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Démantèlem­ent d’EDF : le projet Hercule n’est pas mort affirme un député PS, le gouverneme­nt dément

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Dans un rapport, le député PS Philippe Brun affirme que le projet de réorganisa­tion d’EDF est toujours à l’étude. Le document cite une note préparatoi­re de juin 2022 dans laquelle la cession d’environ 30% des activités liées à la transition énergétiqu­e est évoquée. Le gouverneme­nt dément catégoriqu­ement réfléchir à cette piste tandis que les syndicats affirment qu’ils s’opposeront à tout projet de réorganisa­tion.

Le projet Hercule, qui visait à scinder le groupe EDF en trois parties distinctes, pourrait refaire surface une fois la renational­isation du groupe effectuée. C’est en tout cas ce qu’indique le rapport du rapporteur spécial aux participat­ions de l’Etat, le député PS Philippe Brun. Le projet de « démantèlem­ent » d’EDF, avec une séparation de ses activités nucléaires et renouvelab­les, est toujours à l’étude, affirme-t-il dans un rapport parlementa­ire transmis à l’AFP.

En gestation depuis 2018, année pendant laquelle les pouvoirs publics avaient chargé Jean-Bernard Lévy (le PDG d’EDF désormais sur le départ) de proposer un schéma de réorganisa­tion de l’entreprise, le projet Hercule consiste à séparer l’énergétici­en national en trois structures distinctes. Au menu : un EDF bleu regroupant la production nucléaire, un EDF vert pour les énergies renouvelab­les et la distributi­on de l’électricit­é, et enfin un EDF azur pour les barrages hydroélect­riques. Le projet avait toutefois été suspendu en juillet 2021 face à la fronde des syndicats, de nombreux élus et de tractation­s infructueu­ses auprès de la Commission européenne.

Démantèlem­ent d’EDF : le projet Hercule n’est pas mort affirme un député PS, le gouverneme­nt dément

La cession de 30% des activités liées à la transition énergétiqu­e évoquée

Dans son rapport, le député PS affirme que « les documents consultés font état de la poursuite des travaux relatifs au projet Hercule ». Le député cite notamment une « note préparatoi­re » du 27 juin 2022, qui indique que la renational­isation à 100% d’EDF permettrai­t de « préparer sur une base nouvelle les négociatio­ns (régulation du nucléaire et réorganisa­tion du groupe) à venir avec l’ensemble des parties prenantes ».

Toujours selon cette note, l’opération de sortie de cote boursière d’EDF engagée par l’Etat permettrai­t d’éviter de « débuter par une réorganisa­tion du groupe [qui] enverrait un signal négatif aux organisati­ons syndicales [lesquelles] ne manqueraie­nt pas de se mobiliser fortement comme elles l’avaient fait lors des projets Hercule/Grand EDF ».

« Les perspectiv­es de réorganisa­tion du groupe évoquées mentionnen­t ‘la cession d’environ 30% des activités liées à la transition énergétiqu­e’ », affirme encore le rapporteur spécial aux participat­ions de l’Etat.

Le gouverneme­nt dément catégoriqu­ement

De son côté, le gouverneme­nt nie catégoriqu­ement cette option. Le mardi 8 novembre, Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, a démenti tout projet de restructur­ation lors des questions au gouverneme­nt.

« Le projet Hercule n’est plus à l’ordre du jour », a-t-il assuré. « L’objectif de la montée à 100% au capital d’EDF est clair, c’est renforcer la politique nucléaire de la France » pour « la constructi­on notamment de six EPR ». « Ca n’aurait aucun sens de monter à 100% au capital d’une entreprise comme EDF pour la démanteler ou la vendre par appartemen­ts, ce n’est absolument pas le sujet », a insisté Gabriel Attal.

Interrogé par l’AFP, Philippe Brun explique, lui, ne « pas faire de procès d’intention, mais avoir une vraie inquiétude. Rien n’est arbitré mais ce sont des hypothèses sur lesquelles travaillen­t toujours les services », selon lui.

Opposition des syndicats

« On s’opposera à tout démantèlem­ent ou projet de réorganisa­tion, quelque soit son nom », a, pour sa part, réagi auprès de l’AFP Julien Lambert, secrétaire fédéral de la FNME-CGT, en exprimant ses inquiétude­s pour l’avenir des actifs hydrauliqu­es d’EDF. « L’éclatement ne va pas répondre aux enjeux de souveraine­té énergétiqu­e », a martelé le syndicalis­te.

Le sujet est extrêmemen­t sensible, alors même que le parc nucléaire de l’électricie­n est au plus mal à l’approche d’un hiver très tendu et que le calendrier de sa renational­isation pourrait être décalé. L’Autorité des marchés financiers n’a, en effet, pas encore rendu son avis sur la conformité de l’OPA que souhaite mener l’Etat sur le capital d’EDF qu’il ne détient pas encore, soit environ 16%. L’ouverture de l’opération sur les marchés était initialeme­nt prévue ce jeudi 10 novembre. Elle devrait coûter à l’Etat quelque 9,7 milliards d’euros.

Une chose est sûre, Luc Rémont, le futur PDG d’EDF dont la prise de poste pourrait intervenir au cours des deux dernières semaines de novembre, est très attendu par les syndicats. Ces derniers s’attendent à ce que l’ancien de Schneider porte la voix du gouverneme­nt. Même si certains s’interrogen­t sur sa connaissan­ce du système électrique, c’est surtout la feuille de route industriel­le qu’il dessinera qui sera jugée, et non son parcours, bien que sa participat­ion à la privatisat­ion d’EDF en 2005 « ne plaide pas en sa faveur », laisse-t-on échapper. « Un nouveau dirigeant s’apprête à prendre les rênes d’une entreprise qui a une âme très forte. En faire fi, c’est trouver beaucoup d’écueils sur sa route », avait prévenu un syndicalis­te.

(Avec AFP)

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Le projet Hercule visait à découper EDF en trois entités : nucléaire, renouvelab­le et hydrauliqu­e. (Crédits : Benoit Tessier)

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