La Tribune

Budget ESA 2023-2025 : les choix programmat­iques de la France

- Michel Cabirol @MCABIROL

Ariane 6 et ses développem­ent à venir, l’exploratio­n spatiale, les télécoms et le spatial au service du climat ont été les priorités de la France lors du conseil ministérie­l de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui s’est tenu à Paris les 22 et 23 novembre.

Si la France reste derrière l’Allemagne au niveau de sa contributi­on au budget de l’Agence spatiale européenne sur les trois prochaines années (3,20 milliards d’euros, selon l’ESA sur les 16,92 milliards récoltés au total; 3,25 milliards, selon le ministère de l’Économie), elle n’en a pas moins réalisé un effort significat­if en l’augmentant de plus 20% par rapport à Séville en 2019. Elle a même réduit l’écart financier avec l’Allemagne (310 millions d’euros en 2022, contre 630 millions il y a trois ans). Pourquoi ? Berlin n’a augmenté sa contributi­on que de 218 millions d’euros tandis que Paris la France a mis 538 millions d’euros supplément­aires par rapport à 2019. Dans un communiqué commun, le ministère de l’Économie et celui de l’Enseigneme­nt supérieur et de la recherche évoquent même un investisse­ment total de 3,73 milliards d’euros, dont la contributi­on de « 3,25 milliards » à l’ESA.

« Ces nouveaux investisse­ments représente­nt 35 % du budget français pour le secteur spatial, annoncé par la Première ministre, à 9 milliards d’euros sur les trois prochaines années, soit le premier budget spatial européen ».

La contributi­on française représente 18,9% du prochain budget triennal de l’ESA (contre 20,8% par rapport à celle de l’Allemagne). Les investisse­ments de la France dans le cadre de l’ESA avaient deux objectifs prioritair­es : renforcer l’autonomie européenne dans le secteur spatial, notamment en matière

Budget ESA 2023-2025 : les choix programmat­iques de la France

d’accès à l’espace, de télécoms et de compétitiv­ité du secteur spatial européen, et améliorer la connaissan­ce du changement climatique. Les engagement­s français en faveur de la science sont également en forte augmentati­on, qu’il s’agisse des missions scientifiq­ues de l’ESA, les programmes d’observatio­n de la Terre ou d’exploratio­n.

Soutien sans faille en faveur d’Ariane 6

Le soutien de la France en faveur d’Ariane 6 n’est pas une surprise. Paris va financer à hauteur de 523 millions d’euros le lanceur lourd, qui cumule les retards. La France ne néglige pas non plus l’avenir avec la poursuite du démonstrat­eur de premier étage réutilisab­le Themis (50 millions d’euros) et du moteur « low-cost » Prometheus (156 millions d’euros). Soit 729 millions d’euros au total sur une souscripti­on de 2,8 milliards de l’ensemble des États membres. Cet engagement financier fléché sur les programmes menés par l’ESA se complète d’actions, qui seront menées au niveau national par le CNES pour 125 millions d’euros pour le financemen­t des futurs lanceurs réutilisab­les et 40 millions d’euros pour un futur moteur lourd.

Dans le domaine de l’exploratio­n, la France « renforce également sa position », estime les deux ministères, en y consacrant

516 millions d’euros. Ce financemen­t servira à la fois pour la poursuite de la mission Exomars malgré l’arrêt de la coopératio­n avec la Russie, mais également à travers une contributi­on importante aux modules Esprit et I-Hab de la future station dite « Gateway » en orbite lunaire et de la mission de retour d’échantillo­n de sol martien, dont le retour sur Terre est prévu en 2031.

Soutien en stand-by pour la constellat­ion Breton

Sur le volet des télécoms, la France a souscrit 400 millions d’euros pour soutenir fortement la R&D (Recherche & Développem­ent) de ses industriel­s, dont jusqu’à 300 millions d’euros pour la constellat­ion européenne de connectivi­té sécurité IRIS², « selon les consortium­s qui seront éligibles », prévient Paris. Cet investisse­ment se complète de 140 millions d’euros, qui seront alloués dans le cadre de France 2030 à des projets innovants en matière de télécommun­ications.

Enfin, concernant le changement climatique, la France investit de manière significat­ive dans des programmes comme Copernicus, la constellat­ion européenne d’observatio­n de la Terre à hauteur de 170 millions d’euros, mais également dans la préparatio­n de future technologi­e d’observatio­n de la Terre à hauteur de 225 millions d’euros. La France a également investi (100 millions d’euros) pour le futur satellite Aeolus 2, qui va mesurer la vitesse des vents partout sur la surface du globe.

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La France poursuit son soutien sans faille au lanceur lourd européen Ariane 6 (Crédits : ArianeGrou­p)
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