La Tribune

Révolution’air, la compagnie qui démocratis­e l’aviation d’affaires (et vise les PME)

- Laurence Bottero l_bottero

Basée à Vitrolles, près de Marseille, cette nouvelle compagnie aérienne entend permettre l’accession à l’aviation privée, en ciblant plus particuliè­rement le dirigeant de PME. Un besoin identifié par Jean-François Ballin, spécialist­e du courtage aérien. Persuadé que des relais de croissance se situent dans les villes hors métropoles. D’où un plan de déploiemen­t ambitieux et raisonné aussi, qui envisage déjà l’internatio­nal.

L’aviation d’affaires est une activité souvent considérée un peu à part, parce que réservée à une certaine catégorie sociale. C’est aussi, souvent, une part non négligeabl­e des activités et des revenus des aéroports. Un segment à part entière, discret et pour autant fortement contributi­f à l’économie.

Et ce moyen de déplacemen­t - coûteux - convient bien aux chefs d’entreprise­s par sa rapidité et sa souplesse. Sauf que seuls les grands patrons peuvent y avoir financière­ment accès. Un constat partagé par Jean-François Ballin, qui connaît bien le sujet pour être le dirigeant de Dynami Aviation, courtier aérien capable d’affréter avion-cargo, hélicoptèr­es, jets privés... et qui collabore notamment avec l’OTAN dans le cadre d’opérations spéciales de ponts aériens par exemple mais également avec le ministère des Armées lorsque celui-ci est en manque de moyens patrimonia­ux.

Un business-modèle contraint mais attractif

Un constat donc qui déclenche une idée, celle de créer une compagnie aérienne donnant accès à l’aviation d’affaires de façon « raisonnabl­e ». « Le projet est né il y a cinq ans d’un constat simple : de temps en temps, les dirigeants de PME ont besoin de se déplacer vite et à un coût raisonnabl­e », résume Jean-François Ballin. « Il nous fallait trouver un schéma qui conjugue efficacité et rentabilit­é, le rendant accessible aux PME, PMI ».

Révolution’air, la compagnie qui démocratis­e l’aviation d’affaires (et vise les PME)

Envisageab­le sur le papier, plus ardu en réalité. « Il nous fallait trouver un compromis sur l’appareil, pas sur la sécurité ». Si les premières réflexions mènent au choix d’un mono-moteur, c’est précisémen­t pour des raisons de sécurité que Jean-François Ballin et son équipe finissent par « repartir d’une page blanche » et opter pour un bi-moteur, sachant que ce choix valide aussi une plus forte consommati­on d’énergie. Ce sera le Diamond Aircraft DA62, présentant « une sécurité avionique de dernière génération ». Et deux moteurs « qui satisfont aux exigences ». Avec des avantages en termes de consommati­on, puisque, affirme Jean-François Ballin, « cet appareil consomme 7 fois moins qu’un jet de taille équivalent­e », avec une consommati­on horaire de 54 litres contre 3.040 litres pour l’A320 ou 360 litres pour le Cessna C510.

Dédiée à l’aviation commercial­e, a contrario de l’aviation non commercial­e qui est celle des GIE et aéroclubs, Revolution’Air a, comme les grandes compagnies aériennes, obtenu le CTA, le certificat de transport aérien, « un Graal pour nous », permettant à la compagnie de « tisser des liens de coopératio­n étroits et une relation de travail solide » avec la DGA. « Revolution’Air est la seule compagnie bi-moteur sous CTA », ajoute Jean-François Ballin.

La compagnie a un positionne­ment précis et vise donc principale­ment les patrons de PME/PMI. Ce qui a nécessité d’opter pour un business-modèle adéquat. Pas « d’aviation bling-bling » mais un choix tarifaire qui place Révolution’Air à un tarif trois fois moins élevé que celui d’un jet « classique ». Sachant que, comme pour toute autre compagnie, « le tarif comprend les taxes d’atterrissa­ge, les frais de positionne­ment et de déposition­nement ».

Maillage en France et en Europe

Lancée officielle­ment ce mois de juin, Revolution’Air a mobilisé un investisse­ment de 2,5 millions d’euros et a été soutenu dans son financemen­t par le Crédit Agricole. Si pour l’heure, la flotte comprend un seul appareil, l’objectif est de rapidement la compléter, une seconde machine étant prévue pour être acquise en septembre prochain. « Nous avons mis l’aviation d’affaires dans une logique commercial­e », explique le PDG de la compagnie, estimant que « de nombreuses CSP+ vont ainsi pouvoir profiter des avantages de l’avion-taxi ».

Et si la flotte se doit de s’étoffer, c’est pour accompagne­r le plan de développem­ent. « Nous devons posséder une flotte conséquent­e, l’idée étant de faire du maillage européen ».

Mais hexagonal aussi. « Nous ne visons pas les capitales. Les compagnies y sont déjà présentes, nous n’allons pas à l’encontre de ce qui est bien fait ». Ce sera donc davantage les autres grandes villes. Pour rendre ce maillage réalisable, « nous devons trouver des partenaire­s financiers », avance Jean-François

Ballin. Revolution’Air étant « un outil extrêmemen­t complément­aire qui va permettre de réaliser des transversa­les entre deux points en Europe ». Parmi les territoire­s visés, parce que possédant un tissu de PME PMI particuliè­rement dynamique et appétent, Rennes, Bordeaux, Brest. Ainsi, le plan de développem­ent prévoit-il une flotte composée de 10 machines d’ici 5 ans. De quoi se déployer donc sur la mappemonde européenne, notamment vers l’Allemagne, l’Espagne et le Portugal. Actuelleme­nt, 3 pilotes ont rejoint la compagnie, l’objectif étant, à termes, de lier 2 ou 3 pilotes par avion. « Notre possédons un degré d’exigence assez élevé », avoue Jean-François Ballin, rappelant notamment que l’expérience acquise grâce au métier de courtage « a construit notre expertise ». Le groupe, qui emploie 35 personnes, a réalisé en 2021, un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros.

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(Crédits : DR)
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