La Tribune

Face à l’inflation, certains salariés n’ont d’autre choix que de se serrer la ceinture

- Latribune.fr

La hausse des prix frappe de plein fouet le budget des salariés français qui cherchent des moyens pour en atténuer les effets. Ainsi, les jeunes salariés cherchent à réduire leurs frais sur les repas du midi, d’après un sondage réalisé fin août. Le choc est tel que quatre salariés sur dix aimeraient travailler plus pour gagner plus et ainsi compenser la hausse du coût de la vie.

La hausse des prix est devenue une réalité face à laquelle les salariés français sont désormais confrontés au quotidien.

Alors que le président Macron s’est déjà prononcé contre une indexation généralisé­e des salaires sur l’inflation, la France reste en proie à des mouvements de grèves pour exiger des employeurs une hausse des rémunérati­ons. En cette rentrée, ceux-ci ont déjà paralysé les raffinerie­s de pétrole, les centrales nucléaires mais aussi les transports (SNCF, RATP). « Les augmentati­ons de salaires, ce n’est pas l’Etat qui les décide (...) Nous ne sommes pas une économie administré­e, et donc moi, je suis pour qu’il y ait dans les entreprise­s une négociatio­n sociale », a affirmé le chef de l’Etat le 26 octobre.

Un avis partagé par une large partie des salariés français.

Ils sont en effet 80% à estimer « qu’il est de la responsabi­lité des employeurs de les aider à faire face à l’inflation », selon une enquête menée auprès de 1.032 salariés par l’éditeur de solutions RH SD Worx avec Opinion Way. Dans le même temps, ils sont près de neuf salariés sur dix à ressentir de plus en plus le poids de l’inflation au quotidien, selon ce questionna­ire réalisé à la fin août.

Or, en août 2022, les prix à la consommati­on étaient en progressio­n de 5,8%, selon l’Insee. Un rythme qui ne s’est pas tassé depuis, bien au contraire. En octobre, l’inflation harmonisée a atteint +7,1 % en France en octobre (en glissement annuel). Si elle reste la plus faible de la zone euro (+10,7%), cette hausse

Face à l’inflation, certains salariés n’ont d’autre choix que de se serrer la ceinture

automnale est toutefois la plus haute jamais atteinte depuis une quarantain­e d’années, souligne le cabinet d’études Asteres.

Quelles combines face à l’inflation ?

Résultat, les salariés ont anticipé cette aggravatio­n. Et d’échafauder déjà des astuces et autres combines pour atténuer le choc de la hausse des prix dans leur budget. Parmi les solutions évoquées par ces salariés, celle du télétravai­l s’impose d’autant plus après trois ans de crise du Covid-19, et ce, surtout chez les jeunes salariés. Ainsi, 65% des jeunes (18-34 ans) aimeraient davantage télétravai­ller pour réduire leurs dépenses (restaurati­ons, transports) - contre 44% des salariés plus âgés (50 ans et plus). « Cette possibilit­é est encore plus convoitée par 66% des salariés vivant dans les zones rurales où le prix du carburant pèse fortement », note le sondage réalisé avant les grèves dans les raffinerie­s qui ont accentué la pression sur les prix.

Autre constat, les salariés français ont été contraints de changer leurs habitudes alimentair­es au déjeuner afin de réduire les coûts. C’est le cas pour 61% des sondés, et surtout pour les femmes (64% d’entre elles cherchent à faire des économies) et encore plus vrai pour les jeunes salariés (71% pour les moins de 35 ans).

3 salariés sur 10 ont une activité supplément­aire pour compenser

Encore plus surprenant, quatre salariés sur dix aimeraient travailler plus pour gagner plus, selon un célèbre slogan politique, et ainsi compenser l’effet de l’inflation. Mais « seuls 39% pourraient le faire dès aujourd’hui », tempère l’étude. Aussi, les hommes peuvent davantage travailler que les femmes (46% contre 31%), tout comme les salariés âgés de 50 ans et plus versus les moins de 35 ans (48% contre 34%).

En définitive, ce sont les salariés « les plus fragilisés » qui sont prêts à travailler plus. Trois salariés sur dix ont déclaré avoir des activités rémunérées supplément­aires à leur emploi actuel, précise ce sondage. Outre le rachat de RTT, 19% des répondants ont d’ores et déjà demandé une avance sur salaire auprès de leurs employeurs ces derniers mois.

Enfin, le secteur privé se révèle plus flexible sur la possibilit­é de faire des heures supplément­aires que le public. « Tous les secteurs d’activités ne sont pas égaux face à l’inflation », conclut l’étude. « Si les entreprise­s disposent d’outils permettant d’apporter une aide supplément­aire aux salariés en difficulté, elles-mêmes sont prises dans l’étau. C’est pire encore pour les entreprise­s productric­es, dépendante­s des coûts des matériaux et de l’énergie », explique Patrick Barazzoni, directeur général, chez SD Worx France.

Cette baisse du pouvoir d’achat des salariés risque d’avoir des conséquenc­es sur la consommati­on. Au troisième trimestre, le PIB français a progressé de 0,2 %, soit une évolution identique à la moyenne de la zone euro et de l’Union européenne, note le cabinet Asteres. Celui-ci a été supérieur sur la période en Allemagne et en Italie qui ont connu des évolutions légèrement plus favorables, avec respective­ment + 0,3 % et + 0,5%. Pour autant, la crise énergétiqu­e entraine bien la zone euro vers une « récession imminente », selon les projection­s.

 ?? ?? 65% des jeunes salariés (18-34 ans) aimeraient davantage télétravai­ller pour réduire leurs dépenses. Mais tous ne peuvent pas le faire. (Crédits : FABIAN BIMMER)
65% des jeunes salariés (18-34 ans) aimeraient davantage télétravai­ller pour réduire leurs dépenses. Mais tous ne peuvent pas le faire. (Crédits : FABIAN BIMMER)

Newspapers in French

Newspapers from France