La Tribune

Retraites : le projet de réforme présenté mi-décembre

- Fanny Guinochet @fannyguino­chet

L’exécutif ne l’a jamais caché, il tient à sa réforme des retraites et vise une mise en oeuvre l’été prochain. Pour ce faire, il envisage de présenter un texte aux partenaire­s sociaux dès la mi-décembre, pour une discussion à l’Assemblée nationale en début d’année. En ce moment, il travaille aussi à désamorcer la contestati­on sociale. Avec une attention toute particuliè­re à l’égard de la CFDT.

Les discussion­s entrent dans leur phase la plus délicate. Au ministère du Travail, le dernier cycle de concertati­ons autour de la réforme des retraites se tient cette semaine. « On entre dans le dur, autour du financemen­t du régime », assure un membre de la délégation de Force ouvrière. Les syndicats se font toutefois peu d’illusions, il s’agit bien de concertati­ons et non de négociatio­ns.

A la fin, le gouverneme­nt tranchera comme il le souhaite. Et ce dernier, ne s’en cache pas, il veut aller vite. Très vite même.

Un projet de réforme présenté autour du 15 décembre

En effet, le gouverneme­nt envisage de présenter un texte autour du 15 décembre prochain. Patronat et syndicats n’ont pas encore reçu le bristol officiel d’invitation, mais le ministère leur a mentionné une réunion multilatér­ale juste avant les vacances scolaires. Il pourrait à cette occasion leur dévoiler le contenu de sa réforme, avant de l’envoyer au Conseil d’Etat, et de l’inscrire en Conseil des ministres en janvier prochain.

L’exécutif a donc décidé de laisser passer les élections profession­nelles dans la fonction publique qui se tiennent la semaine prochaine, puis de dégainer sans tarder son projet de loi.

Retraites : le projet de réforme présenté mi-décembre

La discussion parlementa­ire pourrait ainsi se tenir en début d’année. Faute de majorité, le gouverneme­nt n’exclut pas de recourir au 49.3. « Nous espérons toutefois trouver la voie étroite possible, pour rallier les Républicai­ns... le recul de l’âge de départ à la retraite, c’est quand même son ADN ! », analyse un ministre.

L’exécutif tient à une applicatio­n effective de sa réforme des retraites l’été prochain. Histoire de faire entrer rapidement de l’argent dans les caisses - il évoque 20 milliards d’euros d’économie à horizon 2027- , et tenir son déficit. Mais aussi de rassurer nos voisins européens, qui attendent que la France mène des réformes de fond.

Une mesure d’âge mais dont le curseur n’est pas encore dévoilé

Et pour cela, une chose est sûre : le gouverneme­nt a prévu d’inscrire une mesure d’âge, conforméme­nt à la promesse du candidat Emmanuel Macron... Il n’a pas encore énoncé où il placera le curseur : 64 ou 65 ans, contre 62 actuelleme­nt pour le départ légal à la retraite dans le privé. Un recul de l’âge contre lequel les Français restent largement opposés. Comme pour toute négociatio­n classique, il pourrait commencer haut et présenter une copie à 65 ans, pour ensuite ramener l’âge de départ à 64 ans.

« Dans ce contexte, il ne faut pas attendre », plaide un membre du gouverneme­nt. « Il n’y a jamais de bon moment pour engager une réforme impopulair­e. »

Limiter la contestati­on sociale

Tout l’enjeu du gouverneme­nt est de travailler à désamorcer une opposition sociale trop forte. D’éviter que la CGT et la CFDT, toutes deux opposées au recul de l’âge de départ ne fassent cause commune, et ne mobilisent leurs troupes ensemble.

Chance pour l’exécutif, la CGT de Philippe Martinez est très affaiblie. A quelques semaines de son futur congrès qui se tient en mars, elle est embourbée dans la succession de son chef de file. Le gouverneme­nt va tout faire pour la renvoyer à une forme de contestati­on systématiq­ue.

L’exécutif sait qu’il lui sera très difficile - voire impossible d’obtenir le soutien de la CFDT de Laurent Berger. Mais il espère la neutralise­r.

« De lui donner suffisamme­nt de gages pour qu’elle ne soit pas trop face à nous », assure un conseiller de l’Elysée. C’est avec cette intention qu’il y a une quinzaine de jours, Olivier Dussopt, le ministre du travail annonçait un minimum vieillesse à plus de 1.100 euros mensuels, qu’il travaille à améliorer l’emploi des seniors, ou qu’il cherche à tordre le bras du patronat pour une meilleure prise en charge de la pénibilité.

« Laurent Berger a tout intérêt à faire monter les enchères...pour apparaître à la fin, comme celui qui est responsabl­e et évite une réforme trop dure aux Français », reconnaît un proche du dossier. Et de confier : « Ainsi si le gouverneme­nt retient 64 ans après avoir annoncé 65, et que la CFDT a bataillé, elle pourra dire qu’elle a eu de l’influence ».

Reste que derrière les stratégies, la réalité pourrait vite reprendre le dessus. Et un membre du gouverneme­nt d’ironiser : « Le plus inquiétant dans tout ça, reste le pouvoir d’achat des Français .... leur annoncer une réforme difficile dont ils ne veulent pas, en plein mois de janvier, quand l’inflation est à la hausse et qu’il y a des coupures de courant... c’est soit ambitieux soit suicidaire !

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 ?? ?? La première ministre Elisabeth Borne pourrait présenter un texte sur les retraites dès la mi-décembre. (Crédits : SARAH MEYSSONNIE­R)
La première ministre Elisabeth Borne pourrait présenter un texte sur les retraites dès la mi-décembre. (Crédits : SARAH MEYSSONNIE­R)
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