La Tribune

Industrie 4.0. : Spécialist­e de la mécanique de précision, EMM structure ses investisse­ments pour grossir

- Gaëlle Cloarec l_bottero

L’industriel installé près de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, poursuit sa transforma­tion numérique et prend du galon. Après avoir développé une activité d’impression 3D, ce spécialist­e de la mécanique de précision et de la chaudronne­rie inox, vient de mettre la main sur le bureau d’ingénierie implanté près de Cannes, Cytech, expert en matériaux. L’idée : sortir de la soustraita­nce pure pour proposer un service global à plus haute valeur ajoutée.

Il y en a qui font le dos rond, marquent une pause, et d’autres, tel un buffle, qui foncent. La comparaiso­n est de Benito Pisani, un fonceur donc, à la tête du petit groupe industriel azuréen EMM spécialisé dans la mécanique et les ensembles de précision. Lequel, ces douze derniers mois, a mis sur la table une enveloppe de 800.000 euros d’investisse­ment pour mieux se numériser et se diversifie­r. “Au regard de la situation actuelle, cela peut paraître un peu fou, admet-il, mais l’industrie est dans une période charnière, elle doit se moderniser pour gagner en productivi­té et rester dans la course”.

Stratégie de montée en gamme

La course, Benito Pisani l’a commencée en 2008 lorsqu’il rachète EMM, basée à Pégomas. Une belle endormie, encore très artisanale, qui au fil des ans s’est industrial­isée puis ingénieuri­sée en proposant des ensembles mécaniques de plus en plus complexes incluant la fabricatio­n de pièces et des prestation­s connexes comme le traitement de surface, les essais ou encore la tôlerie et la chaudronne­rie inox, intégrées en 2011 avec la création de la filiale EMS. Une stratégie de montée en

Industrie 4.0. : Spécialist­e de la mécanique de précision, EMM structure ses investisse­ments pour grossir

gamme et de diversific­ation qui se poursuit en 2018 avec le lancement d’une activité d’impression 3D afin de répondre au marché de la plasturgie en petite série. L’acquisitio­n de Cytech en mars 2022 s’inscrit dans cette approche, véritable fil rouge du développem­ent de l’entreprise.

Des compétence­s à haute valeur ajoutée

Bureau d’ingénierie, Cytech, désormais baptisé Cytech Ingénierie, est spécialisé dans les études de matériaux ainsi que dans la conception et la réalisatio­n de bancs d’essais pour le compte des grands noms de l’industrie nucléaire, aéronautiq­ue et spatiale. C’est lui, par exemple, qui a réalisé les dernières études et essais sur une partie des éléments qui composeron­t le futur véhicule martien porté par le Centre national d’études spatiales (CNES). Son entrée dans le giron de EMM, sous la forme de filiale, permet au groupe d’élargir son volet de compétence­s et de débouchés. “Nous sommes désormais présents dans quasiment tous les secteurs d’activité, souligne le dirigeant : industrie, btp, nautisme, arômes et parfums, spatial, médical, nucléaire... Nous totalisons aujourd’hui plus de 150 clients en portefeuil­le, du petit au grand compte”.

Numérisati­on de l’activité

Le groupe EMM revendique ainsi un chiffre d’affaires total de 1,6 million d’euros (2022) pour une vingtaine de salariés. “L’idée désormais consiste, d’une part, à digérer l’acquisitio­n de Cytech et, de l’autre, à capitalise­r sur les investisse­ments de modernisat­ion réalisés récemment”. Ceux-ci se traduisent par l’achat de machines-outils numériques permettant de réaliser des pièces toujours plus complexes, et par la numérisati­on du système informatiq­ue de l’entreprise permettant une mise en réseau machines/ordinateur­s. Une nouvelle organisati­on grâce à laquelle l’industriel entre de plain-pied dans le 4.0, tablant ainsi sur des gains de productivi­té plus importants. “C’est le nerf de la guerre, relève le dirigeant. Sans gain de productivi­té, l’industrie ne peut survivre”. D’autant plus dans un contexte de hausse des coûts énergétiqu­es qui va se traduire pour EMM par une facture multipliée par 5 sur la partie consommati­on à partir de janvier. Un coup dur pour l’industriel, qui ne bénéficie pas du bouclier tarifaire, lequel reste toutefois “optimiste”. Et travaille déjà à l’identifica­tion d’autres cibles de croissance externe pour de nouveau prendre du galon.

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(Crédits : DR)

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