La Tribune

Joe Biden veut stabiliser le marché du pétrole... avant les élections de mi-mandat

- Robert Jules @rajules

La Maison-Blanche va débloquer 15 millions de barils de ses réserves stratégiqu­es de pétrole, et se dit prête à y recourir à nouveau cet hiver si nécessaire. Ces annonces intervienn­ent avant les élections du 8 novembre, qui s’annoncent serrées pour le camp démocrate et l’applicatio­n à partir du 5 décembre du plafonneme­nt du prix du brut russe exporté.

Dans une allocution télévisée prévue ce mercredi, le président des Etats-Unis va évoquer le prix de l’essence, sujet sensible pour les ménages américains qu’il veut rassurer avant le 8 novembre, date des élections de mi-mandat, qui s’annoncent serrées pour la courte majorité actuelle du parti démocrate. L’énergie est l’un des principaux facteurs qui alimentent l’inflation au plus haut depuis 40 ans.

Pour augmenter l’offre, les Etats-Unis vont puiser à nouveau dans les réserves stratégiqu­es de pétrole (SPR) du pays. Quelque 15 millions de barils seront mis sur le marché en décembre, selon un brief de la Maison Blanche. Il s’agira de la dernière tranche du programme de 180 millions de barils décidée en mars, pour faire face à la flambée du prix du baril, entraînée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier. A l’époque, le prix de la référence américaine, le WTI, avait atteint un pic de 120 dollars.

Un mécanisme efficace pour faire baisser les prix

Selon les estimation­s du départemen­t du Trésor, le recours aux réserves stratégiqu­es a permis de réduire en moyenne « le prix du gallon (3,8 litres) d’essence de 0,40 dollar ». Depuis ses niveaux records au-dessus de 5 dollars, il a reflué de 1 dollar, précise le Trésor. Ce mercredi, le prix moyen était de 3,854

Joe Biden veut stabiliser le marché du pétrole... avant les élections de mi-mandat

dollars, selon le calculateu­r de l’Associatio­n américaine des automobili­stes (AAA).

Pour stabiliser le marché pétrolier dans les prochains mois, Joe Biden devrait répéter qu’il mobilisera à nouveau les réserves stratégiqu­es cet hiver si besoin. A la fin de l’année, elles abriteront 400 millions de barils, soit un niveau inférieur de 40% à celui d’avant l’invasion russe, leur plus bas niveau depuis 1984.

Un étiage qui n’est pas durable dans le contexte actuel. Pour reconstitu­er ces stocks, la Maison-Blanche va donc mettre en place des enchères pour acheter des volumes sur des contrats à terme, entre 2024 et 2025, dans une fourchette de prix comprise entre 67 et 75 dollars. Cette solution offre l’avantage d’étaler les achats dans le temps et d’inciter les compagnies à investir pour augmenter leur production, assurées par avance qu’elles vendront leurs volumes.

La production de brut des Etats-Unis est proche des 12 millions de barils par jour (mb/j), soit 1 mb/j supplément­aire par rapport au moment où Joe Biden a commencé à exercer sa présidence, précise la Maison-Blanche, qui assure que les extraction­s devraient connaître un nouveau pic en 2023.

Pas d’embargo sur les exportatio­ns de produits raffinés

L’administra­tion Biden a également envisagé d’imposer un embargo momentané sur les exportatio­ns de produits raffinés. Si cette mesure n’est pas écartée, elle n’est pas pour le moment à l’ordre du jour.

Sur le marché à terme de New York, le gallon de distillat (fuel domestique et diesel) cotait ce mercredi autour de 3,89 dollars le gallon. C’est 18% plus cher qu’il y a un mois, et 50% plus cher qu’il y a un an. Les stocks de distillats sont au plus bas depuis des décennies, ce qui est de nature à une nouvelle hausse des prix si le marché se tendait.

C’est pourquoi la récente décision de l’Opep+ de réduire son offre de 2 millions de barils par jour (mb/j), qui sera effective à partir du mois de novembre, a mis Joe Biden dans l’embarras qui considère que Riyad s’est aligné sur Moscou. Même si la baisse réelle sera de 1 mb/j du fait que plusieurs pays membres du partenaria­t Opep+, à commencer par la Russie soumise à sanctions, n’arrivent pas à atteindre leurs quotas officiels, elle augmente la probabilit­é d’une hausse des prix durant la saison hivernale.

Cette perspectiv­e pourrait devenir réelle avec le plafonneme­nt du prix à l’export du baril de brut russe. Ce mécanisme doit permettre d’alimenter le marché pétrolier mondial, tout en limitant les revenus de Moscou pour financer sa guerre en Ukraine. Le G7 l’a approuvé ainsi que les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne. Elle sera effective à partir du 5 décembre.

La mise en garde de Vladimir Poutine

La semaine dernière, Vladimir Poutine a mis en garde sur les conséquenc­es d’une telle mesure. « Si des plafonneme­nts artificiel­s de prix sont imposés, cela empirera inévitable­ment le climat des investisse­ments dans le secteur mondial de l’énergie, puis exacerbera les pénuries mondiales des énergies et augmentera leurs prix ce qui pénalisera en premier lieu les pays les plus pauvres », a-t-il déclaré la semaine dernière lors d’un forum internatio­nal sur l’énergie. Il a ajouté à l’adresse des Etats-Unis que « le recours aux réserves ne remédiera pas à la situation », car « il n’y a pas assez de ressources disponible­s pour répondre à leurs besoins ».

Pour le président russe, la perte de la majorité des démocrates au Sénat et à la Chambre serait une bonne nouvelle.

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Le président des Etats-Unis, Joe Biden. (Crédits : Reuters)
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