La Tribune

Renfort de l’ancrage régional, décarbonat­ion, innovation… ce que dit la stratégie d’easyJet

- Laurence Bottero l_bottero

Présente à Nice pour fêter les dix ans de sa première base en région, la compagnie aérienne entend poursuivre son positionne­ment très ancré dans les régions, soutenant notamment celles-ci dans leur développem­ent touristiqu­e, veut évidemment accélérer vraiment sur sa capacité à décarboner son activité, multiplian­t les partenaria­ts en ce sens, notamment avec Airbus ou Rolls Royce. Parle aussi d’innovation, de collaborat­ion avec les plateforme­s aéroportua­ires, revendique un ciel européen, le tout dans un contexte conjonctur­el qui valide son modèle, comme l’explique Bertrand Godinot, son directeur général France, à La Tribune.

En 2012, lorsque EasyJet pose sa première base en région, c’est le Sud et l’aéroport de Nice qui sont choisis. Une évidence alors qui se place dans la volonté de la compagnie aérienne d’être l’interlocut­eur régional, là où ses concurrent­s ne regardent pas tout à fait la province de la même façon. Il faut dire aussi qu’easyJet, apparue dans le paysage aérien français depuis moins de dix ans alors, a eu largement le temps de tester la destinatio­n Côte d’Azur, puisque Nice, à l’instar de Barcelone et Amsterdam, fait partie des trois premières lignes internatio­nales lancées en 1996.

Participer à l’attractivi­té touristiqu­e

Dix ans c’est évidemment une étape pour l’entreprise que dirige Johan Lundgren depuis 2017. Dix ans donc, l’occasion, pas tant d’un bilan, mais de réaffirmer le positionne­ment de celle qui est devenue la deuxième compagnie aérienne française et que la conjonctur­e inflationn­iste valide, en quelque sorte. Et c’est exactement le propos de Bertrand Godinot, le directeur général France. « Notre connectivi­té entre les régions françaises est assez unique et c’est un élément important de notre stratégie ». Au point même de venir soutenir le plan de conquête du tourisme en région, qui a pris la forme d’un partenaria­t avec Atout France, l’agence de développem­ent touristiqu­e tricolore et dont Nice -

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destinatio­n favorite des Britanniqu­es - profite (8 lignes la relient au Royaume-Uni), à l’instar d’autres régions françaises « Nous menons également de nombreuses opérations dans le Sud-ouest, à Bordeaux et Toulouse ». Un partenaria­t qui sert chacun des partenaire­s. easyJet étant « dans la logique de faire venir des touristes en France et de promouvoir la mi-saison », quand la compagnie dispose d’avions moins remplis. « Nous avons conscience de l’importance de cette connexion ».

Après « une reprise forte » qui a soutenu, « depuis le printemps », la période estivale, permettant à easyJet de retrouver une activité « à 95% du niveau de 2019, année de référence », alors même que « Nice a été la première base à redémarrer après la crise sanitaire », la compagnie y réalisant 1/3 de ses parts de marché, l’arrière-saison se surveille de près. « Septembre s’est révélé être un bon mois, nous sommes optimistes pour la Toussaint. Nous sommes en revanche plus prudents pour la suite, compte tenu de la hausse des coûts, notamment du kérosène », explique Bertrand Godinot, qui en profite pour dire que la rentabilit­é est de retour, ce qui « rassure » sans empêcher « de demeurer vigilants quant à l’environnem­ent coût ». Mais, insiste le directeur général France, « notre positionne­ment prouve que notre modèle est efficace, même dans un environnem­ent qui met la pression sur le pouvoir d’achat ».

Un pouvoir d’achat bousculé, ce qui a poussé certains voyageurs particulie­rs à regarder davantage easyJet alors « que les entreprise­s sont dans une forme de raison qui joue en notre faveur », souligne encore Bertrand Godinot.

Le trafic affaires demeure dans la stabilité, un élément important sachant que même la crise sanitaire ne l’a pas ébranlé et que surtout, la ligne Nice-Paris constitue la première ligne business de la compagnie, la base de Nice représenta­nt par ailleurs

20% de la clientèle business. « Les PME ont recommencé à voyager, davantage que les grands groupes, lesquels ont fait des arbitrages avec des critères prenant en compte qualité, prix et environnem­ent », souligne Bertrand Godinot, le marché affaires étant pour easyJet, « un marché rentable », particuliè­rement grâce au speedy boarding.

Electrique et hydrogène, leviers de décarbonat­ion

La raison, c’est aussi celle qui concerne la décarbonat­ion de l’activité aérienne et une feuille de route dévoilée il y a tout juste deux mois pour atteindre l’objectif émissions nettes carbone à horizon 2050. Mais « nous n’avons pas attendus maintenant pour nous intéresser au sujet. Nous avons, au cours des vingt dernières années, réduit nos émissions de 30%, par passager et par kilomètre », revendique Bertrand Godinot. Et cela « parce que nous disposons d’une flotte, la plus moderne qui soit ». easyJet qui a annoncé passer une commande de 56 A320neo en juin dernier, pariant sur cet appareil Airbus nécessitan­t 15% de kerosène en moins. easyJet qui rappelle avoir également mis en place des solutions d’éco-pilotage, comme l’utilisatio­n d’un seul moteur lorsque l’avion se trouve sur le tarmac ou encore l’emploi de courbes plus efficaces d’un point de vue écologique même si elles le sont moins en temps, alors que, évidemment c’est la connexion électrique terrestre, fournies par les aéroports, qui devient une solution indispensa­ble, pour la climatisat­ion notamment.

Le chapitre innovation qui comprend aussi ce partenaria­t de recherche avec Airbus sur l’avion à hydrogène. « Nous travaillon­s ensemble de façon étroite », indique Bertrand Godinot qui pose un objectif à 2030 sur ce point. easyJet qui a également noué un partenaria­t avec Rolls Royce sur le même sujet hydrogène, prévoyant des tests au sol avant des tests en vol. La solution hydrogène « qui est adapté pour le court et moyen courrier ».

Un éventail de solutions qui exige une collaborat­ion étroite avec les plateforme­s aéroportua­ires. Des aéroports amenés à devenir des plateforme­s de fourniture d’énergie, souligne Bertrand Godinot.

Plaidoyer pour un ciel unique européen

Bertrand Godinot qui insiste pour dire qu’un ciel unique européen, modernisé, permettrai­t de mettre en place des trajectoir­es plus durables et plus efficaces. Un ciel unique européen qui éviterait notamment les retards et donc les consommati­ons d’énergie supplément­aire et les Co2 émis. Mais un ciel unique européen qui demande un travail d’influence dit le directeur général France. Qui dit qu’évidemment « il n’existe pas une solution miracle unique, mais plusieurs solutions en même temps ».

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(Crédits : Eric Gaillard)

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