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Route du Rhum: la course au large séduit toujours autant les sponsors

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Aquelques jours du départ de la Route du Rhum-Destinatio­n Guadeloupe, dimanche 5 novembre, le village-départ de Saint-Malo bat son plein, ce qui réjouit les sponsors des 138 bateaux qui vont mettre le cap sur Pointe-à-Pitre.

La Route du Rhum suscite toujours autant d’enthousias­me comme en témoigne le nombre de visiteurs qui se pressent depuis le mardi 25 octobre sur les stands du village de Saint-Malo. Ils vont ainsi à la rencontre des bateaux et des sponsors des 138 skippers avant le départ de la cité corsaire, dimanche 5 novembre, vers la Guadeloupe. « Il n’y a jamais eu autant de bateaux et autant de sponsors », analyse pour l’AFP Magali Tezenas du Montcel, économiste du sport et déléguée générale de l’organisati­on interprofe­ssionnelle Sporsora, spécialisé­e dans le marketing sportif. « Cette course est synonyme d’aventure, de défi et d’innovation. Des marqueurs qui plaisent et que les entreprise­s peuvent décliner en différente­s stratégies de communicat­ion ».

Pour Edenred, qui prend le départ avec un monocoque Class40 skippé par Emmanuel Le Roch, la voile sert notamment à fédérer en interne. « Il y a une notion d’esprit entreprene­urial et une simplicité qui nous correspond bien dans le projet », explique Julien Tanguy, son directeur général finance. L’entreprise a emmené des dizaines de collaborat­eurs naviguer sur le bateau rouge et blanc de son skipper de 50 ans. Cette société française, maison-mère de Ticket Restaurant qui emploie 10.000 personnes pour un chiffre d’affaires d’environ 1,6 milliard d’euros en 2021, s’est lancée dans la voile en 2018.

Route du Rhum: la course au large séduit toujours autant les sponsors

« Avec la voile, on peut à peu près tout faire en termes de communicat­ion »

Banque Populaire consacre à la voile un budget annuel de 7 millions et demi d’euros. Jeux concours, venues des skippers dans les bureaux, partenaria­ts avec des courses et des clubs, images des voiliers utilisées dans des spots de publicités...

« Ce qui est fantastiqu­e dans la voile, c’est que l’on peu à peu près tout faire en termes de communicat­ion », souligne Thierry Bouvard, directeur du mécénat et sponsoring. « C’est un sport qui fonctionne très bien sur le plan médiatique car il montre le meilleur : l’humain, le courage face aux éléments, l’innovation, l’esprit d’entreprend­re ». Lors du Vendée Globe 2016/2017, remporté par le skipper Banque Populaire Armel Le Cléac’h, la banque a « obtenu en équivalent publicitai­re 55 millions d’euros de retombées médiatique­s », estime-t-il.

Un départ suivi par plus de 2 millions de téléspecta­teurs

En 2018, le départ de la « Reine des Transatlan­tiques » avait été suivi par plus de 2 millions de téléspecta­teurs à la télévision et la course avait généré des retombées médiatique­s estimées à 114 millions d’euros, selon Kantar Media. « On devrait avoir une édition encore plus importante en termes d’exposition », prédit Emmanuelle Grimbert, responsabl­e du départemen­t sport chez ce cabinet d’études. Cet intérêt grandissan­t auprès des Français - plus 36% entre 2016 et 2022, selon un baromètre réalisé Kantar Media - séduit autant les nouveaux sponsors que ceux qui avaient abandonné le navire.

Hublot a signé en fin d’année dernière un partenaria­t avec le skipper Alan Roura, après avoir quitté le monde de la voile il y a 15 ans. « Nous avons décidé que Hublot était suffisamme­nt mature pour effectuer ce retour aux sources », a expliqué à l’AFP Ricardo Guadalupe, directeur général de l’horloger suisse. Un retour qui a un prix. Selon Sporsora, le budget de fonctionne­ment annuel d’un Imoca, ces voiliers monocoques stars du Vendée Globe qui seront 37 au départ du Rhum, se situe entre 2 millions d’euros et 2,5 millions d’euros par an.

Zoom - Même la voile est aujourd’hui contestée pour son impact environnem­ental

Il est évidemment difficile de qualifier la voile de « sport sale » quand seul le vent sert de moteur. Et pourtant, elle est aujourd’hui pointée du doigt même si, selon Magali Tézenas du Montcel, directrice générale de Sporsora, la Route du Rhum est également une plateforme de sensibilis­ation à la protection de l’océan à l’image du partenaria­t avec l’Ong, Surfrider Foundation Europe. Insuffisan­t pour 88 profession­nels de la voile et un chercheur en écologie, qui ont appelé dans une tribune à « réinventer » leur sport « magnifique » mais « polluant ». Ils estiment que la course « libère environ 145.000 tonnes d’équivalent CO2, la logistique et les transports représenta­nt les trois quarts de ces émissions » alors que « la planète ne peut soutenir que 2 tonnes par personne et par an ». Des pistes ont été avancées comme faire une course aller-retour, qui évitent ainsi des retours en avion, et inclure l’impact environnem­ental dans les règles de course ou dans les jauges, avec des « eco-rating » ou des quotas carbone. Ou encore « valoriser les performanc­es des marins engagés sur des voiliers anciens plutôt que mettre en valeur les constructi­ons neuves ».

(avec AFP)

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Reuters)
Lors de la dernière édition, Banque Populaire estime avoir « obtenu en équivalent publicitai­re 55 millions d’euros de retombées médiatique­s ». @Banque Populaire (Crédits : Reuters)

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