La Tribune

Libéralisa­tion des télécoms en Ethiopie : Orange sera-t-il sur les rangs ?

- Pierre Manière @pmaniere

Le gouverneme­nt souhaite privatiser partiellem­ent Ethio Telecom, l’opérateur historique, et attribuer une troisième licence de téléphonie mobile. Orange, qui lorgne cet énorme marché, pourrait être intéressé.

Le marché des télécoms éthiopien poursuit son ouverture à la concurrenc­e. Ce mercredi, le gouverneme­nt a décidé de relancer ce processus, qui a débuté il y a près de deux ans avant d’être interrompu. Concrèteme­nt, l’exécutif entend privatiser partiellem­ent Ethio Telecom, l’opérateur historique. Il souhaite mettre prochainem­ent en vente 40% du capital du groupe, aujourd’hui intégralem­ent détenu par l’Etat. Mais ce n’est pas tout. Le gouverneme­nt compte, également, attribuer une troisième licence de téléphonie mobile. Les opérateurs télécoms intéressés ont jusqu’à la mi-décembre pour manifester leur intérêt pour la nouvelle licence et pour Ethio Telecom.

De nombreux cadors du secteur vont étudier ces dossiers de près. Avec ses 117 millions d’habitants, l’Ethiopie est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique derrière le Nigeria. Il s’agit d’un marché énorme, donc alléchant. Orange, qui est présent dans pas moins de 16 pays africains, compte parmi les opérateurs potentiell­ement intéressés. Interrogé à ce sujet par La Tribune, le géant français des télécoms ne fait pas de commentair­e.

Orange veut pouvoir déployer Orange Money

Orange avait déjà montré son intérêt pour devenir opérateur en Ethiopie. Il y a près de deux ans, Addis Abeba avait donné le coup d’envoi de la libéralisa­tion du marché des télécoms. À

Libéralisa­tion des télécoms en Ethiopie : Orange sera-t-il sur les rangs ?

ce moment-là, le gouverneme­nt souhaitait déjà ouvrir le capital d’Ethio Telecom, alors en situation monopolist­ique. Il avait aussi lancé un appel d’offres pour attribuer deux nouvelles licences de téléphonie mobile. Orange s’était positionné sur ces deux opportunit­és. Mais l’opérateur avait fini par jeter l’éponge, estimant que « les conditions de marché et de création de valeur à moyen terme n’étaient pas au rendez-vous ».

À l’époque, les contrepart­ies demandées contre une licence étaient jugées trop importante­s. Celles-ci obligeaien­t l’opérateur à consentir à de très lourds investisse­ments pour couvrir le pays en téléphonie mobile en seulement en cinq ans. En outre, le gouverneme­nt avait mis un point d’honneur à ce qu’un nouveau détenteur de licence bâtisse son propre réseau - sans recourir à des opérateurs de tours télécoms, ou à la location des infrastruc­tures d’Ethio Telecom, ce qui renchériss­ait considérab­lement la facture. Sans compter que cette licence ne permettait pas à Orange de déployer Orange Money, son service de paiement mobile. L’instabilit­é politique et la guerre au Tigré, dans le nord du pays, ont finalement convaincu le groupe français d’abandonner le projet.

De meilleures conditions pour libéralise­r le marché

Le gouverneme­nt n’avait finalement accordé qu’une seule licence à l’opérateur kényan Safaricom. Le sud-africain MTN, qui était candidat pour la seconde licence, avait vu sa propositio­n de 600 millions de dollars rétoquée, l’exécutif la jugeant insuffisan­te. Addis Abeba avait alors préféré en rester là, en attendant de meilleures conditions pour relancer l’ouverture du marché à la concurrenc­e. Après la signature, il y a deux semaines, d’un accord de paix censé mettre fin à la guerre au Tigré, le gouverneme­nt a estimé que le processus pouvait enfin reprendre.

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Une publicité pour Ethio Telecom, à Addis Abeba. (Crédits : Reuters)
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