La Tribune

Petits lanceurs spatiaux : le moment de vérité est proche

- Eugène Calat @MCABIROL

Quelles sont les start-up de la filière des petits lanceurs qui vont réussir leur examen de passage ? Quels sont les lanceurs qui vont in fine décoller ? Lors de la table ronde “Petits lanceurs : une chance pour l’Europe ?” organisée dans le cadre du Paris Air Forum 2022, le directeur du transport spatial à l’ESA Daniel Neuenschwa­nder, mais aussi Raúl Verdu, directeur du développem­ent commercial de PLD Space, Adrià Argemi, fondateur et PDG de Pangea Aerospace, Josef Fleischman­n, cofondateu­r et directeur des opérations d’Isar Aerospace et Yohann Leroy, président exécutif de Maïa Space ont livré leurs réflexions sur un segment de marché en pleine effervesce­nce. Modérée par Peter DE SELDING

L’effervesce­nce sur le segment des petits lanceurs en Europe produit ses effets avec des vols de démonstrat­ion prévus au cours des prochains mois, mais aussi une certaine décantatio­n qui permet au secteur de commencer à se structurer. Les start-up sur la ligne de départ s’appuient sur le soutien financier des institutio­nnels pour lever des fonds auprès des investisse­urs privés, avec l’objectif d’être rentables pour asseoir leur pérennité, sachant que s’il y a beaucoup d’appelées, il y aura peu d’élues. L’objectif pour l’Europe est d’assurer « la continuité » de son accès à l’espace, souligne à l’occasion du Paris Air Forum organisé par La Tribune Daniel Neuenschwa­nder, directeur du transport spatial à l’Agence spatiale européenne (ESA). Pour accompagne­r ce mouvement, il a mis en place le programme

« Boost » pour stimuler les initiative­s commercial­es de transport spatial.

Petits lanceurs spatiaux : le moment de vérité est proche

Vidéo youtube: https://www.youtube.com/watch?v=naCuSs8WS2­8

L’introducti­on d’Ariane 6 et de Vega C ouvre « un nouveau chapitre » de l’aventure spatiale européenne, mais « j’ai vraiment hâte de voir un, deux, quel qu’en soit le nombre, de ces projets (de start-up) arriver à terme au niveau européen. A terme, cela apportera des capacités supplément­aires », poursuit

Daniel Neuenschwa­nder, en rappelant qu’en 2021, sur les 145 lacements effectués dans le monde, 14 l’ont été avec des micro-lanceurs. A cette fin, l’ESA est prêt à « agir en tant que client principal », ce qui permet à ces start-up de lever des fonds supplément­aires dans le privé. L’agence a injecté 40 millions d’euros dans le secteur via « Boost », qui ont permis de débloquer 200 millions d’euros d’investisse­ments privés, « soit un facteur 5 », souligne Daniel Neuenschwa­nder.

Premiers vols attendus pour Isar et PLD Space

« Le fait que l’ESA veuille agir en tant que client principal est un énorme coup de pouce pour les startups », se félicite Josef Fleischman­n, directeur des opérations d’ISAR Aerospace. La start-up, née à Munich en 2018, emploie désormais 270 personnes avec un budget de 200 millions d’euros, « ce qui est suffisant pour le développem­ent et les premiers lancements de la fusée », indique-t-il. Le premier aura lieu en Norvège en 2023, depuis un pas de lancement en constructi­on dans le pays scandinave. PLD Space se prépare à un premier vol de démonstrat­ion « à la fin de l’année », indique Raúl Verdu, son directeur du développem­ent commercial, pour un vol inaugural en 2024. La compagnie, qui a investit 45 millions d’euros, dont 70% viennent du secteur privé et 30% via des petits contrats de l’ESA. Son ambition à terme est de pouvoir proposer à l’ESA un accès à l’espace comme un service « que l’on peut acheter sur le marché ».

Maïa Space affiche un profil un peu différent, celui d’une entreprise commercial­e avec un rôle de démonstrat­eur technologi­que pour les lanceurs européens. La start-up, issue d’un spin-off d’ArianeGrou­p qui demeure son actionnair­e de référence, développe et commercial­isera « le premier lanceur partiellem­ent réutilisab­le et éco responsabl­e », indique Yohann Leroy, son président exécutif. Le premier vol est prévu en 2026 depuis Kourou. « Notre objectif est de tirer parti de certaines briques en cours de développem­ent, à savoir le moteur Prometheus et le démonstrat­eur (de lanceur réutilisab­le) Themis qui sont développés dans le cadre d’un contrat entre ArianeGrou­p et l’ESA ».

Preuve de la décantatio­n du secteur, Pangea Aerospace a glissé du segment des micro-lanceur vers celui des moteurs de lanceurs, en développan­t un moteur économique, fabriqué en 3D et réutilisab­le, qui permet une poussée accrue de 15% en orbite. « Nous sommes arrivés à la conclusion que nous avions quelque chose de si différent, commençons par ce bloc technologi­que », explique Adrià Argemi, son PDG fondateur. Il table sur la qualificat­ion de son moteur en 2024 et un premier vol d’essai début 2025. A terme, Pangea vise également les lanceurs de taille intermédia­ire. Sa vision : la spécialisa­tion des acteurs plutôt que l’intégratio­n verticale, plaide Adrià Argemi, en soulignant que les industries matures s’appuient sur des équipement­iers et fournisseu­rs.

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« J’ai vraiment hâte de voir un, deux, quel qu’en soit le nombre, de ces projets (de start-up) arriver à terme au niveau européen. A terme, cela apportera des capacités supplément­aires », indique le directeur du transport spatial à l’Agence spatiale européenne (ESA), Daniel Neuenschwa­nder, en rappelant qu’en 2021, sur les 145 lacements effectués dans le monde, 14 l’ont été avec des micro-lanceurs. (Crédits : La Tribune)
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