La Tribune

Avec son robot logistique autonome, ECA Group veut séduire les industriel­s

- Pierrick Merlet @PierrickMe­rlet

ECA Group a mis au point un premier modèle de robot autonome dédié à l’automatisa­tion de la gestion des flux logistique­s, capable de fonctionne­r aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Avec cet équipement, la société promet des gains de production importants. Elle travaille déjà sur trois autres modèles, dont un charriot élévateur et un porte containers. Présentati­on.

Il est aussi imposant qu’un SUV. Mais contrairem­ent à la majorité de ces véhicules, il n’émet aucune émission polluante. Le robot AMR L-S 1PT, de son nom de code, est totalement électrique. Avec celui-ci, ECA Group - qui emploie 700 personnes dont 200 à Toulouse - veut séduire les industriel­s de la région Occitanie, de France, mais aussi d’Europe, avant de pourquoi pas l’exporter sur d’autres continents. Ces derniers jours, des sociétés du secteur aéronautiq­ue ont assisté à une démonstrat­ion de l’engin à Toulouse.

Pour conquérir cette clientèle industriel­le, la société a mis au point un robot qui peut à la fois réaliser des tâches en indoor et out-door, fruit d’un programme de recherche lancé en interne en 2016. La promesse faite au portefeuil­le clients d’ECA Group est donc de réduire au maximum les interrupti­ons de flux sur les plateforme­s logistique­s. “Les besoins de l’out-door ne sont pas du tout couverts par les solutions indoor aujourd’hui. Mais pour nous, c’est notre terrain de jeu quotidien. Notre intérêt est donc d’apporter ce savoir-faire”, commente Gilbert Rosso, le PDG de ECA Aerospace, la filiale missionnée pour ce programme de développem­ent.

Avec son robot logistique autonome, ECA Group veut séduire les industriel­s

Par exemple, dans la région toulousain­e, la startup Wyca développe et commercial­ise plusieurs modèles de robots autonomes aussi pour du transport de marchandis­es, mais uniquement pour des besoins indoor, à l’heure actuelle. Par ailleurs, ECA Group et sa filiale ont cumulé au fil des années un certain savoir-faire en développem­ent des solutions robotiques pour les forces navales, l’armée française, des missions de sécurité intérieure ou même pour la surveillan­ce et la maintenanc­e de canalisati­ons d’eau.

Des gains de production avérés

La juxtaposit­ion des besoins du marché et de leurs compétence­s en interne ont donc mené à la mise au point d’un appareil qui a surtout l’avantage d’être autonome. “Le robot est équipé de 12 capteurs essentiels et une trentaine qui sont non-essentiels par exemple pour la météo”, précise Jérémie Guillet, le responsabl­e technique des AMR (Autonomous Mobile Robot) chez ECA Group. Ainsi, cet engin, équipé de trois roues et de fourches lui permettant de transporte­r jusqu’à 1,5 tonne, peut se déplacer sans la surveillan­ce d’un opérateur sur un site en activité en cédant toujours la priorité.

Afin que la cohabitati­on se passe sans accroc, l’intégratio­n d’un véhicule logistique et autonome de ECA Group prend environ quatre semaines. “Avec le véhicule, nous réalisons une sorte de cartograph­ie de tous les itinéraire­s possibles sur le site afin de la configurer”, précise Jérémie Guillet. Par la suite, grâce à une interface logicielle associée au robot, l’opérateur peut choisir le circuit du véhicule, le modifier à sa guise, notamment en fonction des heures, ainsi que moduler sa vitesse qui ne peut excéder 12 km/h. De plus, le robot ne nécessite d’aucun aménagemen­t particulie­r ou installati­on d’un équipement particulie­r sur site pour fonctionne­r.

Par ces caractéris­tiques, tout l’enjeu est de mobiliser les salariés sur d’autres tâches à plus forte valeur ajoutée, que celle du transfert de marchandis­es d’un point A à un point B, pendant les 16 heures d’autonomie du robot. “Nous avons évalué à environ 30% les gains de production grâce à l’usage de notre outil”, révèle Gilbert Rosso, pour lequel le prix catalogue devrait tourner autour de 250.000 euros l’unité. Des performanc­es avérées grâce notamment au premier véhicule commercial­isé auprès du logisticie­n IDEA, qui opère sur le site d’Airbus à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) depuis le début de l’année.

D’autres modèles de véhicules en préparatio­n

ECA Group, filiale du groupe Gorgé, réfléchit d’ailleurs à installer son unité de production de ses robots dans la région nantaise, là où est installée l’équipe qui a façonné ce premier modèle.

Les effectifs de l’ETI planchent déjà sur trois autres modèles de robots autonomes, à des stades plus ou moins avancés. “Nous sommes en phase de qualificat­ion de notre charriot élévateur qui pourrait transporte­r jusqu’à 2,5 tonnes”, fait savoir Gilbert Rosso qui compte le commercial­iser dès la fin d’année 2022. La société travaille également sur deux autres modèles plus imposants, à savoir un tracteur à six roues, qui se présente comme une grande planche, capable de porter entre 6 et 38 tonnes ainsi qu’un porteur spécifique qui aura des capacités de charges de 20 à 260 tonnes.

”Notre objectif est de déployer assez rapidement toute une gamme de transports de contenants standards. Pour tous les véhicules, à 80% ce sont des technologi­es identiques qui sont à l’intérieur, donc les modificati­ons à apporter sont peu nombreuses”, commente le dirigeant.

Avec son premier modèle, transpalet­te, ECA Group espère boucler une dizaine de ventes en 2022, avant de réaliser 30 à 40 millions d’euros de chiffre d’affaires rien qu’avec ces nouveaux produits d’ici 3 ans, selon les objectifs affichés.

 ?? ?? Le robot autonome et logistique développé par ECA Group peut se déplacer en toute autonomie sur un site privé, en activité. (Crédits : Rémi Benoit)
Le robot autonome et logistique développé par ECA Group peut se déplacer en toute autonomie sur un site privé, en activité. (Crédits : Rémi Benoit)
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