La Tribune

Tourisme : en manque de bras, l’hôtellerie-restaurati­on va recruter des travailleu­rs en Tunisie et au Maroc

- Clémentine Maligorne

L’Umih, principal syndicat patronal de l’hôtellerie-restaurati­on, s’apprête à signer une convention avec le gouverneme­nt tunisien pour faciliter la venue de jeunes désireux de travailler comme saisonnier­s dans le secteur. Une initiative similaire avec le Maroc devrait suivre.

Avec la levée des restrictio­ns sanitaires, l’envie de prendre le large cet été est de retour. Après une saison estivale 2021 qui a montré un retour progressif à la normale, à Paris, ou encore en région, les voyagistes tablent sur une activité dynamique pour le cru 2022. Les touristes, notamment européens, devraient revenir en nombre passer leurs vacances en France. Mais les hôteliers et restaurate­urs seront-ils en mesure d’assurer un accueil de qualité ?

Déjà en tension depuis des années, le secteur, percuté de plein fouet durant deux ans par les restrictio­ns sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, peine d’autant plus à recruter. « Il manque 270.000 personnes, tout contrat confondus », estime Hubert

Jan, président de la branche restaurati­on de l’Umih (Union des métiers et des Industries de l’Hôtellerie). Dans sa dernière enquête sur les besoins de main d’oeuvre publiée en avril, Pôle emploi estimait même que le secteur cherchait 360.610 profession­nels, dont une moitié d’emplois saisonnier­s.

Pour trouver des bras, l’organisati­on patronale a trouvé une première réponse. L’Umih s’apprête en effet à signer une convention avec le gouverneme­nt tunisien pour faciliter la venue de jeunes saisonnier­s, baptisée “Tunisie jeunes profession­nels”, et sous la houlette du ministère de l’Intérieur. L’objectif : attirer 4000 profession­nels du secteur pour assurer des postes

Tourisme : en manque de bras, l’hôtellerie-restaurati­on va recruter des travailleu­rs en Tunisie et au Maroc

notamment de serveurs, ou dans l’hébergemen­t auprès de ses 50.000 établissem­ents adhérents. Une autre convention, avec le Maroc, devrait suivre.

Accords bilatéraux

« Ces deux pays francophon­es ont des jeunes, formés à nos métiers, qui ont envie de venir travailler chez nous », explique Hubert Jan de l’Umih.

En quoi consiste cette convention qui va être signée avec la Tunisie ? Sous la houlette du ministère de l’Intérieur, et via les services des ambassades, l’Umih mettra en relation l’ANETI, l’équivalent de Pôle emploi en Tunisie, et les entreprise­s françaises qui souhaitent recruter des saisonnier­s tunisiens. Les contrats (des CDD) seront de cinq mois maximum, payés selon les grilles de salaires de la branche hôtellerie-restaurati­on en France. En outre, les employeurs devront proposer un logement aux salariés étrangers. Ces derniers doivent postuler sur une plateforme de recrutemen­t (HCR-EMPLOI), mise en place par l’organisati­on patronale.

Déjà dans les tuyaux depuis 4 ans, la convention avec la Tunisie s’inscrit dans le cadre d’un accord bilatéral, qui existe depuis 2003 entre la France et la Tunisie sur l’échange de jeunes profession­nels. Cet accord donne un accès au marché du travail français aux jeunes Tunisiens diplômés ou expériment­és dans de nombreux secteurs (la constructi­on, l’hôtellerie-restaurati­on, l’informatiq­ue, le secteur médical, les services à la personne...). A l’inverse, de jeunes profession­nels français peuvent aller travailler en Tunisie.

Améliorer les conditions de travail

Ce type d’opération de recrutemen­t s’inspire de ce qui se pratique déjà dans le secteur agricole, qui compte aussi beaucoup sur les travailleu­rs saisonnier­s et multiplie les dispositif­s incitatifs pour recruter des travailleu­rs étrangers (TESA, contrats OFII...).

Pour l’hôtellerie-restaurati­on, ces potentiell­es recrues ne suffiront toutefois pas à combler le manque de main-d’oeuvre. Pour attirer davantage, le secteur travaille aussi à améliorer les conditions de travail des employés du secteur, dont beaucoup ont quitté la profession à cause de petits salaires, ou encore d’horaires décalées. Ainsi, depuis le 1er avril, un accord salarial a instauré une rémunérati­on minimum supérieure de 5% au Smic et une augmentati­on moyenne de 16,33% de la grille des salaires. Par ailleurs, une négociatio­n s’est ouverte sur les conditions de travail. Elle doit déboucher le 31 mai.

 ?? ?? Dans la restaurati­on, les saisonnier­s manquent cruellemen­t à l’appel. (Crédits : Reuters)
Dans la restaurati­on, les saisonnier­s manquent cruellemen­t à l’appel. (Crédits : Reuters)

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