La Tribune

États-Unis : inflation, emploi, prix de l’essence... Joe Biden joue la majorité démocrate aux élections de mi-mandat

- Flavie Camilotto

Une très nette majorité d’Américains n’approuvent pas le leadership économique de Joe Biden… A l’aube des élections de mi-mandat du 8 novembre, décisives pour l’avenir d’un pays profondéme­nt divisé, la pression monte sur la Maison Blanche pour que l’exécutif réponde aux préoccupat­ions des foyers en matière d’économie. Si Joe Biden appelle les citoyens à la patience, les républicai­ns n’hésitent pas à critiquer le gouverneme­nt.

L’inflation est toujours au plus haut aux Etats-Unis. Malgré la hausse des taux depuis le printemps dernier pour freiner la consommati­on et par ricochet les prix, elle peine à diminuer. En effet, en septembre, l’indice des prix à la consommati­on s’est élevé à 8,2%, à peine moins qu’en août (8,3%), selon le départemen­t du Travail américain. Une mauvaise performanc­e qui, à trois semaines des élections de mi-mandat le 8 novembre, fragilise l’administra­tion Biden. Au point d’en rendre les résultats « imprévisib­les », selon le président américain.

Comme souvent, l’évolution des prix des carburants est surveillée comme le lait sur le feu. Or, le prix moyen à la pompe a récemment augmenté pour atteindre 3,90 dollars le gallon, contre 3,75 dollars il y a un mois, selon AAA/OPIS. La banque d’investisse­ment Goldman Sachs a d’ailleurs laissé entendre que le baril atteindrai­t 110 dollars à la fin de l’année tandis que ses précédente­s prévisions l’estimaient à 100 dollars. Ainsi, la décision de l’OPEP de réduire la production à 2 millions de barils par jour, dopant encore plus l’inflation, pourrait obliger la Fed à

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augmenter ses taux directeurs pour la sixième fois consécutiv­e depuis le début de l’année.

Autre point d’inquiétude pour la première économie mondiale, le départemen­t du Travail américain a annoncé le 13 octobre une hausse des inscriptio­ns au chômage, à 228.000 contre 219.000 (révisé) la semaine précédente. Néanmoins, le marché du travail reste solide et donne à la Fed des marges de manoeuvre pour resserrer davantage sa politique monétaire, laquelle pourrait faire plonger les Etats-Unis dans la récession.

En septembre, l’économie américaine a ainsi créé 263.000 emplois non-agricoles et le taux de chômage est tombé à

3,5%, soit son niveau le plus bas depuis cinq décennies. « Je pense que nous avons continué à voir la résilience de l’économie américaine, la résilience du marché du travail, avec une croissance de l’emploi qui a ralenti mais qui a permis de poursuivre la reprise », a précisé Brian Deese, directeur du Conseil économique national de la Maison Blanche. Ces chiffres conforte donc « la perspectiv­e d’une nouvelle hausse de 75 points de base de la Fed en novembre, qui vise un taux de 4,5 à 5% avant de faire une pause », a déclaré Tiffany Wilding, économiste nord-américaine chez PIMCO, fonds obligatair­e californie­n.

La popularité de Joe Biden en berne

De quoi renforcer l’impopulari­té du président Biden. En effet, un sondage réalisé en septembre par l’Associated Press-NORC

Center for Public Affairs Research révélait que 71% des personnes interrogée­s estimaient que l’économie se portait mal et ils sont 38% seulement à approuver le leadership économique de Joe Biden.

Résultat : les républicai­ns surfent sur cette impopulari­té et ne se font pas prier pour dénoncer une croissance stagnante, alors que le Fonds monétaire internatio­nal prévoit une croissance de 2,3% en 2022, et de 1% en 2023. Ils y voient une conséquenc­e de la politique d’« helicopter money », incarné par son plan d’aide de 1,9 trillion de dollars pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 l’année dernière. « Le programme économique de Joe Biden et des démocrates est un désastre, mais que peut-on attendre d’un parti qui augmente les impôts pendant une récession ? (...) Les dépenses inconsidér­ées et les politiques ratées des démocrates font passer les travailleu­rs américains en dernier », a proclamé Ronna McDaniel, présidente du Comité national républicai­n, dans un communiqué.

En réponse, l’administra­tion Biden fait valoir que le pays peut réaliser un « atterrissa­ge en douceur » ; un objectif que partage Jerome Powell, président de la Réserve fédérale. L’institutio­n est en effet prise en étau entre la maîtrise de l’inflation via la hausse des taux et le spectre de la récession. Devant ce dilemme,

Joe Biden appelle ses électeurs à être patients : « nous avons encore beaucoup de travail à faire, mais nous sommes en train de construire une économie différente de celle d’avant », a-t-il déclaré.

 ?? ?? La croissance de l’emploi constitue l’un des principaux arguments du parti Démocrate auprès des électeurs à l’approche des élections de mi-mandat. (Crédits : JONATHAN
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La croissance de l’emploi constitue l’un des principaux arguments du parti Démocrate auprès des électeurs à l’approche des élections de mi-mandat. (Crédits : JONATHAN ERNST)

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