La Tribune

En Bourgogne, l’atelier Panel passe à la semaine de 4 jours pour alléger la facture énergétiqu­e

- Amandine Ibled

Les petites entreprise­s dont les contrats d’énergie arrivent à échéance d’ici à la fin de l’année sont confrontée­s à l’envolée des tarifs proposés par les fournisseu­rs. Pour alléger les factures, elles multiplien­t les mesures d’économies. A Longvic, près de Dijon, l’atelier Panel, spécialisé dans la menuiserie d’agencement sur mesure, a décidé de passer à la semaine de quatre jours. Une décision radicale prise par son chef d’entreprise pour anticiper l’explosion de sa facture d’électricit­é.

« Jusqu’à présent, je payais 80 euros du kilowatthe­ure. Mon contrat d’énergie arrive à échéance le 1er décembre et je vais le changer pour un contrat qui prend en compte les heures creuses et les heures pleines. Potentiell­ement, cela peut varier entre

150 et 700 euros du kilowatthe­ure », explique David Butet, PDG de l’Atelier Panel, une PME bourguigno­nne spécialisé­e dans la menuiserie d’agencement sur mesure qui réalise un chiffre d’affaires de deux millions d’euros avec 20 salariés.

Ce dernier ne connaît pas encore le tarif que son fournisseu­r va lui proposer mais il s’attend à une hausse historique. Une autre structure de son groupe, située en Alsace, a vu sa facture bondir de 70.000 euros à 280.000 euros en mai dernier... Si l’entreprene­ur s’est séparé de cette société, il a néanmoins décidé d’anticiper sur l’Atelier Panel qui comprend une dizaine de machines de découpe et de commande numérique, très énergivore­s, et qui fonctionne­nt à l’électricit­é et au gaz. « Cela a été l’élément déclencheu­r ! En 2021, ma facture était de 60.000 euros, selon les propositio­ns qui me sont faites aujourd’hui, je pourrais aller jusqu’à 450.000 euros par an », déplore David Butet.

En Bourgogne, l’atelier Panel passe à la semaine de 4 jours pour alléger la facture énergétiqu­e

Le chef d’entreprise a donc opté pour la semaine de quatre jours depuis le mois d’octobre. « Les salariés ne travaillai­ent pas le vendredi après-midi. Or, c’est au démarrage des machines que la consommati­on d’énergie est la plus forte. Comme le vendredi matin, nous n’allumions les machines que durant quatre heures, c’était la meilleure option », explique-t-il. « On évite ainsi un pic de consommati­on lié au lancement », poursuit le chef d’entreprise. Il restait à répartir quatre heures sur quatre jours. Les salariés accompliss­ent leurs tâches sur un temps plus ramassé : ils viennent une heure plus tôt le matin, ou repartent une heure plus tard le soir, en fonction de leurs contrainte­s personnell­es. « Pour l’instant, le bilan est plutôt positif car les salariés sont ravis d’avoir un week-end de trois jours », note David Butet. « Nous sommes en phase de test jusqu’à fin mars afin d’évaluer s’il n’y a pas de perte de productivi­té chez les salariés », précise le PDG.

Une économie d’énergie de 15%

En faisant des calculs avec des énergétici­ens, le fait de ne pas allumer les machines le vendredi matin, lui permettrai­t de réaliser 15% d’économie d’énergie. Pas négligeabl­e si l’on songe que même si la hausse des prix devait se situer dans la fourchette basse, la facture passerait de 60.000 à 260.000 euros. Une hausse des charges nettes de 200.000 euros qui inquiète David Butet. D’autant plus qu’il ne peut répercuter cette augmentati­on sur des contrats signés il y a 18 mois pour certains clients de l’hôtellerie, la restaurati­on, le tertiaire ou les particulie­rs. « Il y a une sorte de distorsion de concurrenc­e transitoir­e parce que mes concurrent­s français qui eux, n’ont pas encore eu le renouvelle­ment de leur contrat d’énergie, restent sur leurs anciens tarifs pour l’instant. Le jour où tout le monde sera logé à la même enseigne, nous pourrons revoir nos tarifs à la hausse », souligne David Butet. « Avec toutefois, le risque d’une spirale inflationn­iste qui n’est pas souhaitabl­e non plus », poursuit-il.

D’autres mesures à moyens termes

Passer à la semaine de quatre jours était une mesure rapide à mettre en place afin de réduire les coûts énergétiqu­es, de manière drastique, avant le 1er décembre. Même si le gouverneme­nt devrait bientôt voter des dispositif­s d’aides complément­aires pour les petites et moyennes entreprise­s (bouclier tarifaire), cela ne suffira pas à compenser toutes les hausses. « Nous sommes également impactés par la hausse des matières premières et des salaires avec la revalorisa­tion du SMIC, donc la grille tarifaire des salaires à revoir au 1er janvier 2023 », ajoute David Butet. L’entreprene­ur réfléchit donc déjà à des investisse­ments à moyens termes pour baisser les charges, tels que l’installati­on d’ombrières de parking alimentées en panneaux photovolta­ïques, ou l’installati­on d’une chaudière à bois.

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(Crédits : ATELIER PANEL)

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