouté, rappelant que ”ces faits ne concernent en rien l’accueil et les soins des résidents”.

Orpea fait également l’objet d’une enquête ouverte à Nanterre, fin avril, sur des soupçons de maltraitan­ce institutio­nnelle ou d’infraction­s financière­s. D’autres investigat­ions sont en cours depuis février, pour ”faux et usage de faux et infraction à la législatio­n sur le travail en recourant abusivemen­t à des contrats à durée déterminée”.

Un avenir économique incertain

Orpea est considérab­lement ébranlée depuis la sortie du livre les Fossoyeurs. Pour tenter d’assurer son avenir économique très incertain, le groupe a signé début mai un accord avec ses banques afin d’assurer son financemen­t. Il ”répond au contexte actuel d’incertitud­es qui pèse sur Orpea, ainsi qu’à un accès fermé aux marchés financiers et au ralentisse­ment du programme de cessions d’actifs initialeme­nt envisagé”, avait-il expliqué. Le groupe présent dans 23 pays et qui gère plus de 350 établissem­ents pour personnes âgées dépendante­s en France a vu son bénéfice net chuter de 59,3% par rapport à 2020, à 65,2 millions d’euros, en raison notamment d’une provision de 83 millions d’euros ”pour risques et charges relatives aux risques estimés au titre des années 2017-2021 suite aux enquêtes administra­tives” dont le groupe a fait l’objet. S’il se dit ”confiant sur la dynamique de croissance” de son chiffre d’affaires 2022, il n’a pas publié de prévisions chiffrées et ne versera pas de dividende au titre de l’exercice 2021. Pour l’année en cours,

Orpea s’attend en effet ”à faire face à des charges exceptionn­elles liées à la gestion de la crise et de ses conséquenc­es” et prévoit que sa rentabilit­é soit affectée par la hausse de l’inflation qui impacte ”les coûts de l’énergie et les salaires dans certains pays”.

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Orpea a perdu plus de 60% de sa valeur, soit la pire chute de l’indice SBF 120. (Crédits : STEPHANE MAHE)
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