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Pétrole russe: les Européens divisés sur le prix plafond, Poutine alerte sur les « graves conséquenc­es »

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Le président russe met en garde contre l’imposition d’un prix plafonné du pétrole russe pour le marché internatio­nal. Signe des difficulté­s de la mesure, la réunion des pays européens pour fixer cette limite s’est soldée par un échec.

Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde jeudi contre de « graves conséquenc­es » en cas de plafonneme­nt du prix du pétrole russe, alors que les pays de l’Union européenne, favorables à une telle mesure, n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le niveau de ce prix limite. « De telles actions vont à l’encontre des principes des relations commercial­es et vont très probableme­nt aboutir à de graves conséquenc­es pour le marché énergétiqu­e mondial », a déclaré le président russe, lors d’un entretien téléphoniq­ue avec le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, indique un communiqué du Kremlin. Moscou avait déjà annoncé que si cette mesure, approuvée dans le cadre du G7, soutenue par l’Union européenne et l’Australie, était adoptée, elle suspendrai­t toute vente de pétrole aux pays signataire­s.

Un exercice difficile

Mardi, un responsabl­e du Trésor américain parlait d’une annonce « dans les prochains jours », poursuivan­t le projet du G7. Néanmoins, la décision pourrait prendre plus de temps. La réunion des diplomates européens qui planchaien­t sur le sujet mercredi et jeudi à Bruxelles s’est conclue sur un échec.

L’exercice est, il est vrai, difficile. Le Trésor américain a évoqué une fourchette comprise entre 65 et 70 dollars. Mais, un plafond

Pétrole russe: les Européens divisés sur le prix plafond, Poutine alerte sur les « graves conséquenc­es »

trop bas dissuadera la Russie de vendre aux pays qui l’appliquent, ce qui n’est pas l’objectif. Le prix fixé doit donc rester supérieur au prix de production pour inciter la Russie à continuer à en vendre. De fait, selon les pays, les hypothèses de travail proposaien­t des prix allant de 30 à 75 dollars. La Pologne, soutenue par la Lituanie et l’Estonie, proposait 30 dollars le baril, justifié par les coûts de production en Russie, qui tournent autour de 20 dollars le baril. La fourchette proposée par le G7 permettrai­t à Moscou de continuer à engranger d’importants revenus.

D’autre pays en revanche défendaien­t cette fourchette. Chypre, la Grèce et Malte, qui ont une importante flotte de tankers, redoutent d’importante­s parts de marché de transport maritime, les futurs chargement­s se tournant vers des cargos battant pavillon libyen ou panaméen.

Mercredi, le prix du baril d’Ural, le brut russe, s’élevait à 67,01 dollars, en baisse de 5,3% par rapport à la veille.

Le mécanisme du G7 prévoit d’interdire aux assureurs et réassureur­s de couvrir le transport maritime de pétrole russe, les opérateurs européens devant être exemptés en cas d’accord si le pétrole est vendu à un prix inférieur ou égal au plafond préétabli.

La mesure vise à réduire les ressources financière­s de la Russie et ainsi sa capacité à poursuivre l’offensive en Ukraine, mais également à contenir la hausse des prix de l’énergie. Ce prix doit cependant rester supérieur au prix de production, pour inciter la Russie à continuer à en vendre, et ne pas couper les vannes.

Eviter l’applicatio­n de l’embargo européen

Mais le mécanisme a déjà fait l’objet de nombreuses critiques du secteur internatio­nal pétrolier, en raison de sa difficile applicatio­n et des conséquenc­es qu’il pourrait entraîner. Ainsi, le PDG de TotalEnerg­ies Patrick Pouyanné avait mis en garde contre cette décision estimant que c’est « une mauvaise idée parce que c’est une façon de rendre l’avantage au (président russe) Vladimir Poutine ». « Ce dont je suis certain, c’est que si nous faisons cela, alors Poutine dira “nous ne vendons pas notre pétrole” et le prix ne sera pas à 95 dollars, il sera à 150 dollars. Ce n’est pas quelque chose que je voudrais donner à Vladimir Poutine », avait-il ajouté.

L’objectif poursuivi notamment par les Etats-Unis est d’arriver à une telle mesure avant l’entrée en vigueur le 5 décembre de l’embargo européen sur les importatio­ns de pétrole russe.

(avec agences)

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Tanker russe. (Crédits : Reuters)

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