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Hong Kong: le nouveau gouverneme­nt pro-chinois veut faire revenir les investisse­urs

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Les principale­s banques du monde ont accepté, malgré les critiques, de venir au sommet organisé cette semaine par Hong Kong pour restaurer son attractivi­té financière. Le nouvel exécutif aligné sur Pékin veut montrer que la page de la répression des manifestat­ions démocratiq­ues est tournée. L’économie peine encore à s’en remettre, affaiblie par la fuite des capitaux et des talents.

Le nouvel exécutif pro-chinois de Hong Kong veut préserver sa place financière mondiale mise à mal ces trois dernières années. Le dirigeant John Lee, chef de l’exécutif de Hong Kong et très proche de Pékin, est intervenu personnell­ement au cours d’un évènement qui rassemble les principaux financiers du monde. Il a ainsi martelé que la stabilité nécessaire aux affaires était revenue en ville deux ans après la violente répression des manifestat­ions pro-démocratie. « Les troubles sociaux appartienn­ent clairement au passé et ont laissé place à la stabilité, à la croissance des affaires et à la confiance de la communauté dans l’avenir de Hong Kong », a-t-il affirmé. « La loi et l’ordre sont revenus. Le pire est derrière nous. (...) Nous étions, nous sommes et nous resterons l’un des principaux centres financiers au monde. Et vous en aurez pour votre argent ».

La cité-Etat, désormais alignée sur Pékin, s’emploie à restaurer son attractivi­té dans les métiers de la finance. Hong Kong a convié de grands noms de la finance mondiale pour ce sommet controvers­é, notamment aux Etats-Unis. En dépit des mises en garde de Washington, les principaux banquiers américains ont répondu présent à l’invitation de Hong Kong dont les directeurs généraux de Goldman Sachs, de Morgan Stanley, de Blackrock, et de JP Morgan Chase.

Hong Kong: le nouveau gouverneme­nt pro-chinois veut faire revenir les investisse­urs

Washington avait demandé à ses banquiers de refuser l’invitation

Le semaine dernière, les parlementa­ires à la tête d’une commission du Congrès sur la Chine (Congressio­nal-Executive Commission on China) avaient ouvertemen­t appelé les dirigeants de Wall Street à ne pas se rendre à Hong Kong. « Leur présence ne sert qu’à rendre légitime le démantèlem­ent rapide de l’autonomie de Hong Kong, de la liberté de la presse et de l’Etat de droit par les autorités agissant de concert avec le

Parti communiste chinois », ont accusé jeudi dernier dans un communiqué les démocrates Jeff Merkley et Jim Mac Govern.

Agitée avant la pandémie par des manifestat­ions massives en faveur de la démocratie et une certaine autonomie vis-à-vis de la Chine, Hong Kong se trouve au centre des tensions géopolitiq­ues sino-américaine­s. Le nouveau dirigeant John Lee, arrivé à son poste en juillet, cristallis­e ces tensions. Cet ancien responsabl­e de la police hongkongai­se qui a maté les manifestat­ions au plus fort du mouvement pro-démocratie figure sur la liste des personnali­tés sanctionné­es par Washington pour leur rôle dans cette répression.

Les grands patrons américains ne sont pas disposés pour autant à rompre leurs liens économique­s avec Hong Kong et consécutiv­ement la Chine. Au-delà de son centre financier situé entre la Chine littorale et continenta­le, Hong Kong représente une porte d’entrée pour les investisse­ments à destinatio­n de la Chine. « La connexion sans faille de Hong Kong avec le continent lui confère des avantages dont aucune autre économie ne dispose (...) alors que le centre de gravité économique du monde se déplace vers l’est », a pointé John Lee.

L’économie subit le contrecoup

Le durcisseme­nt du régime politique à Hong Kong et de la lutte anti-Covid refroidit néanmoins les investisse­urs, autrefois rassurés par son statut qui garantissa­it un certain libéralism­e économique et politique vis-à-vis de Pékin et des règles différente­s du marché chinois. Aujourd’hui, la plupart des opposants politiques de la ville sont en prison ou en exode. Hong Kong subit comme la Chine continenta­le la stratégie sanitaire

« zéro Covid » et ses confinemen­ts de fer.

L’économie subit le contrecoup de cette situation politique. Son produit intérieur brut a reculé de 4,5% au troisième trimestre de cette année. La Bourse de Hong Kong affiche des résultats parmi les moins performant­s au monde, affichant une baisse de plus de 50% cette année, qui l’a fait chuter à son pire niveau depuis 2009.

 ?? ?? John Lee, nouveau dirigeant d’Hong Kong, est l’ancien chef de la police qui a maté les manifestat­ions pro-démocratie. (Crédits : Reuters)
John Lee, nouveau dirigeant d’Hong Kong, est l’ancien chef de la police qui a maté les manifestat­ions pro-démocratie. (Crédits : Reuters)

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