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Bio : la filière s’inquiète des baisses de commandes de la grande distributi­on

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L’inflation vient casser la dynamique du bio. Après une décennie de croissance, ses ventes vont chuter de plus de 7% en 2022. Face à cette baisse d’engouement, la grande distributi­on, qui représente 60% des ventes de bio, réduit ses commandes. Les producteur­s bio les accusent de « se désengager du marché bio » et de proposer d’autres produits présentés comme « éthiques » ou « durables ».

Le bio, qui s’est démocratis­é dans les grandes surfaces, va-t-il en sortir ? La filière bio accuse la grande distributi­on de « se désengager du marché bio » au risque « de provoquer de la casse dans les fermes et entreprise­s », s’inquiète dans une lettre ouverte publiée ce mardi par Synabio, FOREBio et la FNAB à l’adresse de Leclerc, Coopérativ­e U, Carrefour, Auchan, Casino, Intermarch­é et Cora.

15% d’inflation alimentair­e à la fin de l’année

Les producteur­s de bio déplorent « une progressio­n de la demande pour les premiers prix » aux dépens du bio sur fond « d’inflation galopante ». L’inflation alimentair­e pourrait atteindre 15% à la fin de l’année, étant déjà à 12% en janvier. Producteur­s et distribute­urs de bio font état d’une chute inédite de leurs ventes.

« Il y a un recul en volume de la consommati­on (bio), probableme­nt de l’ordre de 7% à 10% sur l’année 2022. Et de 10% à 12% dans les enseignes spécialisé­es », explique Pierrick de Ronne, président de Biocoop et de la Maison de la Bio, à La Tribune.« Les clients font des arbitrages en défaveur du bio. Ils descendent en gamme, passent d’un produit bio à un produit convention­nel, optent pour un produit bio moins cher », poursuit Pierrick de Ronne. Le secteur avait pourtant triplé son volume de ventes entre 2012 et 2022, passant de 4 à 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Bio : la filière s’inquiète des baisses de commandes de la grande distributi­on

Synabio, FOREBio et la FNAB accusent désormais les distribute­urs de supprimer leurs équipes dédiées au bio et de miser davantage sur des produits présentés comme durables en lieu et place du bio. Dans leur lettre de ce mardi, ils estiment que le bio souffre, en plus de l’inflation, de ces labels concurrent­s qui n’ont pas à suivre un cahier des charges aussi exigeant que celui du bio.

Multiplica­tions des labels présentés comme éthiques ou durables

« Le développem­ent de démarches telles que HVE (certificat­ion Haute Valeur Environnem­entale, Ndlr) ou Zéro résidu de pesticides, qui s’approprien­t les codes du label bio alors qu’elles sont loin d’offrir le même niveau d’exigence, crée la confusion chez les consommate­urs », dénoncent-ils.

« Nous risquons d’entrer dans un cercle vicieux qui pourrait en quelques mois mettre en péril des filières entières et compromett­re les efforts engagés depuis des années par les pouvoirs publics, les producteur­s et les entreprise­s pour passer en bio », pointent-ils encore.

Ne pas retomber en-dessous de 5% de parts de marché

Pour lutter contre cette concurrenc­e que le président de la FNAB assimile à une forme de « greenwashi­ng », les acteurs du bio ont lancé depuis le 30 mai une campagne de communicat­ion baptisée « Bioréflexe » qui rappelle les engagement­s de la filière : une culture sans OGM, sans engrais chimiques et sans pesticides.

Le manque de soutien de la grande distributi­on pourrait, selon les producteur­s de bio, provoquer « de la casse dans les fermes et entreprise­s ». En effet, les ventes de bio se font à plus de 60% dans la grande distributi­on. Le président de la Maison de la Bio Pierrick de Ronne estime que l’enjeu dans les prochains mois est d’éviter que le bio ne redevienne « un marché de niche » inférieur à 5% de la consommati­on alimentair­e. Il en représente 6% aujourd’hui.

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Le bio pourrait connaître un recul de ses ventes entre 5% et 10% sur l’ensemble de l’année 2022. (Crédits : Benoit Tessier)

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