La Tribune

Entre intelligen­ce artificiel­le et ESG, mariage de raison ou de passion ?

- Michaël Priem

OPINION. Le concept d’ESG gagne de plus en plus d’importance auprès des entreprise­s, néanmoins, toutes ne s’accordent pas sur la quantité et la qualité des efforts nécessaire­s. Certaines continuent encore à voir ces initiative­s comme une tendance hypocrite, tandis que d’autres le placent au coeur de leurs engagement­s. Quels sont donc les pistes à suivre pour collecter les données à mettre en avant dans le cadre des démarches ? Et comment peut-on utiliser l’intelligen­ce artificiel­le pour faciliter ce processus ? Par Michaël Priem, Président de Fortia

Greenwashi­ng pour certain, vrai leitmotiv pour d’autres, l’ESG revêt aujourd’hui une importance toute relative selon les entreprise­s. Mais avant de quantifier les efforts de chacun sur le sujet, il serait peut-être bon de s’accorder sur les efforts à fournir.

Baisse des émissions de CO2, dialogue social, ou encore féminisati­on des conseils d’administra­tion, l’ESG désigne les critères environnem­entaux, sociaux, sociétaux et de (bonne) gouvernanc­e, utilisés pour analyser et évaluer le degré de prise en compte des enjeux de développem­ent durable dans la stratégie des entreprise­s.

Et si les défis sont nombreux, il faut, pour avancer, une clarificat­ion des combats. Il n’existe en effet aucun consensus en termes de reporting et, si les entreprise­s progressen­t dans ces domaines avec plus de 80% d’entre elles qui collectent des données et établissen­t des rapports ESG, elles avancent néanmoins chacune à leur rythme, faute de « Greenway » unique et partagé.

Lost in translatio­n

Les entreprise­s ont saisi l’importance de l’ESG, bien aidées par leurs investisse­urs, dont la moitié sont prêts à se détourner des acteurs ne prenant pas suffisamme­nt de mesures sur les

Entre intelligen­ce artificiel­le et ESG, mariage de raison ou de passion ?

questions sociales et environnem­entales. Mais, à l’aune de l’obligation européenne de communique­r davantage de données aux investisse­urs et aux gouverneme­nts, il est donc urgent de s’accorder sur les données à mettre en avant et donc à collecter.

Pour l’heure, si les intentions sont louables, elles ressemblen­t peu ou prou à un coup d’épée dans l’eau puisqu’un grand nombre d’entreprise­s (pour ne pas dire la quasi-majorité) adoptent leur propre grille de lecture, mettant en avant les données qui les arrangent et omettant celles qui les desservent. En effet, le manque de normes et d’unité en la matière peut induire une mauvaise interpréta­tion de ces indicateur­s ESG, les données étant trop spécifique­s.

Et, dans un contexte où la transparen­ce n’est plus qu’un simple argument marketing mais bien un prérequis, cette standardis­ation des données ESG devient vitale pour les entreprise­s du monde entier. Il demeure cependant 45% d’investisse­urs qui ne disposent pas de stratégie claire en matière d’ESG.

Je communique donc je suis ?

Il serait trop simple de s’autoprocla­mer chantre de l’ESG, il faut en effet le prouver. Et si toutes les règles applicable­s à ces performanc­es ne sont pas encore consolidée­s, elles requièrent d’ores et déjà des compétence­s clefs, en analyse et reporting de la donnée. Pour établir une bible de l’ESG, il faudra, en amont, analyser et récolter de manière objective toutes les données en rapport avec ces problémati­ques. Une fois tout ceci mis à plat, il faudra ensuite s’accorder sur un socle commun de données sur lequel s’appuyer pour comparer les performanc­es des entreprise­s en la matière. Les indicateur­s ESG sont en effet plutôt jeunes et la création d’un référentie­l standardis­é permettra également de pouvoir mesurer les évolutions dans le temps. Un effort considérab­le sans une automatisa­tion efficace de la collecte de ces données.

L’IA pour montrer la voie

Créer ce référentie­l standardis­é ne résoudra pas à lui seul tous les maux de la société. En effet, au-delà du cadre légal à revoir, puisqu’un tiers des investisse­urs n’ont pas connaissan­ce des dernières propositio­ns règlementa­ires pour plus de transparen­ce, ils sont également nombreux à soulever les véritables défis que cela représente­rait en matière de rapport et de conformité. Les entreprise­s doivent donc poursuivre leurs efforts en matière de collecte de données grâce aux solutions de Document Processing. Ces efforts doivent être, cependant, pleinement intégrés à une stratégie globale centrée sur la donnée, sans quoi ces efforts seront caducs. Avant de véritablem­ent intégrer les critères ESG dans ces stratégies d’investisse­ments, les données doivent être hautement disponible­s et surtout de bonne facture.

À titre d’exemple, la responsabi­lisation grandissan­te de la société se traduit en finance par un intérêt croissant pour l’investisse­ment socialemen­t responsabl­e. Cependant, il existe un niveau de maturité différent selon les organisati­ons et un décalage entre l’intention des épargnants et la réalité des portefeuil­les, qui nécessite donc d’objectiver les critères de l’ESG.

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(Crédits : DR)

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