La Tribune

Ce plan de sobriété énergétiqu­e qui s’ajoute au plan de décarbonat­ion des Aéroports de la Côte d’Azur

- Laurence Bottero l_bottero

Première plateforme française certifiée 4+, labellisat­ion suprême en matière environnem­entale, il y a un an pour sa stratégie de transition énergétiqu­e, le groupe qui réunit l’Aéroport Nice Côte d’Azur, celui de Cannes-Mandelieu ainsi que celui de Saint-Tropez en rajoute une couche en annonçant diverses mesures visant l’économie de 10% de ses consommati­ons électrique­s, histoire d’inscrire ses pas dans les recommanda­tions gouverneme­ntales. Une façon de participer à l’effort collectif mais aussi de tester des solutions qui pourraient s’inscrire dans la durée. Car le secteur aérien veut accélérer sa décarbonat­ion.

3,8, c’est très exactement le montant des gigawatthe­ures qui seront économisée par le plan de sobriété décidé par Aéroports de la Côte d’Azur. Un chiffre qui correspond aux 10% d’économies des consommati­ons électrique­s fortement recommandé­es par le gouverneme­nt. Une façon pour le groupe aéroportua­ire de montrer qu’il ne vit pas hors-sol ni déconnecté de son environnem­ent... dans tous les sens du terme.

Sobriété, RSE... et la place à l’innovation

« Nous avons travaillé un plan sur des sujets qui n’étaient pas encore intégrés compléteme­nt », indique Franck Goldnadel, le président du directoire. Modulation de l’éclairage en milieu de nuit lorsqu’il n’y a plus de trafic, éclairage éteint sur les totems publicitai­res, en intérieur et en extérieur, éteint aussi le néon bleu très caractéris­tique qui figure sur la coupole du terminal 2, balisage des pistes en LED, rampe du parking P6 - le plus proche du T2 - éteinte également. Mais vouloir économiser doit aussi

Ce plan de sobriété énergétiqu­e qui s’ajoute au plan de décarbonat­ion des Aéroports de la Côte d’Azur

se faire sans remettre en cause une donnée majeure, celle de la sécurité. Et sur ce point, Franck Goldnadel insiste, pas question de transiger et de laisser les voyageurs et le personnel de la plateforme dans une « sensation d’insécurité ». Pas question - pour les mêmes raisons de sécurité - d’éteindre les pistes sauf en cas de déclanchem­ent du plan rouge EcoWatt, qui verrait alors une piste sur deux seulement rester en fonction.

Effort aussi est porté sur les températur­es à l’intérieur des bâtiments, à 19° l’hiver et 26° l’été... Un effort « collectif » souligne encore le président du directoire.

Côté chauffage justement, le Groupe s’était déjà engagé, aidé par Dalkia, dans une démarche innovante en mettant en place une boucle d’eau tempérée, qui va puiser dans les eaux usées de la station d’épuration Haliotis tout proche, l’énergie nécessaire, permettant de ne plus recourir aux chaudières à gaz et d’engranger en même temps 700 tonnes d’économies de CO2. « Nous avions anticipé le basculemen­t », souligne Franck Goldanel.

Où il est question de fourniture d’énergie

Car, pour le coup, Aéroports de la Côte d’Azur est plutôt en avance de phase en matière de transition. Un plan de sobriété qui est une façon pour la plateforme aéroportua­ire de redire sa bonne volonté en matière environnem­entale, là où elle est encore souvent décriée. Pourtant, le groupe aéroportua­ire détient la labellisat­ion suprême - le 4+ - depuis plus d’un an, depuis septembre 2021. Une certificat­ion qui vient confirmer son engagement durable et qu’il était alors le seul à avoir obtenu. On rappelle que l’aéroport de Saint-Tropez est le premier aéroport neutre carbone sans compensati­on, que la plantation de 1.000 essences méditerran­éennes a été menée en même temps que l’électrific­ation de la flotte de véhicules. Saint-Tropez où une ferme solaire va être prochainem­ent installée avec une capacité de 6 gigawatts. Un seul gigawatt étant utile pour le fonctionne­ment de la plateforme et le branchemen­t électrique des avions, voilà Saint-Tropez devenir fournisseu­r d’électricit­é décarbonée. Une sorte de préambule à ce qui fera partie des modèles économique­s des aéroportes de demain. A Nice et à Cannes Mandelieu, ce sont des panneaux photovolta­ïques qui vont être installés d’ici 2025/2026, permettant pour le coup, une autosuffis­ante totale.

Et l’intérêt va même au-delà. Car le sujet c’est bien le futur des aéroports, en passe de devenir fournisseu­rs d’énergie, à l’instar de ce que le directeur général France d’easyJet expliquait dans un entretien à La Tribune. Electricit­é, hydrogène... tout cela concerne le futur - de moins en moins lointain - de l’aérien. Et l’électrique, Franck Goldnadel y croit fortement notamment concernant l’aviation d’affaires « qui a fait sa mue plus vite ». Un président de directoire qui regarde les innovation­s ailleurs également. Sur le sujet d’une tractation électrique des avions sur le tarmac, le président du directoire apporte un bémol, expliquant que la solution est parfaite pour les « aéroports de taille conséquent­e, avec beaucoup de gros roulages » mais que concernant Nice Côte d’Azur, le gain réussit d’un côté serait dépensé de l’autre, « le temps d’allumer les moteurs ».

Aéroports de la Côte d’Azur a annoncé en 2021 sa volonté d’une neutralité carbone atteinte dès 2030. Un horizon qui se rapproche et qui demande d’aller vite. Si le plan sobriété est « notre contributi­on à l’effort collectif » - la plateforme aéroportua­ire, première de France après Aéroports de Paris et positionné­e en face de l’Eco-Vallée a un vrai rôle à jouer. De vitrine de ce qui est possible et d’effet d’entraîneme­nt. Car la crise n’a annihilé ni le besoin ni le désir de voyager. Reste le bon sens... et les efforts en R&D.

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(Crédits : DR)

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