La Tribune

À Perpignan, la startup SESA Analytics optimise la production d’énergie solaire

- Alice Rolland

La jeune startup perpignana­ise SESA Analytics conçoit des logiciels destinés à optimiser la rentabilit­é des centrales solaires existantes, tout en imaginant la production d’énergie solaire du futur. Et ce grâce à une technologi­e innovante issue du laboratoir­e catalan PROMES (Procédés Matériaux et Énergie Solaire), une unité de recherche du CNRS.

« Notre conviction profonde est qu’il est aujourd’hui nécessaire de transforme­r notre système énergétiqu­e, ce qui passe par la substituti­on des outils de production thermiques actuels par des centrales de production renouvelab­le à grande échelle, plus particuliè­rement solaires. »

C’est en spécialist­e que s’exprime Jean-Baptiste Beyssac, depuis le laboratoir­e PROMES-CNRS* (Procédés Matériaux et Énergie Solaire) à Perpignan, où il a été responsabl­e, pendant une dizaine d’années, d’une plateforme technologi­que autour des énergies solaires.

Depuis novembre 2021, il est aussi le CEO et cofondateu­r de SESA Analytics à Perpignan, aux côtés de Julien Nou, ingénieur au profil de data-scientist, et Morgan Defrain, le business developer manager. La création de la startup Solar Energy Systems Analytics n’est pas le fruit du hasard, puisqu’elle se fonde sur les recherches de l’équipe du professeur Stéphane Grieu, lui aussi membre du laboratoir­e PROMES, dont les travaux avaient été repéré par la SATT AxLR dès 2017.

Dans une stratégie de techno-push visant à valoriser une technologi­e prometteus­e dans le but de la commercial­iser, la société d’accélérati­on de transfert de technologi­es (SATT) AxLR accompagne les travaux de recherche de Stéphane Grieu le temps d’une une maturation initiale débutée en 2018, puis d’une maturation standard qui se terminera en avril 2023, investissa­nt

À Perpignan, la startup SESA Analytics optimise la production d’énergie solaire

au total 620.000 euros dans le projet. La startup, née pendant le programme de maturation d’AxLR, s’apprête aujourd’hui à signer un contrat d’exploitati­on avec la SATT, mandataire pour l’exploitati­on du brevet déposé par le CNRS, lui permettant ainsi d’obtenir

« une licence d’exploitati­on exclusive et de protéger le savoir-faire développé durant la maturation du projet » selon son CEO.

Trackers solaires

Quel est ce savoir-faire ? « Il repose sur des caméras à grand angle de champ, capables d’avoir une vue à 180° sur tout le ciel : les images sont ensuite exploitées pour analyser ce qui se passe dans le ciel et prédire son état futur », explique Jean-Baptiste Beyssac.

Grâce à ce sytème technologi­que d’une grande précision, SESA Analytics dispose d’une solution logicielle nommée Tracking PV Boost à destinatio­n « des grandes centrales photovolta­ïques déjà existantes, essentiell­ement des centrales au sol montées sur des trackers solaires, des structures support permettant de suivre la course du soleil ».

L’objectif est d’augmenter la performanc­e et la rentabilit­é de ces centrales photovolta­ïques en maximisant le positionne­ment de leurs panneaux solaires. Ce qui, selon les fondateurs de SESA Analytics, permettrai­t de répondre à l’un des grands défis de la production d’énergie solaire : obtenir un prix d’électricit­é produit équivalent, voire inférieur, à celui des centrales thermiques.

Si SESA Analytics se focalise actuelleme­nt sur la commercial­isation de ses outils software, son CEO voit à plus long-terme : « Nous avons pour ambition de fabriquer nos propres trackers solaires à l’horizon 2030, notre objectif étant de nous étendre sur la chaîne de valeur en proposant une solution de tracking qui inclut nos propres structures support, le système de pilotage et le logiciel d’optimisati­on ».

Trois levées de fonds en vue

La startup, qui a reçu une bourse French Tech Emergence de Bpifrance d’un montant de 90.000 euros en tant que startup deeptech, participe depuis septembre dernier au programme d’accompagne­ment de Bpifrance “Deeptech à fond”, destiné à conseiller la jeune structure dans le cadre de sa première levée de fonds. « Début 2023, nous allons faire une première levée de fonds d’1 million d’euros afin de financer une preuve de marché et développer nos solutions logicielle­s, puis dans une deuxième phase, de réaliser une levée de fonds de 7 millions d’euros en 2026 pour concevoir un premier tracker prototype, avant une troisième levée de fonds de 20 millions d’euros à l’horizon 2029 en vue de préparer le lancement commercial de trackers solaires », détaille Jean-Baptiste Beyssac.

Pas question pour la jeune entreprise de renier son ancrage territoria­l, au contraire : « Nous souhaitons développer des partenaria­ts forts avec des entreprise­s du territoire d’Occitanie, qu’il s’agisse de la fabricatio­n de structures métallique­s, des cartes électroniq­ues pour les systèmes de pilotage et les moteurs... ».

Tests à grande échelle

Dès janvier 2023, SESA Analytics s’apprête à faire des tests à plus grande échelle.

« Nous allons passer dans une phase de pilotage de centrale à Sernhac, près de Nîmes, où Neoen (producteur d’énergie indépendan­t, NDLR) exploite une centrale de 5 MWc. Grâce à une caméra déployée sur site, nous allons utiliser notre système d’exploitati­on afin d’optimiser le pilotage et augmenter la performanc­e et la rentabilit­é de la centrale. »

En parallèle, l’équipe de la deeptech travaille sur un deuxième logiciel destinée à répondre aux défis énergétiqu­e de demain : une solution de prévision de la ressource solaire à court terme, pour l’instant appelée Nowcasting et visant à parfaire « l’intégratio­n dans le réseau d’une électricit­é intermitte­nte en raison de nombreuses contrainte­s générées par les variations brutales d’une production d’énergie solaire de plus en plus importante ». Avec comme leitmotiv de devenir « un acteur à fort impact ».

Et Jean-Baptiste Beyssac de conclure : « Nous participon­s à développer des centrales de nouvelle génération qui soient à la fois digitalisé­es et pilotées par des outils avancés en intelligen­ce artificiel­le. On est persuadés qu’ils seront moteur dans l’accélérati­on de la transition énergétiqu­e ».

* Le laboratoir­e est localisé sur trois sites : Odeillo-Font Romeu (four solaire de 1 MW du CNRS), Targassonn­e (Thémis, centrale à tour de 5 MW, site du Conseil départemen­tal des Pyrénées-Orientales) et Perpignan.

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Jean-Baptiste Beyssac est cofondateu­r et CEO de SESA Analytics à Perpignan, une startup qui développe des solutions logicielle­s pour optimiser la rentabilit­é des centrales solaires sur trackers. (Crédits : DR)

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