La Tribune

Pourquoi l’américain UPS investit 12 millions à Lyon Saint-Exupéry (tout en préparant la livraison du dernier kilomètre)

- Marie Lyan @Mary_Lyan

C’est l’un des leaders mondial de la livraison de colis, qui opère dans près de 220 pays. Et c’est au départ de Lyon, second hub français pour le groupe, que l’américain UPS vient d’investir 12 millions d’euros dans un nouveau bâtiment, qui lui permettra en premier lieu de massifier ses flux de traitement des colis pour soutenir “une croissance à deux chiffres”, mais aussi de commencer à réfléchir à la livraison décarbonée de demain. Avec l’ambition de faire place à la neutralité carbone à horizon 2050, et à des premières adaptation­s à la ZFE lyonnaise dès 2024.

C’est un nouveau bâtiment de 3.000 m2, situé en plein coeur de la zone aéroportua­ire de Lyon Saint-Exupéry, qui vient d’être inauguré ce mardi.

En venant remplacer ses locaux historique­s d’à peine 800 m2, établis depuis 1985, ce nouveau hub accueiller­a les 90 collaborat­eurs (directs et indirects) du service de messagerie américain United Parcel Services (UPS), déjà présents sur le site.

Pourquoi l’américain UPS investit 12 millions à Lyon Saint-Exupéry (tout en préparant la livraison du dernier kilomètre)

Avec en premier lieu, des promesses de faible consommati­on grâce à une meilleure isolation du bâti (avec une réduction de 33% ses émissions de CO2, de 40-50% sa consommati­on d’eau et de 20 à 25% sa consommati­on d’énergie). Mais aussi l’ambition de doubler ainsi ses capacités de traitement de colis et de (re)positionne­r l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry comme une plateforme stratégiqu­e, dans sa conquête des marchés internatio­naux.

Car Lyon Saint-Exupéry joue déjà un rôle clé dans la stratégie du transporte­ur, puisqu’il est connecté directemen­t à son réseau internatio­nal, et notamment à sa plateforme européenne de Cologne en Allemagne, qui se charge ensuite de rédiger les flux à l’échelle européenne et mondiale.

”Nous desservons, depuis Lyon, à la fois les marchés européens, les Etats-Unis et l’Asie, tandis que Lyon est notre second pôle français après l’Ile-de-France, et devant Marseille, Rennes, Bordeaux et Toulouse”, confirme Franck Edeline, directeur des opérations d’UPS France à La Tribune, qui glisse que 27 tonnes par jour transitent actuelleme­nt par la rotation quotidienn­e entre Cologne et Lyon Saint-Exupéry.

Avec tous types de marchandis­es “urgentes” à transporte­r : des produits et matériels médicaux comme les vaccins Pfizer, acheminés durant le Covid exclusivem­ent par UPS sur la voie aérienne, à des produits destinés à l’industrie, l’aéronautiq­ue, etc...

De 1.800 à 3.000 colis par heure

Lorsqu’un colis décolle de Lyon, il peut ensuite être réceptionn­é (en mode express) sous 24 heures en Europe ou à Newark (Etats-Unis), ou sous 48 heures pour les reste des Etats-Unis. A l’inverse, une fois réceptionn­é dans la capitale des Gaules, il peut ensuite être redirigé vers le Jura et le Doubs via Besançon, la Bourgogne via Dijon, mais aussi vers l’ensemble de la région Auvergne Rhône-Alpes.

Et désormais, ce nouveau hub, qui aura nécessité un investisse­ment en propre de 12 millions d’euros (comprenant de nouveaux équipement­s, ainsi que des loyers reversés, pour une période de 10 ans à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry, qui demeure le maître d’oeuvre de sa plateforme aéroportua­ire), lui permettra de massifier encore davantage ses flux.

Jusqu’ici, près de 1.800 colis par heure et d’un poids moyen de 10 kgs étaient déjà traités : un chiffre qui passera donc bientôt à un rythme de 3.000 colis par heure, grâce à de nouveaux équipement­s et notamment à l’automatisa­tion d’une partie de son parc.

”Nous avons opté pour la mécanisati­on, qui nous permettent de remplacer des équipement­s comme des rollers mécaniques qu’il fallait auparavant pousser, afin d’améliorer les conditions de travail de nos collaborat­eurs. Cela nous permet aussi de faire des départs directs de Lyon-Saint Exupéry, sans passer nécessaire­ment par notre plateforme routière de Lyon-Jonage pour une partie des envois”, glisse Franck Edeline.

De quoi soutenir ”une croissance sereine” au cours des 10 prochaines années.

Une croissance à deux chiffres et une transition à amorcer

Pensé bien avant la pandémie, ce projet aura été, en quelque sorte, confirmé par les évolutions du e-commerce et des modes d’achats en ligne, enregistré­s depuis la crise Covid.

”Notre activité durant la crise sanitaire a été très forte car beaucoup de nos clients, qui n’avaient jusqu’ici pas de site internet, ont commencé à ouvrir leur propre site marchand”, observe le directeur des opérations d’UPS France.

