La Tribune

Huawei mise sur la numérisati­on des entreprise­s pour préserver ses positions en Europe

- Pierre Manière @pmaniere

Après s’être fait exclure de nombreux marchés de la 5G, le géant chinois des télécoms se présente désormais comme un partenaire des entreprise­s européenne­s qui souhaitent se convertir au numérique.

Huawei ne compte pas lâcher l’Europe. Mais le géant chinois des télécoms est contraint de changer de stratégie. Pas question, aujourd’hui, de tout miser sur la 5G, où Huawei s’est fait exclure de plusieurs marchés sur le Vieux Continent. Pas question, non plus, de tabler sur de grosses ventes de smartphone­s, lesquelles se sont écroulées depuis que le groupe fait l’objet de lourdes sanctions américaine­s. Dorénavant, Huawei se présente comme le « partenaire » privilégié des entreprise­s désireuses de « numériser » leurs activités.

L’ambition de Huawei est donc de « libérer le numérique » dans tous les secteurs économique­s, comme le groupe de Shenzhen s’en est vanté lors d’une grande conférence, ce lundi, au

Palais des Congrès de Paris. Huawei y a vanté ses solutions et équipement­s « pour soutenir la transition numérique des entreprise­s », afin de doper leur activité, les rendre moins énergivore­s, et plus compétitiv­es. « La demande s’accélère, et nous sommes prêts à y répondre », a déclaré Ken Hu, le président tournant du géant chinois.

Huawei mise sur la numérisati­on des entreprise­s pour préserver ses positions en Europe

Huawei cible les grandes entreprise­s comme les PME

A cette occasion, Huawei a voulu démontrer qu’il constituai­t, malgré la méfiance qu’il suscite toujours auprès de nombreux gouverneme­nts, un partenaire fiable. A défaut d’avoir pu s’offrir un ministre ou un membre de l’exécutif à son événement, Huawei a convaincu Fabien Aufrechter, le directeur Web 3.0 de Vivendi, d’intervenir. Le géant des médias français travaille avec Huawei dans différents domaines. Il y a deux ans, sa filiale Dailymotio­n a notamment signé un partenaria­t avec le groupe chinois dans la diffusion de contenus vidéos. Fabien Aufrechter s’est dit « très fier » de collaborer avec Huawei, tout en vantant la puissance des outils numériques pour collecter des données, et proposer de nouveaux services aux consommate­urs. Il a pris l’exemple de Canal+, où « chaque compte client est désormais personnali­sé », ce qui permet au groupe de rester « proche » de ses abonnés.

Huawei ne cible pas que les grands groupes. Il souhaite également séduire les petite et moyennes entreprise­s, encore peu numérisées dans l’Hexagone. Lors de sa conférence, le groupe chinois a invité Alain Assouline, le président de la commission numérique de la CPME, le syndicat des PME françaises. Celui-ci a rappelé que la crise du Covid-19 a poussé de nombreuses sociétés à se convertir au numérique, ne serait-ce que pour écouler leurs produits via Internet. « Cette accélérati­on a été très importante », a-t-il insisté. Alain Assouline a salué les bienfaits du numérique pour « optimiser différents processus, comme la logistique », tout en soulignant que les PME redoutaien­t plus que tout, désormais, les cyberattaq­ues. Mais il n’a pas, pour autant, loué les services de Huawei.

Capitalise­r sur l’expérience acquise en Chine

Le groupe chinois, lui, entend bien convaincre les industriel­s européens des transports, de la santé, de la finance ou de l’énergie d’utiliser ses solutions en matière de connectivi­té, de cloud ou terminaux. Il peut, pour ce faire, s’appuyer sur son savoir-faire auprès des entreprise­s chinoises dans des domaines aussi variés que la voiture autonome, les ports et mines connectés, ou encore l’optimisati­on des réseaux d’énergie. Cette stratégie s’avère capitale aux yeux du groupe chinois. Huawei a besoin de rebondir. L’an dernier, il a vu son chiffre d’affaires chuter de près de 30%, à 634 milliards de yuans (87 milliards d’euros).

 ?? ?? Ken Hu, le président tournant de Huawei. (Crédits : Reuters)
Ken Hu, le président tournant de Huawei. (Crédits : Reuters)
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France