La Tribune

« L’inflation est la conséquenc­e de quarante années de dérives agroalimen­taires » (Sébastien Loclin, Biofuture)

- Maëva Gardet-Pizzo

Installée à Venelles, cette PME de 17 salariés fabrique huiles, vinaigres et autres sauces à partir de produits bio, locaux et le plus sains possibles. Une activité qui répond à une ambition, celle de « nourrir les gens sans compromett­re leur santé ni l’avenir de l’humanité ». Une mission que la PME veut poursuivre plus encore en étoffant sa gamme, mais aussi en s’engageant dans un collectif de marques qui milite pour une plus grande transparen­ce des produits d’alimentati­on.

Huiles, vinaigrett­es, ketchup... Nos placards regorgent de produits choisis par habitude, parfois au détriment de la qualité et de l’impact environnem­ental. Des habitudes auxquelles Sébastien Loclin, ancien expert agronome de Lesieur, entend donner un coup de fouet en fondant en 2013 Biofuture, PME qui compte aujourd’hui 17 salariés.

« En temps que père de famille, j’étais pris dans des routines de consommati­on dont j’étais rarement satisfait ».

Or il a une ambition : « nourrir les gens sans compromett­re leur santé, ni l’avenir de l’humanité sur la planète », et pense que c’est en s’inscrivant dans ces routines que l’on peut avoir un impact.

Il s’attelle alors à revisiter ces incontourn­ables de nos placards. Plutôt que des sauces bourrées de sucres et d’additifs faites à partir de matières premières cultivées à l’autre bout de monde, il confection­ne par exemple une sauce barbecue faite de tomates provençale­s bio avec, pour la touche sucrée, de la betterave. Puis, pour y apporter une note fumée, il assaisonne sa sauce d’un

« L’inflation est la conséquenc­e de quarante années de dérives agroalimen­taires » (Sébastien Loclin, Biofuture)

piment doux cultivé par un maraîcher local avant d’être fumé au bois de hêtre à l’Isle-sur-la-Sorgue.

La grande distributi­on pour changer les habitudes du plus grand nombre

Au départ, ces produits sont commercial­isés dans le réseau de distributi­on bio sous la marque Quintesens. Puis, non contente de ne s’adresser qu’aux convaincus, la PME décide de proposer ses produits également à la grande distributi­on qui, comme le rappelle le chef d’entreprise, « représente 90 % des achats alimentair­es ». C’est ainsi que naît la seconde marque de Biofuture : Nod.

Amplifier son impact, c’est un peu le leitmotiv de l’entreprise qui prévoit d’élargir plus encore sa gamme dans les prochains mois en l’agrémentan­t de biscuits apéritifs ou de produits pour le petit-déjeuner. « Nous voulons créer de la valeur sur toute l’échelle. Quand je vois ce que contiennen­t nos biscuits apéro, je suis scandalisé. L’alimentati­on conditionn­e notre santé mais aussi l’emploi des paysans : on en a perdu 1 million en 40 ans ». Sans parler des enjeux de climat, de biodiversi­té et de souveraine­té alimentair­e alors que, ironise-t-il, « on a récemment fait la découverte que l’huile de tournesol venait d’Ukraine et que Dijon se trouvait au Canada ».

Sensibilis­er les consommate­urs... et responsabi­liser les décideurs politiques

A travers son entreprise, il veut opérer une transforma­tion des habitudes et des mentalités. Interroger : « Pourquoi l’alimentati­on a été si peu chère pendant si longtemps ? » Mais s’inquiète de l’impact de l’inflation sur la mutation espérée de notre système alimentair­e. « L’inflation actuelle est la conséquenc­e de quarante années de dérives agroalimen­taires. La sécheresse a réduit les rendements. Et les engrais chimiques étant issus du pétrole, le coût de l’énergie se répercute forcément sur l’alimentati­on. Je regrette que cette inflation pousse les gens à se rabattre sur les produits dont les prix sont les plus bas, ces mêmes produits qui nous ont amené à cette inflation-là. On entretient la cause et on le repaiera plus tard ».

Un cercle vicieux dont il sera difficile de sortir en ne misant que sur la bonne volonté des entreprise­s et des consommate­urs.

D’où la volonté de la PME de constituer un collectif dénommé

« En vérité », regroupant une cinquantai­ne de marques telles que Yoplait, Daucy, Alpina-Savoie ou encore Candia afin d’opérer un travail de lobbying. « Le consommate­ur n’arrive pas à faire des choix positifs, il ne sait pas ce qu’il mange. Nous demandons donc aux politiques de prendre leurs responsabi­lités en imposant à toutes les marques des règles de transparen­ce ». Par exemple d’afficher systématiq­uement un Nutriscore, un indice d’impact environnem­ental, la présence d’additifs ou encore l’origine du produit. Preuve qu’entreprene­uriat et politique peuvent donner lieu à d’intéressan­tes émulsions.

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Un acteur économique chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Marseille s’unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l’économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problémati­ques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d’Azur du quotidien économique La Tribune.

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(Crédits : DR)
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