Résultat ? UPS, qui s’inscrit en tête de liste du top 10 des compagnies mondiales du fret aérien, n’aura pas cessé ses liaisons durant la crise, comptant sur sa propre flotte d’avions cargo. “Nous avons connu une croissance folle

Pourquoi l’américain UPS investit 12 millions à Lyon Saint-Exupéry (tout en préparant la livraison du dernier kilomètre)

durant deux ans, suivie d’un petit fléchissem­ent pour retrouver finalement une tendance normale, avec une croissance à deux chiffres”, ajoute-t-il.

Selon les résultats annoncés par le groupe américain en février dernier, son chiffre d’affaires a en effet augmenté de +15 % sur l’exercice 2021, atteignant 97,3 milliards de dollars, tandis que les deux premiers trimestres de 2022 s’inscrivaie­nt à nouveau en hausse de +6,4% et +5,7 % par rapport à l’année précédente.

Cet investisse­ment lui permettra aussi plus largement de commencer à s’inscrire dans son objectif de neutralité carbone à horizon 2050, qui sera complété par d’autres dispositio­ns à venir, notamment sur la scène lyonnaise concernant le sujet de la livraison du dernier kilomètre.

Car après avoir exposé à l’exposition universell­e de Dubaï son prototype de eQuad électrique destiné à assurer les livraisons du dernier kilomètre et développé par l’anglais Fernhay, UPS en a commandé 3 modèles pour Lyon, et 7 autres modèles pour sa plateforme de Saint-Ouen.

Par ailleurs, le transporte­ur a déjà déployé une quarantain­e de camionnett­es électrique­s au sein d’une parc pilote à Londres et à Paris, principale­ment des utilitaire­s de 14m3, fournis par une autre société anglaise (Arrival) et attend une nouvelle commande de 80 unités qui ont pris un peu de retard et seront finalement livrés d’ici fin 2023. Le groupe avait plus largement annoncé en mai dernier qu’il s’engagerait à acheter jusqu’à de 10.000 camionnett­es Arrival, sans qu’un horizon ne soit précisé.

Du côté des gros porteurs, UPS avait fait partie des précurseur­s en passant également une commande de

127 véhicules électrique­s lourds à la société Tesla en 2017, en vue de fournir en premier lieu le marché américain. Et désormais, les premières livraisons sont désormais en vue.

”Nous attendons de voir le retour sur expérience qui va pouvoir être fait”, mesure Franck Edeline, qui indique que le groupe a choisi de privilégie­r les mobilités électrique­s, même s’il demeure également “ouvert” aux autres solutions comme l’hydrogène.

Quel visage pour la livraison du dernier kilomètre ?

Afin de préparer la livraison du dernier kilomètre au sein des

ZFE comme Paris et Lyon, le groupe s’est donc mis en ordre de bataille. “On avait annoncé un zéro diesel pour Paris à compter de 2024, et Lyon étant juste derrière, ce seront les deux premières villes sur laquelle nous allons agir, en développan­t justement les eQuads et les véhicules Arrival”.

Si le montant de l’investisse­ment nécessaire à ce sujet n’a pas encore été dévoilé, Franck Edeline précise que sur le périmètre de Lyon, 90 des 140 véhicules nécessaire­s aux rotations du premier ou dernier kilomètre seront électrique­s à horizon 2024, “le reste continuera probableme­nt de rouler au diesel sur des secteurs plus éloignés.”

UPS a également signé un partenaria­t avec Watea, la filiale du groupe Michelin qui propose des contrats de location de véhicules utilitaire­s avec des services (installati­ons de bornes clés en main, solutions de maintenanc­e) pour la mobilité électrique. “Nous sommes notamment intéressés par les aspects de maintenanc­e car c’est un point qui va devenir un enjeu pour l’exploitati­on des véhicules électrique­s à l’avenir”.

A l’heure où l’industrie des transports continue de peser sur la cible de réduction de l’empreinte carbone de la France, le visage (et la demande) pour la livraison express sera-t-il encore le même demain ?

”Nous avions déjà entamé, en plus de notre service Express, un service de livraison Standard qui permet de passer par la route et qui est moins cher et moins rapide, où nous laissons le client juger du besoin de rapidité ou non. On s’aperçoit qu’une forte tendance à ce type d’économies s’était dessinée durant le Covid mais depuis, le service Express revient en force, car les magasins sont eux-mêmes à flux tendus en matière de stocks”, ajoute-t-il.

 ?? ?? En plus de son nouveau hub logistique qui vient d’ouvrir sur la plateforme aéroportua­ire de Lyon Saint-Exupéry et qui vise à lui permettre de doubler ses capacités de traitement, l’américain UPS précise que sur le périmètre de Lyon, 90 des 140 véhicules nécessaire­s aux rotations du premier ou dernier kilomètre seront électrique­s à horizon 2024. (Crédits : DR/UPS)
En plus de son nouveau hub logistique qui vient d’ouvrir sur la plateforme aéroportua­ire de Lyon Saint-Exupéry et qui vise à lui permettre de doubler ses capacités de traitement, l’américain UPS précise que sur le périmètre de Lyon, 90 des 140 véhicules nécessaire­s aux rotations du premier ou dernier kilomètre seront électrique­s à horizon 2024. (Crédits : DR/UPS)
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