La Tribune

Vidéo à la demande : Salto affiche 900.000 abonnés au compteur

- Pierre Manière @pmaniere

Selon nos informatio­ns, la plateforme de streaming payante de France Télévision­s, TF1 et M6 compte passer la barre du million d’abonnés d’ici à la fin de l’année. Alors que les interrogat­ions vont bon train sur l’avenir du groupe, et notamment concernant une possible sortie de TF1, Thomas Follin, son directeur général, se montre optimiste sur sa capacité à croître sur un marché très concurrent­iel.

Salto fait régulièrem­ent l’objet de critiques. Lancée il y a deux ans par France Télévision­s, TF1 et M6, cette plateforme de SVoD payante n’aurait, selon ses détracteur­s, pas eu les résultats escomptés. Selon nos informatio­ns, elle dispose aujourd’hui de 900.000 abonnés. Sur cette base, 80% à 90% des clients sont payants - sachant que le premier mois est gratuit avec la possibilit­é de se désengager à son terme. La plateforme compte, en outre, passer la barre du million de fidèles d’ici à la fin de l’année. Avec son socle actuel d’abonnés payants, Salto, dont l’abonnement de base coûte 7,99 euros par mois, serait en mesure de générer près de 70 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.

●●Lire aussi: Vidéo à la demande : l’avenir de Salto en question

Interrogé par La Tribune, Thomas Follin, le directeur général de la plateforme, ne commente pas ces chiffres, sans toutefois les démentir. Soucieux de tordre le cou aux critiques, il estime que « la performanc­e de Salto est très bonne » dans un contexte d’ultra-concurrenc­e en matière de streaming payant. Il estime que le business model de Salto n’a rien perdu de sa pertinence.

Vidéo à la demande : Salto affiche 900.000 abonnés au compteur

La plateforme revendique toujours, insiste-t-il, son « ancrage quotidien, français » et son côté « populaire ». Ce qui la différenci­erait, défend le dirigeant, des géants américains de la vidéo à la demande comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime.

Un public plus jeune que celui de la télé linéaire

« Notre catalogue est volontaire­ment large, poursuit-il. Nous privilégio­ns d’abord la création française avec des séries comme “Haut Potentiel Intellectu­el” avec Audrey Fleurot,

“Astrid et Raphaëlle” ou “Balthazar”. « Nous proposons aussi un accès privilégié en première exclusivit­é aux émissions de téléréalit­é comme “Les cinquante” ou les grands divertisse­ments comme “L’amour est dans le pré”. Vous ne retrouvere­z pas ces programmes sur Netflix. En parallèle, nous diffusons des séries internatio­nales inédites en France telles “Yellowston­e” ou “Bel Air”. »

A en croire Thomas Follin, le comporteme­nt des abonnés démontre que Salto a trouvé sa place. « Ils viennent en moyenne sur la plateforme tous les deux jours consommer deux heures et demi de programmes », affirme-t-il. Surtout, à l’instar des autres plateforme­s de streaming payantes et à la différence de la télé linéaire traditionn­elle, Salto dispose d’un public plus jeune. « 60% de notre public à moins de 35 ans », souligne le dirigeant.

TF1 réfléchit à poursuivre l’aventure

Thomas Follin affirme que le potentiel de croissance de la « plateforme française de divertisse­ment », comme elle se définit, est là. Salto entend conclure des accords pour être distribuée, à court ou moyen terme, via les box des opérateurs télécoms. Aujourd’hui, seul Bouygues Telecom (qui appartient à Bouygues, la maison-mère de TF1) a signé avec Salto. Mais il manque toujours Orange, SFR et Free.

Cela dit, l’avenir de Salto est aujourd’hui en question. Après avoir échoué à fusionner avec M6, TF1 ne sait pas encore s’il souhaite poursuivre cette aventure. Le champion français du petit écran compte bien, a priori, mettre les bouchées doubles dans le streaming. Mais s’il décide de tout miser sur un modèle de gratuité des contenus où les audiences sont monétisées via la publicité, Salto constituer­ait, dans ce schéma, une diversific­ation. Autrement dit, la plateforme ne ferait plus partie de son coeur de business... Rodolphe Belmer, le nouveau patron de TF1, a récemment indiqué qu’il réfléchiss­ait à l’avenir du groupe dans Salto, mais que rien n’était encore tranché.

M6 voit Salto comme une « offre complément­aire »

S’il jetait l’éponge, cela pourrait constituer un coup dur pour

Salto, au regard de l’importance des contenus de TF1 dans son catalogue. Il existe toutefois un pacte d’actionnair­es entre France Télévision­s, TF1 et M6, dont l’objectif est notamment, selon nos informatio­ns, de protéger la plateforme en cas de désengagem­ent d’un des partenaire­s.

De son côté, France Télévision­s devait quitter Salto et céder ses parts à TF1 et M6 en cas de fusion. Il faut dire que sinon, le géant du service public se serait retrouvé affaibli, avec seulement 33,33% du capital de la plateforme contre 66,66% pour ses deux rivaux réunis. Mais maintenant que le mariage entre TF1 et M6 est enterré, France Télévision­s n’a plus, sur le papier du moins, de raison de quitter le navire. De son côté, M6 a récemment affirmé que Salto constituai­t une « offre complément­aire » à ses propres services de replay.

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Thomas Follin, le directeur général de Salto. (Crédits : DR)
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