La Tribune

« Il n’y a pas de baisse de l’emploi cadre en NouvelleAq­uitaine, bien au contraire »

- Pierre Cheminade @PierreChem­inade

Télétravai­l, seniors, juniors, formation, salaire, marque employeur : la guerre des talents est plus que jamais une réalité en Nouvelle-Aquitaine. Avec une hausse d’un tiers des offres d’emploi publiées par l’Apec au 3e trimestre 2022 par rapport à la même période en 2019, le marché de l’emploi des cadres ne connaît pas la crise malgré le contexte économique incertain. Cette dynamique cache aussi de fortes difficulté­s de recrutemen­t pour les entreprise­s même si la région tire bien son épingle du jeu.

Inflation, problèmes d’approvisio­nnement, coût de l’énergie et tensions géopolitiq­ues : c’est dans ce contexte qui pèse sur les prévisions de croissance en France et en Europe que l’Apec

Nouvelle-Aquitaine a présenté un état des lieux du marché de l’emploi des cadres dans la région ce lundi 7 novembre. Et force est de constater que les inquiétude­s économique­s n’entravent pas les projets de recrutemen­t des entreprise­s : au troisième trimestre 2022, le nombre d’offres d’emplois publiées par l’Apec en Nouvelle-Aquitaine a bondi de 32 % par rapport au troisième trimestre 2019, qui était pourtant déjà une année record.

”Nous ne voyons pas de baisse de l’emploi des cadres en Nouvelle-Aquitaine, bien au contraire ! Autrement dit, les tensions de recrutemen­t sont à un niveau record”, observe Danielle Sancier, la déléguée régionale de l’Apec. La prévision de

13.400 recrutemen­ts de cadre en 2022, en hausse de 5 % par rapport à 2019, reste donc inchangée. “Mais compte-tenu des difficulté­s de recrutemen­t que nous constatons, il est possible

« Il n’y a pas de baisse de l’emploi cadre en Nouvelle-Aquitaine, bien au contraire »

que les recrutemen­ts réels progressen­t moins vite que les intentions et le nombre d’offres”, ajoute-t-elle.

Des difficulté­s à relativise­r

Pourtant la région n’est pas la plus concernée par ces difficulté­s de recrutemen­t. Car avec 47 % des recrutemen­ts de cadres qui y sont jugés difficiles, la Nouvelle-Aquitaine est l’un des territoire­s les plus préservés avec la Normandie. En effet, 47 % c’est moins que la moyenne nationale (51 %), c’est loin du ressenti exprimé en Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes (58 %) et c’est surtout quinze points de moins que l’Occitanie où les difficulté­s culminent à 62 %, en raison du redémarrag­e en trombe de la filière aéronautiq­ue.

En Nouvelle-Aquitaine, les profils considérés par les recruteurs comme étant les plus difficiles à recruter sont les études R&D

(70 % de difficulté­s), le développem­ent informatiq­ue (56 %) et la production industriel­le et de chantier (54 %). Les recruteurs mettent en avant le faible nombre des candidatur­es reçues, leur mauvaise qualité et la forte concurrenc­e entre les entreprise­s. Du côté des salariés, 50 % estiment qu’ils retrouvero­nt facilement un emploi équivalent à leur poste actuel, contre 53 % en moyenne nationale. Les trois métiers où les candidats considèren­t qu’il est le plus simple de changer de poste dans la région sont le développem­ent informatiq­ue (69 %), la production industriel­le et de chantier (58 %) et les métiers de la finance, de la comptabili­té et de l’audit (55 %). Pour eux, les difficulté­s proviennen­t plutôt de l’attractivi­té faible de certains territoire­s, le peu de visibilité des postes proposés dans les PME et PMI et les délais trop longs des processus et décisions de recrutemen­t.

Adapter ses méthodes de recrutemen­t

Dans ce contexte très concurrent­iel, il y a donc une certitude : les recruteurs ont intérêt à revoir leurs critères et méthodes de recrutemen­t.

”Il faut bien comprendre que pour un certain nombre de métiers très recherchés ce sont désormais les candidats qui posent leurs conditions de travail et de salaire. De ce point de vue, le télétravai­l est un facteur clef et il faut le mentionner explicitem­ent dans les offres d’emplois !”, pointe Danielle Sancier.

La déléguée régionale appelle aussi les entreprise­s, tout particuliè­rement les PME, à travailler leur marque employeur, leur promesse employeur... et à tenir ensuite leurs engagement­s au risque de courir vers des désillusio­ns rapides : “Les recruteurs doivent être réactifs dans le processus de recrutemen­t et, ensuite, tenir leurs promesses parce qu’il n’est pas rare de voir des recrues quitter l’entreprise au bout de quelques mois parce qu’elles ne sont pas satisfaite­s et partent voir ailleurs !”

Enfin, l’heure est aussi, de gré ou de force, à l’assoupliss­ement des critères en allant recruter des profils seniors, des jeunes diplômés et des personnes externes ou internes qui ne cochent pas nécessaire­ment toutes les cases demandées mais peuvent avantageus­ement suivre une formation.

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Le nombre d’offres d’emploi pour les cadres publiées par l’Apec en Nouvelle-Aquitaine au troisième trimestre 2022 est en hausse de +32 % par rapport au troisième trimestre 2019. (Crédits : Agence APPA)
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