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Inflation: la Fed s’apprête à nouveau à relever ses taux de 0,75 point

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La Réserve fédérale américaine n’arrive toujours pas à maîtriser l’inflation aux EtatsUnis. Une nouvelle hausse des taux risque aussi de faire plonger la première économie du monde en récession en 2023. Les marchés seront attentifs aux propos de Jerome Powell, président de la Fed, sur les projection­s de l’institutio­n monétaire pour les prochains mois.

Sans surprise, ce mercredi, en fin d’après-midi, le comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed, réuni depuis mardi, devrait annoncer une nouvelle hausse de ses taux directeurs. Les marchés s’attendent à un relèvement de 0,75 point. Dans ce cas, ce serait la quatrième augmentati­on de cette ampleur consécutiv­e. Le taux directeur est aujourd’hui compris entre 3,00 et 3,25%.

L’enjeu pour les membres du comité est de parvenir à maîtriser l’inflation au plus haut depuis 40 ans aux Etats-Unis tout en évitant que l’économie sombre en récession.

Mais la Fed devrait aussi indiquer ce qu’elle compte faire ensuite, et signaler « que le rythme des hausses devrait ralentir lors des prochaines réunions », anticipe Steve Englander, responsabl­e de la macro-économie américaine pour Standard Chartered, et ancien économiste à la Fed. Pour sa part, il prévoit 0,75 point mercredi, puis 0,50 point lors de la réunion suivante, midécembre, et 0,25 point en janvier.

« Cependant, la Fed est plus susceptibl­e de suggérer qu’elle veut donner à l’économie le temps de s’adapter à l’évolution des taux directeurs, plutôt que d’indiquer qu’elle voit la nécessité d’inverser sa politique », nuance-t-il. Les hausses des taux mettent des mois à avoir un effet sur l’économie.

Inflation: la Fed s’apprête à nouveau à relever ses taux de 0,75 point

Ainsi, l’inflation était encore en septembre de 6,2% sur un an, selon l’indice PCE privilégié par l’institutio­n, dont l’objectif est de la ramener à 2%. Une autre mesure, l’indice CPI, qui fait référence notamment pour l’indexation des retraites, a montré une hausse des prix de 8,2% sur un an en septembre.

Des élections de mi-mandat difficiles pour Joe Biden

A moins d’une semaine des élections de mi-mandat, prévues le 8 novembre, que le président Joe Biden risque de perdre en raison de sa faible majorité démocrate au Congrès, l’inflation reste la principale préoccupat­ion des ménages américains.

Mais ce ralentisse­ment volontaire de l’activité risque de faire plonger l’économie américaine dans la récession en 2023. Le président de la Fed, Jerome Powell, avait prévenu, à l’issue de la dernière réunion, en septembre, qu’il n’existait pas de « moyen indolore » de combattre durablemen­t l’inflation.

En attendant, les Etats-Unis ont enregistré un trimestre de croissance entre juillet et septembre, avec +2,6% de croissance du PIB en rythme annualisé. Quant au marché de l’emploi, il affiche toujours une santé de fer.

« Nous pensons que la Fed va continuer de se concentrer massivemen­t sur la forte inflation et sur un marché du travail durablemen­t solide », détaillent ainsi Krishna Guha et Peter Williams, économiste­s pour Evercore, société de conseil en investisse­ments. Mais les responsabl­es de la Fed pourraient également reconnaîtr­e les risques de leur resserreme­nt monétaire, entre autres, « pour la croissance mondiale ».

La Fed a, déjà, depuis le mois de mars, relevé ses taux à cinq reprises, d’abord de 0,25 point, puis de 0,50, et enfin, trois fois, de 0,75 point.

Tenir compte du maintien du plein emploi

Le sénateur démocrate Sherrod Brown, président de la commission bancaire du Sénat, a envoyé fin octobre un courrier à Jerome Powell, « pour rappeler à la Réserve fédérale sa responsabi­lité quant au maintien du plein emploi », et insister sur le fait que « la lutte de la Fed contre l’inflation ne doit pas faire souffrir les travailleu­rs », précise un communiqué.

La crédibilit­é de la puissante institutio­n est par ailleurs en jeu car, après avoir assuré pendant des mois que la forte inflation ne serait que temporaire, elle a jusqu’à présent échoué à la faire ralentir. Or, plus les ménages anticipent une hausse des prix durable, plus ils agissent en conséquenc­e, et plus celle-ci s’ancre.

Ce qui nécessite alors des mesures encore plus douloureus­es, comme ce fut le cas au début des années 1980, après des années d’inflation frôlant parfois les 15%, où les taux avaient dû être relevés jusqu’à 20% pour casser la hausse des prix.

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Jerome Powell, président de la Fed. (Crédits : Reuters)

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