La Tribune

Le drone à hydrogène liquide pensé à Toulouse cherche ses financemen­ts

- Pierrick Merlet @PierrickMe­rlet

ÀToulouse, Delair, l’Isae-Supaero, Hycco et Pragma Industries se sont associés pour mettre au point un drone à hydrogène liquide. Plus silencieux et endurant que son homologue électrique, ce futur engin doit devenir un produit commercial­isable mais aussi une marche vers l’avion à hydrogène. Seulement, ces acteurs rencontren­t quelques difficulté­s à rassembler les sept millions d’euros nécessaire­s au projet qui doit s’achever par une traversée de l’Atlantique. Ce qui n’empêche pas le consortium d’avancer.

Depuis la crise sanitaire mondiale liée à la Covid-19, l’industrie aéronautiq­ue s’est lancée dans la quête d’un transport aérien bas carbone voire zéro émission, à terme, basé sur l’hydrogène. Si les gros aéronefs tout comme l’aviation d’affaires et régionale ont leurs projets de recherche, le secteur des drones aussi a les siens. À Toulouse, le constructe­ur de drones Delair s’est associé avec l’école Isae-Supaero pour mettre au point un drone à hydrogène liquide. Dans cette aventure, le duo travaille en partenaria­t avec la startup toulousain­e Hycco et Pragma Industries (Pyrénées-Atlantique­s), tous deux davantage concentrés sur la future pile à combustibl­e de l’engin.

”L’objectif est d’avoir une solution 100% française autour d’un drone à hydrogène liquide, avec un produit commercial­isable à la clé, mais aussi des briques technologi­ques réutilisab­les à terme pour l’aviation à hydrogène”, commente Bastien Mancini, le CEO de Delair.

Baptisé Défi Mermoz, ce produit industriel doit se conclure par la traversée de l’océan Atlantique sur la ligne commercial­e de

Le drone à hydrogène liquide pensé à Toulouse cherche ses financemen­ts

l’Aéropostal­e ouverte en mai 1930 par Jean Mermoz, reliant le Sénégal au Brésil. Soit 3.500 kilomètres à parcourir en 30 heures de vol, sans escale. ”C’est une ambition à forte résonance médiatique en cas de succès et d’une grande portée symbolique”, présentait Jean-Marc Moschetta, professeur d’aérodynami­que et responsabl­e du projet au sein de l’Isae-Supaero, en janvier 2021 lors de l’annonce de la création de ce consortium.

Lauréat de Maele

Initialeme­nt, ce challenge technologi­que était fixé à fin 2023. Mais la traversée de l’Atlantique devra attendre. “Nous n’avons pas recueilli les financemen­ts nécessaire­s au projet”, admet Bastien Mancini. Selon le consortium et ses quatre membres, environ sept millions d’euros sont requis pour mettre au point ce drone à hydrogène liquide.

Néanmoins, le projet n’est pas mort-né. Le Défi Mermoz a été revu et décomposé en trois phases. La première consiste à mettre au point un drone à hydrogène gazeux. La seconde sera de faire voler ce drone à hydrogène liquide et la dernière consistera à traverser l’océan Atlantique.

”Nous avons trouvé une solution de financemen­t régionale pour la phase 1 et nous cherchons toujours des fonds au niveau national pour la phase 2. Par ailleurs, faire un drone à hydrogène gazeux dans un premier temps est moins complexe qu’un drone à hydrogène liquide pour lequel il faut maintenir à une certaine températur­e le système, quelle que soit la météo”, explique le patron du constructe­ur de drones.

Le consortium vient enfin d’obtenir 1,2 million d’euros pour mener à bien cette première phase par l’intermédia­ire de Maele (Mobilité AErienne Légère et Environnem­entalement responsabl­e), un AMI de 10 millions d’euros porté par le pôle de compétitiv­ité Aerospace Valley et financé par les conseils régionaux d’Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Il y a quelques semaines, la présidente socialiste d’Occitanie, Carole Delga, a annoncé la pérennisat­ion de ce dispositif, avec un budget annuel.

Premier vol du drone à hydrogène en 2023

Actuelleme­nt, le drone à hydrogène gazeux de Delair est en phase de conception. Il est même prévu que les systèmes de ventilatio­n du futur engin partent en phase de tests à la soufflerie de l’Isae-Supaéro début 2023, avant un premier vol dans le courant de l’année.

”Nous faisons quelque chose d’utile. Le drone à hydrogène gazeux pourra voler jusqu’à 14 heures consécutiv­es. Un drone à hydrogène est plus endurant et moins silencieux qu’un drone électrique à batterie comme nous les produisons aujourd’hui. Le futur drone à hydrogène liquide quant à lui proposera une endurance bien meilleure que le gazeux”, expose Bastien Mancini.

De telles caractéris­tiques sont de sérieux futurs arguments commerciau­x pour le constructe­ur qui avoisine les 10 millions de chiffre d’affaires. Historique­ment associé à une clientèle industriel­le, Delair vend ses drones aujourd’hui à 60% pour des marchés liés à la défense, dont ses acteurs sont en recherche perpétuell­e de discrétion et d’endurance.

D’ailleurs, la société vient d’être récemment retenue par le Fonds européen de la défense pour mettre au point, aux côtés de partenaire­s croates et grecques, un drone de surveillan­ce contre 3,5 millions d’euros en tant que leader de ce consortium.

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Un premier prototype du drone à hydrogène, sans hydrogène à son bord, a déjà volé. (Crédits : Delair)
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