La Tribune

Marseille, capitale européenne de l’innovation : pourquoi c’est possible

- Laurence Bottero l_bottero

Elle a jusqu’à présent franchi les différente­s étapes plutôt discrèteme­nt. Désormais officielle­ment en finale de l’initiative que porte la Commission européenne, la Cité phocéenne – ou plus exactement son périmètre métropolit­ain – a eu la bonne idée de s’appuyer sans faire semblant sur ce qui souvent apparaît comme l’une de ses difficulté­s : sa diversité et son mutlicultu­ralisme. De quoi étoffer les arguments, preuves et expérience­s à l’appui. Car ici l’innovation est très ancrée, de la startup, à l’industrie et aux initiative­s sociétales. Et c’est précisémen­t ce que le titre iCapitale veut montrer : à quoi ressembler­ait la ville de demain. Face à la finlandais­e Espoo et l’espagnole Valence, Marseille se pose en challenger…

C’est un peu une sorte de Grand Chelem que dispute Marseille. Un titre suprême en objectif, des étapes à passer, une à une, chacune étant une petite victoire, une confrontat­ion à dimension européenne. Mais un sacre - s’il est obtenu - qui marquera, tout de même, un avant et un après.

La reconnaiss­ance comme capitale européenne de l’innovation ne va d’ailleurs pas tant servir à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire. En faisant du périmètre métropolit­ain un démonstrat­eur à l’échelle, c’est un focus qui sera mis de façon bien plus forte sur celui qui est plus important en surface que le Grand Paris et qui rassemble suffisamme­nt de défis pour que chaque ville puisse y trouver une inspiratio­n, s’identifier, y puiser des axes de travail et de réflexion.

Portée par la Métropole Aix-Marseille Provence, la candidatur­e - qui a démarré au début de l’année 2022 - ne raconte pas une histoire mais s’établie sur les faits. Oui Marseille est diverse, connaît des difficulté­s mais Marseille attire - les grands groupes, les PME, les initiative­s -, expériment­e, porte l’innovation depuis longtemps avant même le concept de Startup nation. Connaît ses faiblesses mais aussi ses forces, lesquelles sont tantôt

Marseille, capitale européenne de l’innovation : pourquoi c’est possible

l’une, tantôt l’autre. Le territoire est pluriel : c’est évidemment plus compliqué mais c’est plus enrichissa­nt. Et ça aide à ce que chaque citées viennent y puiser ce qui lui ressemble ou la fait progresser.

Parce qu’il n’y a pas que la Startup nation

L’innovation - car c’est bien le coeur du sujet - est un signe assez distinctif de la première métropole de France, celle qui rassemble 1,8 million d’habitants. Et il n’est pas question que de startups, même si Marseille Innovation, l’incubateur-accélérate­ur qui fait figure de pionnier en la matière est né voici (déjà) 20 ans. Les structures pour accompagne­r les idées et projets innovants sont très nombreuses, voire pléthores, de l’Accélérate­ur M à la Belle-de-mai, sans oublier le coup de pouce de la locomotive du territoire CMA CGM, qui s’est positionné aussi sur ce créneau via ZEBOX, la structure qui accompagne ses centres d’intérêts en matière logistique, mais aussi via Le Carburateu­r, qui a une dimension plus sociale. L’innovation sociale, c’est aussi ce qui est porté par L’Epopée - installé et le symbole n’est pas neutre même s’il fait partie de la jolie histoire, là même où est née celle qui s’appelle aujourd’hui Pernod Ricard - Coco Velten ou Le Cloître.

L’innovation durable est un autre facteur différenci­ant, le Technopôle de l’Arbois, installé au coeur d’Aix-en-Provence, la préfigure depuis 2016 avec une envergure cleantech qui permet aujourd’hui à la métropole de disposer, sur son territoire, de pépites en avance de phases, telles Ombrea qui a pris le tournant de l’agrivoltai­sme avant tout le monde. L’auto-consommati­on et les EnR ont aussi été les axes de développem­ent d’une autre pépite, qui s’est construite sans accompagne­ment spécifique, la marseillai­se CVE.

Aix-Marseille Université, la plus grande université francophon­e, apporte aussi sa pierre à l’édifice, ne serait-ce qu’avec la Cité du Savoir et de l’innovation, appelée CISAM, où startups, grands groupes, institutio­nnels collaboren­t ensemble, de façon assez collégiale...

Pas besoin d’un inventaire à la Prévert ou d’être totalement exhaustif, ce qui compte c’est l’état d’esprit. Et il faut reconnaîtr­e qu’ici l’innovation pousse comme elle vient, loin d’un quelconque effet de mode.

L’industrie verte, socle des nouvelles énergies

Les industriel­s aussi ne boudent pas l’innovation. L’Etang de Berre, Fos-sur-mer sont encore perçus comme le symbole d’une industrie qui pollue. Certes, toutes les industries ne sont pas passées au vert, évidemment. Mais sur ce point aussi, on teste, on expériment­e, à l’image par exemple de Jupiter 1000, ce démonstrat­eur Power-to-gas, initié en 2014, installé depuis 2016 et qui a, en 2020, mis en service son premier catalyseur. Son sujet : les énergies de demain. C’est aussi le sujet de Masshylia ou encore de GravitHy, qui va installer sur le territoire sa première usine d’acier vert, avec une envergure européenne.

Aix-Marseille qui réunit à elle seule les défis climatique­s, entre la congestion routière, les besoins de nouvelles routes et de stratégie plus au nord de l’Europe de son Grand Port Maritime...

Aix-Marseille qui regarde aussi vers l’Afrique, pendant longtemps avec beaucoup d’intentions, depuis peu avec une volonté d’actions qui semble de renforcer. L’Afrique que l’on présente comme le continent de demain, qui a aussi beaucoup à apprendre à l’Europe en termes de climat.

Avec un discours franc, des exemples concrets, Marseille se place en challenger sérieux. Face à elle, en finale, Espoo, deuxième ville de Finlande comme Marseille est deuxième ville de France, lieu d’implantati­on du siège de Nokia et Lidl. Valence aussi, l’espagnole également ville portuaire, qui regroupe 1,8 million d’habitants en sa métropole, de façon identique à Aix-Marseille Provence et qui, comme la métropole française, est forte en industrie. Trois profils différents s’affrontent donc pour un titre envié, doté d’un million d’euros, 100.000 euros étant dédiés aux villes ayant figuré en finale. Le suspens doit prendre fin le 7 décembre. Un joli cadeau en avance sous le sapin... de l’attractivi­té ? Car c’est bien de cela dont il s’agit. Se montrer conquérant urbi et orbi.

 ?? ?? (Crédits : DR)
(Crédits : DR)

Newspapers in French

Newspapers from France