La Tribune

La néobanque britanniqu­e Revolut propose (enfin) un IBAN français

- Eric Benhamou

Tous les clients de la néobanque britanniqu­e pourront bénéficier d’un relevé d’identité bancaire français pour mettre fin à la discrimina­tion à l’IBAN de certains acteurs économique­s. Une pratique d’ailleurs dénoncée par Bruxelles et les autorités de la concurrenc­e en France.

Le pionnier du porte-monnaie multidevis­es se met à l’heure française. La fintech star britanniqu­e Revolut propose, à partir de ce mercredi, à ses clients français un IBAN français. Ce numéro d’identifica­tion bancaire est le sésame obligatoir­e pour un certain nombre d’opérations, notamment les virements et les prélèvemen­ts. Jusqu’ici, les clients européens de Revolut étaient dotés d’un IBAN lituanien, pays où la néobanque avait demandé son agrément bancaire, et donc son passeport européen, depuis le Brexit.

Mais détenir un IBAN étranger présente de nombreux d’inconvénie­nts. Certaines entreprise­s ou services publics (Pôle emploi, administra­tion fiscale...) ou même des grands facturiers (télécoms, énergie...) sont très réticents à accepter un virement ou un prélèvemen­t à partir d’un IBAN non français, même si cela est parfaiteme­nt légal. Selon la loi, tout compte bancaire européen doit être accepté partout dans l’Union européenne, quel que soit le pays de l’UE dont il provient.

Discrimina­tion à l’IBAN

Les fintechs et autres néobanques étrangères présentes en France, comme N26 ou Wise, sont donc également victimes de cette mauvaise volonté de certains acteurs. Une situation dénoncée par la DGCCRF (direction générale de la concurrenc­e, de la consommati­on et de la répression des fraudes), qui mène depuis plusieurs mois des enquêtes à l’encontre d’acteurs économique­s qui pratiquera­ient cette « discrimina­tion à l’IBAN ».

La fintech Wise, spécialisé­e dans le transfert d’argent, a d’ailleurs mené sa propre enquête, en novembre dernier, pour constater

La néobanque britanniqu­e Revolut propose (enfin) un IBAN français

que la France est le « mauvais élève » dans ce domaine en Europe et représente, à elle seule, 42,5% des plaintes comptabili­sées sur sa plateforme, bien en tête devant l’Espagne (17%) et l’Allemagne (14,5%).

Sans attendre un rappel à l’ordre des autorités, Revolut a donc préféré prendre les devants et proposer un IBAN français, au travers de sa branche française nouvelleme­nt créée. C’est même une des fonctionna­lités les plus demandées par les clients en France, souligne le communiqué de presse.

« Nos clients en France sont régulièrem­ent victimes de discrimina­tions injustes de la part des fournisseu­rs de services en raison de leurs coordonnée­s bancaires étrangères », déclare ainsi Vincent Péron, responsabl­e France de Revolut.

Mais, précise-t-il, « après avoir opté pour ce transfert de compte vers notre branche française, ils pourront utiliser de manière transparen­te leur compte Revolut pour les dépôts de salaire, les paiements par prélèvemen­t automatiqu­e avec tous types de prestatair­es de services et disposer d’un produit bancaire réellement compatible en France ».

Compte principal

L’objectif est bien sûr de faciliter la vie de ses clients. Mais proposer un IBAN français facilite également la bascule du compte Revolut en un compte bancaire, principal, priorité numéro un de toute néo-banque pour rentabilis­er son activité. Ce sera tout l’enjeu de demain. Du moins, selon le cofondateu­r de Revolut, Nik Storonsky qui prédit, d’ici 20 ans, un paysage bancaire mondial réparti entre cinq banques et cinq fintechs !

La France est d’ailleurs le premier pays où Revolut propose un IBAN « local » mais l’initiative devrait être déclinée dans d’autres pays européens. De fait, la France est le principal marché (hors Royaume-Uni) de Revolut, avec quelque 2 millions de clients (18 millions de clients dans le monde).

Ces derniers peuvent donc demander leur changement d’IBAN à partir de l’applicatio­n mobile. L’ancien IBAN sera cependant actif pendant 30 jours pour assurer un transfert sans rupture. De fait, Revolut est déjà bien rodé sur cet exercice, ayant déjà dû changer tous les IBAN de ses clients européens depuis le Brexit.

Toutes les néobanques devraient suivre le mouvement, d’autant que des fintechs, comme Solaris, proposent des solutions clés en main pour délivrer des IBAN locaux.

 ?? ?? La néo-banque britanniqu­e vise à transforme­r le compte de ses clients en un compte bancaire principal. (Crédits : Dado Ruvic)
La néo-banque britanniqu­e vise à transforme­r le compte de ses clients en un compte bancaire principal. (Crédits : Dado Ruvic)

Newspapers in French

Newspapers from France