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Le Qatar signe avec TotalEnerg­ies pour bâtir le plus grand champ gazier (GNL) au monde

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Le groupe français devient le premier partenaire étranger de l’émirat qui veut devenir à terme le leader mondial en matière d’exportatio­n de GNL. Exxon Mobil, Shell et ConocoPhil­ips sont sur les rangs pour participer à l’expansion de ce projet estimé à 30 milliards de dollars. Le Qatar voulait au départ le financer seul, selon des sources du secteur à l’AFP.

A l’heure où les vannes des exportateu­rs de gaz russe se ferment, les échanges s’intensifie­nt avec de nouveaux pays en capacité de fournir l’Europe. A commencer par le Qatar, qui cherche à tirer son épingle du jeu en pleine guerre en Ukraine menée par la Russie, avec des nouvelles commandes de gaz. Aussi, le petit émirat du Moyen-Orient se rapproche de partenaire­s européens, à l’image de TotalEnerg­ies qui vient de signer un contrat pharaoniqu­e pour le développem­ent du plus grand champ de gaz naturel du monde, ont annoncé l’industriel et le Qatar dimanche.

Le groupe français va ainsi devenir le premier partenaire étranger du projet North Field East (NFE), le plus grand gisement de gaz naturel (GNL) au monde que le Qatar partage avec l’Iran, et dont l’expansion est estimée à 30 milliards de dollars.

L’alliance se concrétise par une participat­ion de 25% dans une nouvelle coentrepri­se, aux côtés de la compagnie nationale QatarEnerg­y (75%). Le North Field représente environ 10% des réserves de gaz naturel connues dans le monde, selon QE. Objectif : augmenter la capacité totale d’export de gaz naturel liquéfié (GNL). Un bien particuliè­rement convoité, y compris par l’Allemagne qui a signé dès le mois de mars des accords avec

Le Qatar signe avec TotalEnerg­ies pour bâtir le plus grand champ gazier (GNL) au monde

le Qatar pour sortir à terme de son extrême dépendance au gaz russe.

Alors que Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnerg­ies, a longtemps affiché ses réticences quant à embargo sur le gaz russe, la Russie se montre déterminée à poursuivre ses attaques en Ukraine, quitte à suspendre les livraisons de certains pays.

La course au GNL d’ici 2027

De fait, pour remplacer peu à peu les quelque 150 milliards de mètres cubes de gaz russe qu’ils achètent chaque année, les Vingt-Sept se tournent massivemen­t vers le GNL, acheminé par bateaux des quatre coins du monde plutôt que par gazoduc. Et la demande en GNL ne cesse de croître : les importatio­ns ont atteint 372,3 millions de tonnes en 2021, soit 4,5% de plus que l’année précédente, selon le Groupe internatio­nal des importateu­rs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL).

Aussi, pour TotalEnerg­ies comme pour le Qatar, dont la capacité de production actuelle ne pourrait véritablem­ent accélérer pas avant 2027, selon S&P, les intérêts convergent. Le site doit produire 32 millions de tonnes par an (Mtpa) de GNL, équivalent à une unité de liquéfacti­on (également appelée “train”) de 8

Mtpa. L’augmentati­on des capacités de GNL comprendra au total six trains qui feront passer la capacité de liquéfacti­on du pays de 77 à 126 Mtpa d’ici 2027.

Le ministre qatari de l’Energie, qui dirige par ailleurs QE, a affirmé que la production commencera­it en 2026 et que l’expansion était “en bonne voie”.

”Je suis heureux d’annoncer la sélection de TotalEnerg­ies comme premier partenaire dans le projet North Field East (NFE)”, a déclaré le ministre qatari de l’Energie, Saad Sherida Al-Kaabi, lors d’une conférence de presse à Doha.

”C’est un jour historique pour Total Energies au Qatar, où nous sommes présents depuis plus de 80 ans”, a commenté Patrick Pouyanné dans un communiqué, tout en rappelant les objectifs environnem­entaux et de décarbonat­ion du groupe, au travers notamment du GNL.

Les autres majors en embuscade

Aussi, les majors pétrolière­s se sont portées candidates aux quatre trains de NFE (Exxon Mobil Corp XOM.N, Shell SHEL.L, ConocoPhil­lips COP.N et Eni ENI.MI), les deux autres unités faisant partie d’une deuxième phase, le North Field South. Au final, Saad al-Kaabi, directeur général de QatarEnerg­y et ministre de l’énergie, a précisé que la part de TotalEnerg­ies donnerait au groupe français 6% de l’ensemble des quatre trains de NFE.

La partie amont du projet NFE prévoyait le développem­ent de la zone sud-est du champ, via huit plate-formes, 80 puits et des gazoducs vers l’usine à terre.

Le géant tricolore connaît bien le Qatar. Il a participé au

GNL qatari depuis la naissance de cette industrie, il y a environ 30 ans, à travers Qatargas 1, puis Qatargas 2 en 2005. Aussi, il est un partenaire pour le pétrole avec Qatar Petroleum, tel en 2019 pour des exploratio­ns en Namibie, Guyane et au Kenya.

Au départ, le Qatar voulait financer seul le projet, ont affirmé des sources du secteur à l’AFP.

L’émirat est l’un des principaux producteur­s de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde, avec les États-Unis et l’Australie.

(Avec agences)

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Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnerg­ies et le ministre qatari de l’Energie, Saad Sherida Al-Kaabi. (Crédits : IMAD CREIDI)

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