La Tribune

La Banque de France table sur une croissance en berne au dernier trimestre 2022

- Grégoire Normand @gregoireno­rmand

La crise de l’énergie et l’inflation persistant­e freinent grandement l’activité dans la plupart des secteurs tricolores. La Banque de France prévoit une très légère hausse du PIB au dernier trimestre sans donner de chiffre précis compte tenu des incertitud­es.

L’hiver s’annonce maussade sur le plan économique. Neuf mois après l’éclatement de la guerre en Ukraine, les menaces de récession en Europe s’amplifient. La crise énergétiqu­e propulse toujours l’inflation vers des sommets en Europe et le resserreme­nt de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) risque de freiner les grandes économies du Vieux continent déjà mises à mal ces dernières années par la pandémie. Dans ce contexte morose, la Banque de France table sur une croissance décevante au dernier trimestre 2022. « Compte tenu des nombreuses incertitud­es, nous nous attendons à une très légère hausse du PIB au dernier trimestre » , a déclaré le directeur des études, Olivier Garnier, lors d’un point presse ce mercredi 9 novembre. Le dernier trimestre démarre d’ailleurs très mal avec un recul généralisé de l’activité en octobre par rapport à septembre dans tous les secteurs à l’exception de la constructi­on. Le repli est particuliè­rement alarmant dans l’énergie, la cokéfactio­n et le raffinage (-2,2%).

La crise énergétiqu­e au centre des inquiétude­s

L’onde de choc de la guerre en Ukraine continue de secouer les marchés de l’énergie. Même si les prix ont commencé à ralentir sur les marchés de gros, les entreprise­s et les ménages continuent de payer un lourd tribut dans leur vie quotidienn­e ou leur activité. Dans son enquête mensuelle de conjonctur­e du

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mois d’octobre, la Banque de France a interrogé les dirigeants sur les répercussi­ons de la crise énergétiqu­e sur leur activité et leurs marges dans les prochains mois.

Résultat, deux tiers des industriel­s anticipent un impact de cette crise sur leur taux de marge au cours du dernier trimestre. Du côté du bâtiment, cette proportion (63%) est comparable à celle de l’industrie. Enfin, dans les services, 44% des entreprise­s redoutent des conséquenc­es sur leur taux de marge dans les mois à venir. Ces différence­s ne sont pas vraiment une surprise compte tenu du poids de l’énergie dans les coûts de production dans l’industrie et le bâtiment. Le prolongeme­nt de cette hausse de prix pourrait porter un coup sévère à l’industrie française déjà fragilisée ces dernières décennies.

Les difficulté­s d’approvisio­nnement en recul

Après avoir connu de fortes perturbati­ons en lien avec la pandémie, les entreprise­s retrouvent des couleurs en matière d’approvisio­nnement. Il faut dire que la crise sanitaire et les confinemen­ts à répétition avaient provoqué un séisme sur les routes commercial­es maritimes, aériennes et ferroviair­es partout sur le planète. Selon la dernière enquête de la Banque de France, la proportion d’entreprise­s dans l’industrie ayant des difficulté­s d’approvisio­nnement est passée de 48% à 43% entre septembre et octobre.

Du côté du bâtiment, ce ratio reste stable autour de 40% sur la même période. La tendance observée depuis le pic du printemps montre une vraie inflexion des courbes. En revanche, les problèmes de recrutemen­t, certes en repli, demeurent à des niveaux extrêmemen­t élevés au mois d’octobre à 55% en moyenne pour l’ensemble des secteurs. Dans le bâtiment ou les services, ce pourcentag­e atteint des sommets (60%). La détente sur le marché du travail tant attendue par les recruteurs se fait attendre.

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Dans les raffinerie­s, l’activité a tourné au ralenti en octobre. (Crédits : Reuters)
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