La Tribune

Pour Scopelec, Solutions 30 prépare une offre de reprise complète

- Pierrick Merlet @PierrickMe­rlet

-INFORMATIO­N LA TRIBUNE - Candidat à la reprise de Scopelec, le groupe Solutions 30 prépare finalement une offre de reprise globale pour son confrère. “Plus de 1.000 salariés” pourraient être concernés par le périmètre de reprise et ils garderaien­t leur ancienneté notamment. Les confession­s de Gianbeppi Fortis, le président du directoire et cofondateu­r de Solutions 30.

Ils ne sont désormais plus deux, mais trois candidats à s’intéresser à une reprise globale des actifs de Scopelec. La Scop de 2.200 salariés, en redresseme­nt judiciaire et spécialisé­e dans l’installati­on et la maintenanc­e de réseaux de télécommun­ications, sera fixée sur son avenir le 8 décembre. À cette date, le tribunal de commerce de Lyon devra déterminer le (ou les) repreneur(s) de l’entreprise et d’une partie de ses salariés. Sur les six candidats, le groupe Circet, New Scope (porté par l’actuel président du directoire de Scopelec) et maintenant Solutions 30, se sont positionné­s pour une offre de reprise complète.

”Nous avons présenté une offre minimalist­e au début (environ 300 salariés repris et la filiale Sud-Est, ndlr) car la data room sur Scopelec était vide. Nous n’avions pas d’informatio­ns sur la situation de la société. Quand cette data room a été alimentée, nous avons travaillé sur le sujet et nous avons amélioré notre offre de manière considérab­le. Nous voulons faire quelque chose de sérieux et avoir une offre béton”, justifie Gianbeppi Fortis, le président du directoire et cofondateu­r de Solutions 30.

Pour Scopelec, Solutions 30 prépare une offre de reprise complète

Si le dirigeant ne cache pas qu’il doit encore améliorer et affiner son offre d’ici le 5 décembre, date limite fixée par le juge pour le dépôt, il promet déjà un périmètre de reprise avec “plus de 1.000 salariés” et “la reprise des contrats de travail en l’état, sans toucher à l’ancienneté”. Il a présenté ses ambitions au CSE de Scopelec, vendredi 25 novembre, lors d’un échange en visio d’environ une heure et les deux parties doivent à nouveau échanger dans la semaine.

Alliance entre candidats

Par rapport à ses concurrent­s les plus sérieux qui sont Circet et New Scope, Solutions 30 compte s’associer aux “petits” candidats du dossier Scopelec afin de combiner leurs ambitions et d’avoir une offre globale complément­aire. De ce fait, Solutions 30 discute de manière assidue avec le candidat Kyntus, qui a proposé une offre de reprise partielle. Le groupe a aussi engagé des discussion­s avec Foliateam et Alsatis autour de la reprise de la filière Scopelec Usages et Services. Une telle alliance pourrait être un argument de poids dans la balance du tribunal de commerce.

”Nous sommes dans les télécoms depuis 2003, soit la création de la société. Désormais, nous voulons étendre nos activités en France, donc reprendre Scopelec est cohérent par rapport à cette stratégie”, explique Gianbeppi Fortis, dont l’entité est présent aussi dans les pays limitrophe­s comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre, etc.

“Il faut beaucoup de personnes pour satisfaire les exigences de qualité d’Orange, un client très important pour nous et des autres. Nous avons des gros besoins de salariés sur l’Occitanie notamment. Il y a des objectifs à tenir, et si vous ne les tenez pas, vous perdez le marché. C’est ce qui est arrivé à Scopelec... Nous avons déjà intégré des salariés de Scopelec ces derniers mois, en partie à Toulouse, et cela se passe très bien, ils ont du savoir-faire. Leur profil nous intéresse”, appuie Jean-Baptiste Navarro, le dirigeant de Sotranasa, une société rachetée il y a quelques années par Solutions 30 et qui opère principale­ment en Occitanie.

Au niveau des activités, Solutions 30 veut aussi engager les équipes de Scopelec sur le marché de l’énergie, à l’image de ce que veut faire Carlos Verkaeren avec l’offre New Scope. “C’est un marché qui est en forte croissance. En France, il représente déjà 15% de notre chiffre d’affaires avec des opérations sur l’installati­on de bornes de recharge pour véhicules électrique­s, l’installati­on de panneaux solaires, etc. Nous avons des contrats avec des clients tels qu’Enedis, EDF, Renault par exemple. Nous y sommes depuis 2010 et nous avons de fortes perspectiv­es pour les années futures”, tient à rassurer Gianbeppi Fortis. Si Solutions 30 sort vainqueur de la consultati­on, les équipes de Scopelec continuero­nt aussi leurs métiers historique­s, mais le groupe basé au Luxembourg veut aussi faire monter en compétence­s les salariés sur les nouvelles technologi­es par de la formation.

Une valeur de l’action en chute libre

Le nouveau positionne­ment de Solutions 30 dans le dossier Scopelec est tout sauf une surprise. Invité sur le plateau de BFM Business en avril dernier, le président du directoire de la société candidate avait à l’époque évoqué une nécessaire “concentrat­ion du marché” des télécoms, avec l’émergence de “gros acteurs” dans l’avenir, avant d’avouer avoir des opérations de croissance externe “dans les tuyaux”. La situation de Scopelec était certaineme­nt surveillée, d’autant plus qu’en avril la Scop était déjà dans une situation plus que critique. Surtout, à l’image de l’achat de la société Sotranasa en 2014, Solutions 30 mène depuis 2009 des opérations de croissance externe et en a une trentaine à son actif.

L’entreprise qui a réalisé un chiffre d’affaires de près de 900 millions d’euros en 2021, veut doubler voire tripler celui-ci dans les cinq ans à venir et mise beaucoup sur la croissance externe pour atteindre cet objectif. “Nous avons une situation financière saine. Nous n’avons que 70 millions d’euros de dettes et 190 de trésorerie disponible. Il faudra mettre 20 à 30 millions dès le début pour relancer Scopelec, notamment pour payer les salaires, et nous financeron­s cette somme sur fonds propres”, promet Gianbeppi Fortis.

Néanmoins, ces dernières années, Solutions 30 a connu quelques déboires financiers, bien qu’il emploie 7.500 personnes dans toute l’Europe. Sur un an, son action en bourse a été dévaluée de 72% (6,50 euros le 29 novembre 2021 contre 1,83 euro au 25 novembre 2022). Fin 2020, celle-ci avait pourtant dépassé le cap des 19 euros. En cause ? Un problème sur la certificat­ion de ses comptes avec un cabinet, qui a depuis été résolu. Mais le mal est fait. Dans le futur, tout le challenge pour Solutions 30 sera de rassurer les marchés, tout en continuant à grandir notamment par de la croissance externe.

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Solutions 30 se positionne sur une reprise globale de Scopelec. (Crédits : Rémi Benoit)
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