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Les maires envisagent une hausse de la taxe foncière en 2023

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L’année 2022 a vu la taxe foncière augmenter dans de nombreuses villes, en partie à cause de l’inflation sur laquelle elle est indexée mais aussi de la volonté de certains maires de trouver des recettes fiscales face aux dépenses énergétiqu­es. La tendance à la hausse pourrait se poursuivre en 2023. Le gouverneme­nt craint que l’effet de son bouclier tarifaire soit limité.

Dans le sillage de Paris et de Marseille, les mairies sont de plus en plus nombreuses à étudier une augmentati­on de la taxe foncière pour financer la hausse de leurs dépenses énergétiqu­es en l’absence de recettes suffisante­s.

La taxe foncière a connu une augmentati­on en moyenne de 1,4% au 1er janvier 2022 dans les 190 villes françaises qui comptent plus de 40.000 habitants d’après une étude faite en mai par le cabinet FSL auprès de collectivi­tés.

+14% à Marseille, +11,6% à Tours

Les villes de 100.000 habitants sont celles où la hausse est la plus marquée, en moyenne de 1,9%. Le record revient à Marseille (+14%) et Tours (+11,6%). « Il s’agit de la plus forte augmentati­on observée depuis 2010 même si cette reprise du recours à la fiscalité intervient après cinq années de très forte modération fiscale », pointe l’étude.

Selon l’Union nationale des propriétai­res immobilier­s (Unpi), la taxe foncière dans son ensemble (base et taux) a été remontée en moyenne 4,7% sur les années 2021 et 2022 dans les 200 plus grandes villes françaises. « Il s’agit de la plus forte revalorisa­tion depuis 1989 », observe l’Unpi, qui s’inquiète de la précarisat­ion de certains propriétai­res.

Les maires envisagent une hausse de la taxe foncière en 2023

Hausse mécanique liée à l’inflation

Ce rehausseme­nt de la taxe foncière s’explique par l’indexation de la base de la taxe foncière sur l’inflation. La persistanc­e de l’inflation devrait donc entraîner une nouvelle hausse en 2023 selon l’Observatoi­re des finances locales.

« Pour 2023, avant même toute décision des collectivi­tés sur leur taux, les propriétai­res doivent s’attendre à ce que leur assiette d’imposition augmente comme l’inflation de l’année d’avant, pas très loin donc de 7% », avertit son secrétaire général Thomas Rougier.

Les maires qui n’ont pas encore acté de hausse jouent l’apaisement. Selon le président de la commission des finances de l’Associatio­n des maires de France (AMF), Pierre Breteau, il est « trop tôt » pour savoir comment la taxe foncière évoluera en 2023. Il rappelle que les maires peuvent « économiser sur leurs dépenses de fonctionne­ment ou réduire leur investisse­ment » même si la suppressio­n de la taxe d’habitation sur les résidences principale­s complique leur équilibre budgétaire.

« Une hausse importante de la taxe foncière en 2023 montrerait aux Français que la suppressio­n de la taxe d’habitation est une illusion, parce que le gouverneme­nt a enlevé aux collectivi­tés une ressource de recettes très importante et que les dotations de l’Etat ne suivent pas l’inflation », estime le sénateur PS Rémi Féraud.

Contestati­on politique et sociale

Les relèvement­s déjà actés de la taxe foncière, même s’ils ne concernent que les propriétai­res, pourrait faire l’objet d’une vive contestati­on. La décision de la maire de Paris Anne Hidalgo de l’augmenter de 52%, contrairem­ent à sa promesse de campagne de 2022 a entraîné une vague d’indignatio­n. A la tête de l’opposition municipale, Rachida Dati a dénoncé une « politique de braquage des Parisiens » alors que son groupe des Républicai­ns a boycotté le Conseil de Paris.

A Marseille, 200 propriétai­res ont contesté en juin devant la justice le relèvement de leur taxe foncière parce que, d’après leur avocat, « à des titres divers, ils sont menacés de précarité ».

Préoccupé par le risque de fronde sociale en raison du coût de la vie, le gouverneme­nt se préoccupe de cette hausse des prélèvemen­ts locaux qui fragiliser­ait sa politique de défense prioritair­e du pouvoir d’achat. Le ministre des Comptes publics Gabriel

Attal juge ainsi qu’il « ne faudrait pas que le bouclier anti-inflation (...) mis en oeuvre pour les Français soit fissuré par une explosion de la fiscalité locale » dans un entretien publié jeudi dans L’Est républicai­n.

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(Crédits : Reuters)

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