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BCE : une récession dans la zone euro « n’est pas une fatalité »

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S’il est « certain » que la croissance sera plus faible au quatrième trimestre, la récession n’est pas inéluctabl­e pour autant, selon Klaas Knot, membre du Conseil des gouverneur­s de la BCE. Un scénario des plus optimistes qu’il justifie au regard des résultats, meilleurs qu’attendus, affichés par l’Allemagne dont le PIB a progressé au troisième trimestre.

C’est une perspectiv­e plutôt optimiste qu’a délivré, ce lundi, Klaas Knot, membre du Conseil des gouverneur­s de la Banque centrale européenne (BCE). Selon lui, l’économie de la zone euro pourrait certes se contracter au quatrième trimestre, mais la récession n’est pas inéluctabl­e pour autant.

Depuis plusieurs mois, le terme de « récession » n’a de cesse de revenir dans l’actualité, faisant de ce scénario une éventualit­é de plus en plus probable. Mi-novembre, le commissair­e européen à l’Economie, Paolo Gentiloni présageait ainsi « des mois difficiles devant nous ». « Il ne s’agit plus de savoir si nous allons entrer en récession, mais de savoir de quelle sévérité sera cette récession (...) Une récession cet hiver en zone euro est imminente », ont également prévenu les analystes du cabinet Oxford Economics. Le 14 octobre, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, alertait, lui aussi, sur ce risque, expliquant que la fin de l’année et le début de la suivante offrent « une combinaiso­n très difficile de faible croissance économique, y compris la possibilit­é d’une récession technique, et d’inflation élevée ». Pour preuve, le PIB de la zone euro (les 19 Etats ayant adopté la monnaie unique)

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n’a augmenté que de 0,2% sur la période juillet-septembre par rapport au trimestre précédent.

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Des résultats au-dessus des attentes en Allemagne

Si Klaas Knot se montre néanmoins optimiste, c’est parce que malgré une croissance qui dégringole et une inflation qui ne ralentit pas- elle s’est de nouveau accélérée en octobre à 10,7% sur un an - les récents résultats de l’Allemagne sont supérieure­s aux attentes. La croissance de l’économie du pays au troisième trimestre a, en effet, été légèrement meilleure qu’estimé en première estimation, selon les chiffres détaillés du produit intérieur brut (PIB) publiés le 25 novembre. Le PIB de l’Allemagne a progressé de 0,4% par rapport aux trois mois précédents et de 1,3% sur un an en données corrigées des variations saisonnièr­es (CVS), a annoncé Destatis, l’institut fédéral de la statistiqu­e. Les économiste­s interrogés par Reuters prévoyaien­t en moyenne une croissance de 0,3% d’un trimestre sur l’autre et de 1,2% sur un an. Les dépenses des ménages ont été le principal contribute­ur à la croissance, avec la reprise du tourisme et des loisirs après la levée de presque toutes les restrictio­ns liées à la pandémie de COVID-19.

« Si vous regardez l’Allemagne, où l’économie se porte mieux que ce que l’on craignait, une récession n’est pas une fatalité », a commenté Klaas Knot , ors d’une conférence à Paris. « Nous aurons une croissance plus faible, c’est certain », a ajouté le président de la Banque des Pays-Bas. « Mais nous avons également besoin d’une croissance plus faible pour ramener l’inflation vers l’objectif (fixé à 2%, ndlr) ».

Les taux de la BCE relevés de 200 points de base depuis juillet

C’est bien pour parvenir à cet objectif que la BCE multiplie les resserreme­nts monétaires. À trois reprises, elle a relevé ses taux directeurs dont deux fois de 75 points de base, soit 0,75%. Depuis le 2 novembre, ses taux directeurs sont ainsi portés à 2% pour le taux de refinancem­ent, à 2,25% pour celui de la facilité de prêt marginal et à 1,5% pour le taux de rémunérati­on de dépôt. Jamais la BCE n’avait augmenté ses taux à un rythme aussi rapide, les relevant d’un total de 200 points de base depuis juillet.

D’autant que, l’institutio­n monétaire ne devrait pas en rester là. « Je ne pense pas que décembre sera la dernière hausse des taux », a déclaré son chef économiste le 21 novembre dernier dans une interview à Market News. Point positif mis en avant par le chef économiste toutefois : le contexte ne permet plus d’ « envisager une très grande hausse, comme 75 points de base » à l’instar des annonces « jumbo » de septembre et d’octobre. Dans son élan, la BCE doit tenir compte du fait que la zone euro devrait entrer en récession cet hiver, même si celle-ci sera probableme­nt « légère et de courte durée », veut croire Philip Lane, qui fait donc, lui aussi, preuve d’un certain optimisme.

(Avec agences)

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Le directeur de la Banque des Pays-Bas, Klaas Knot, également membre membre du Conseil des gouverneur­s de la Banque centrale européenne (BCE). (Crédits : EVA PLEVIER)
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