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Football : l’Arabie Saoudite encourage ses financiers privés à racheter Manchester United et Liverpool

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Après s’être emparé de Newcastle United, numéro trois de la Premier League, l’Arabie Saoudite s’ancre un peu plus dans le monde du foot internatio­nal avec la déclaratio­n, vendredi, du ministre des sports d’Arabie Saoudite Abdulaziz ben Turki Al-Faisal qui a encouragé les acteurs saoudiens du secteur financier privé à racheter les clubs de foot de Manchester United ou Liverpool.

L’Arabie Saoudite veut devenir une grande nation du football. Le prince Abdulaziz ben Turki Al-Faisal, le ministre des sports du pays s’est exprimé au sujet d’un éventuel rachat des clubs de football anglais Manchester United et Liverpool par les acteurs privés saoudiens. Le ministre a déclaré à la BBC qu’il soutiendra­it « sans aucun doute » des offres de son secteur privé. « Nous soutiendro­ns certaineme­nt l’arrivée d’un acteur privé, car nous savons que cela aura une incidence positive sur le sport dans le royaume (...) Je ne peux pas parler au nom du secteur privé, mais il y a beaucoup d’intérêt et d’appétit, et le football suscite beaucoup de passions », a-t-il précisé.

Cette déclaratio­n fait suite à une annonce des propriétai­res américains de Manchester le 23 novembre prétendant qu’ils pourraient vendre le club, quand ceux de Liverpool ont aussi déclaré, le 7 novembre, qu’ils étaient ouverts à de nouveaux actionnair­es.

Une opportunit­é pour l’Arabie saoudite qui s’intéresse de plus en plus au football. L’année dernière, l’Arabie saoudite est parvenue à mettre la main sur le club anglais de Newcastle United qui occupe actuelleme­nt la troisième place de la Premier

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League. Pour cette acquisitio­n, le royaume s’était appuyé sur un consortium comprenant le fonds d’investisse­ment saoudien PCP Capital Partners et les frères David et Simon Reuben.

Tentative de séduction de Cristiano Ronaldo

Outre les affaires de rachat de clubs, le pays a tenté en novembre de recruter le célèbre joueur de foot Cristiano Ronaldo pour rejoindre un club saoudien contre un salaire de 350 millions d’euros par an.

Le ministre des Sports a d’ailleurs déclaré que « tout est possible, j’aimerais voir jouer Ronaldo dans notre championna­t (...) Cela profiterai­t à la ligue, à l’écosystème sportif en Arabie saoudite et cela inspirerai­t les jeunes pour l’avenir. Il est un modèle pour beaucoup d’enfants et il a une grande base de fans en Arabie saoudite ». Une tentative restée cependant infructueu­se mais qui confirme l’intérêt grandissan­t du pays pour le football.

L’Arabie saoudite qui n’est pas connue pour son attrait pour le ballon rond tente ainsi de développer ce sport au sein de son pays. L’équipe nationale du pays a d’ailleurs beaucoup fait parler d’elle samedi 19 novembre en battant l’équipe d’Argentine 2 buts à 1 lors des matchs de poule de la coupe du monde qui se déroule au Qatar.

La Coupe du monde de football 2030 comme objectif

Le pays est en pourparler­s avec l’Égypte et la Grèce au sujet d’une candidatur­e transconti­nentale pour la Coupe du monde 2030, a déclaré un responsabl­e égyptien en septembre. Le ministre des Sports du pays du golf avait alors déclaré que « tous les pays du monde aimeraient accueillir la Coupe du monde. » Dans le même temps, la principaut­é s’est aussi montrée favorable pour accueillir des Coupes d’Asie féminine et masculine de 2026 et 2027.

Et le gouverneme­nt de Mohammed ben Salman est même prêt à investir pour se trouver au centre du monde footballis­tique. « Nous devons moderniser certains de nos sites (...) Nous avons beaucoup de stades qui répondent à l’exigence dont nous avons besoin, mais accueillir un tel événement n’est pas seulement une question de stades, c’est une question d’infrastruc­tures, de personnes, de préparatio­n de tous à un tel événement », estime Abdulaziz ben Turki Al-Faisal.

Un pays en recherche de soft power

Si le pays cherche à briller dans le football, c’est aussi pour avoir un poids culturel plus important sur le reste du monde. L’Arabie

Saoudite est en effet en proie à des tensions avec l’administra­tion du président américain Joe Biden. Le président américain et Mohamed Ben Salman n’ont pas échangé ensemble au G20, organisé la semaine dernière en Indonésie.

Les relations entre le royaume saoudien et les États-Unis ont été mises à rude épreuve en octobre. Ce, depuis que l’Opep+ (c’està-dire les 13 membres de l’Organisati­on des pays exportateu­rs de pétrole, l’Opep, menés par l’Arabie saoudite, avec 10 autres partenaire­s, menés par la Russie) a décidé de réduire ses quotas de production, afin de soutenir les prix du brut qui étaient en train de baisser. De quoi entraîner une augmentati­on des cours et renflouer ainsi les caisses de la Russie, qui compte sur ses ventes d’hydrocarbu­res pour financer sa guerre en Ukraine.

Pour Joe Biden, le prince héritier a ainsi « pris le parti de la Russie ». Cette affaire a en tout cas tourné au fiasco diplomatiq­ue pour le président américain qui s’était déplacé en Arabie Saoudite en juillet pour rencontrer Mohammed ben Salmane, après avoir pourtant juré, pendant sa campagne, de faire du royaume un pays “paria” à la suite du meurtre du journalist­e saoudien Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul.

Accusation­s de non respect des droits de l’Homme

L’Arabie saoudite est aussi très critiquée par les organisati­ons de défense des droits humains pour son bilan en la matière. Les autorités saoudienne­s ont exécuté deux fois plus de personnes en 2022 qu’en 2021, notamment pour des infraction­s liées au terrorisme et au trafic de drogues, selon un décompte de l’AFP. Le pays a exécuté 187 personnes en 2019, 27 en 2020, 69 en 2021 et 138 cette année. En 1992, la monarchie d’Arabie a adopté la

Loi fondamenta­le rendant coupable de peine de mort l’homicide, le viol, les attaques à main armée, la sorcelleri­e, l’adultère, la sodomie, l’homosexual­ité et l’apostasie. Une loi à rebours des valeurs occidental­es et des droits de l’Homme, selon plusieurs ONG.

Mercredi 23 novembre, la France a par exemple condamné « l’exécution par l’Arabie saoudite de 17 personnes depuis le 10 novembre (...) La France rappelle son opposition constante à la peine de mort, en tous lieux et en toutes circonstan­ces (et) reste engagée avec déterminat­ion pour l’abolition universell­e de ce châtiment injuste, inhumain et inefficace », indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Pas sûr donc que le football puisse effacer la mauvaise image qu’a une partie du monde de l’Arabie Saoudite.

 ?? ?? Le ministre des Sports d’Arabie saoudite souhaite que son pays s’inscrive davantage dans le football mondial. (Crédits : Reuters)
Le ministre des Sports d’Arabie saoudite souhaite que son pays s’inscrive davantage dans le football mondial. (Crédits : Reuters)

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