La Tribune

RER métropolit­ain : ce qu’il pourrait changer pour AixMarseil­le et Nice Côte d’Azur

- Laurence Bottero (avec Maëva Gardet-Pizzo) l_bottero

C’est l’annonce surprise du dimanche soir, celle pas du tout attendue qui a soulevé surprise et émois à la fois. Mais aussi de l’espoir, notamment du côté du monde économique qui souffre des problémati­ques de mobilité dans celle qui est, en superficie, la première métropole de France. Un RER qui pourrait venir nourrir le Plan Marseille en Grand, très volontaris­te sur le sujet de la mobilité, auquel un milliard d’euros est dédié, et s’ajouter au projet de Ligne Nouvelle, elle aussi attendue depuis longtemps et dont la première phase est entamée. Du côté de la Côte d’Azur, il pourrait être un prolongeme­nt du tramway qui s’est déployé à Nice, vers l’ouest des Alpes-Maritimes et Cannes.

L’annonce est surprenant­e autant par le fond - qui l’a vue venir ? - que dans la forme - par le biais d’une vidéo, support de communicat­ion moderne choisi par Emmanuel Macron pour annoncer la création de RER métropolit­ain dans 10 métropoles hexagonale­s, qui en ont besoin.

Une annonce peu précise qui pose plusieurs questions : qui dans les 10 métropoles évoquées - est en réalité concerné ? Et en partant du postulat qu’Aix-Marseille et Nice en font partie, quel serait son trajet, son calendrier ?

Des questionne­ments somme toute légitimes qui ne manqueront sans doute pas de s’affiner au fil des jours. Si pour l’heure rien n’est confirmé, les dix métropoles pourraient être celles qui figurent dans le rapport du conseil d’orientatio­n des infrastruc­tures qui a déjà planché sur un sujet similaire en 2020 où Aix-Marseille, Nice, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Nantes, Rennes et Strasbourg figurent. Sachant que nombreuses sont les métropoles qui souffrent de problémati­ques de déplacemen­t, ces problémati­ques contribuan­t à perturber le développem­ent

RER métropolit­ain : ce qu’il pourrait changer pour Aix-Marseille et Nice Côte d’Azur

économique de certains territoire­s comme celui des entreprise­s, notamment en matière de recrutemen­ts et d’attractivi­té de talents.

« Saut qualitatif majeur »

Ceci posé, un RER métropolit­ain pour Aix-Marseille, ça changerait quoi ?

Beaucoup. Inévitable­ment, tant la première métropole de France avec ses 3.149 km2 souffre d’un manque de mobilité adaptée.

Ce n’est pas pour rien que le Plan Marseille en Grand en fait l’un des axes prioritair­es, lui consacrant un milliard d’euros. Un RER métropolit­ain, « cela fait longtemps que le monde économique le demande », souligne Jean-Luc Chauvin. Le président de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille Provence qui en avait fait la suggestion dans son document Tous acteurs, à destinatio­n des candidats aux élections municipale­s de

2020, évoquant alors l’idée qu’un tel outil constituer­ait « un saut qualitatif majeur ». Un président qui évidemment évoque l’obligation de graver la chose dans le marbre et dans le Plan Marseille en Grand afin qu’il devienne une priorité. Et qui estime que ce RER réalise « une boucle passant par différente­s villes du territoire, allant de Salon à Martigues » et en passant par l’aéroport Marseille Provence, mal desservi. Un tel RER pourrait ainsi devenir une sorte de troisième ligne de métro.

Le RER métropolit­ain est aussi déjà un sujet pour la métropole Aix-Marseille Provence que préside Martine Vassal, qui y a réfléchi et travaille sur le sujet.

Saint-Charles souterrain­e, la condition sine qua non

Mais toute enthousias­mante que soit l’idée, pour qu’elle soit réalisable il faut - et les acteurs interrogés sont d’accord - que le noeud ferroviair­e de la gare Saint-Charles à Marseille soit neutralisé. Ce qui passe par le projet d’une gare Saint-Charles sous-terraine, projet inclus dans le phasage de la Ligne Nouvelle... en 2035. De quoi doucher les espoirs. A moins que le calendrier évolue à l’aune de cette annonce...

Du côté de Nice, un RER métropolit­ain pourrait parfaiteme­nt constituer un prolongeme­nt du tramway niçois et poursuivre son maillage jusqu’à Cannes, voire plus loin... Désengorge­ant ainsi les noeuds qui rendent la mobilité particuliè­rement compliquée dans le départemen­t.

Renaud Muselier, le président de la Région Sud - qui a été précurseur en matière de transport en ouvrant les lignes TER à la concurrenc­e - estime que « la création de ces RER métropolit­ains est une très bonne nouvelle et sera effective grâce à l’ouverture à la concurrenc­e et à la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur dans les prochaines années. Nous aiderons bien évidemment à mettre ce projet en oeuvre conforméme­nt à nos compétence­s ». Car évidemment se pose la question de la gouvernanc­e : qui de la Région ou des Métropoles aura la main ? Et on n’oubliera pas, non plus, la question loin d’être anodine, du financemen­t...

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Marseille prévue en 2035... (Crédits : DR)
Après l’ouverture à la concurrenc­e pour les TER, le Sud pourrait bénéficier d’un RER métropolit­ain. Mais beaucoup est lié à la mise en sous-terrain de la gare Saint-Charles à Marseille prévue en 2035... (Crédits : DR)

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