La Tribune

Greentech : le moteur à nageoires de la startup FinX se jette à l’eau

- Nathalie Jourdan

La startup FinX, dont le siège a migré au Havre, lance l’industrial­isation de son moteur électrique bio-inspiré pour le nautisme. La première version destinée aux petites embarcatio­ns et aux voiliers sera mise sur le marché l’an prochain avant une seconde plus puissante.

Maman, les p’tits bateaux auront-ils toujours des hélices ? La question n’est pas si naïve car c’est un redoutable concurrent du « vieux » moteur hors bord thermique qui s’apprête à faire son entrée sur le marché du nautisme. A la barre, la startup FinX (“fin” comme nageoire dans la langue de Shakespear­e) fondée en 2019 par un jeune entreprene­ur, chantre du bio-mimétisme. Fidèle à son mantra, « pour protéger la nature, le mieux est de s’en inspirer », Harold Guillemin a mis au point un moteur électrique à batterie propulsé non pas par une hélice mais par une membrane qui ondule à la manière des nageoires du poisson.

A première vue, l’engin qui n’est pas sans évoquer une pompe cardiaque coche toutes les cases de la transition écologique. Auréolé d’un nombre incalculab­le de prix, il est propre, éco-conçu, silencieux, résistant (du fait de l’absence de pièces de rotation) et sans risque pour la faune et la flore marine. « On n’a plus de hachoir à l’arrière du bateau », résume son concepteur. Oubliées aussi, les recharges en huile, l’hivernage obligatoir­e... et les algues qui s’entourent autour de l’hélice engendrant des pertes de puissance : un phénomène bien connu des marins.

Le début de l’aventure industriel­le

Quelques semaines après avoir bouclé un second tour de financemen­t de 6 millions d’euros auprès du fonds deeptech parisien Supernova, de la Bpi et de deux investisse­urs institutio­nnels normands, l’entreprise lance l’industrial­isation de son premier modèle. Baptisé Fin5, celui-ci affichera une puissance de 2 KW -l’équivalent de 5 CV- et pourra équiper des voiliers ou des petites embarcatio­ns de moins de 3 tonnes. « Après avoir

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comparé avec l’Asie et le Maghreb, nous sommes en train de sourcer des sous-traitants et un assembleur en Normandie où l’écosystème est favorable », précise Harold Guillemin.

Son objectif : produire d’ici fin la fin de l’année prochaine, 800 premiers exemplaire­s du Fin 5 qui seront commercial­isés dans toute l’Europe au prix de 3200 euros l’unité (sans la batterie). La jeune pousse cible notamment les chantiers nautiques et les écoles de voile mais aussi les loueurs de bateaux sans permis. « On compte 3.000 loueurs en France qui sont tous en quête de solutions greentech et sans risques », souligne son PDG.

« Il existe un véritable marché pour ce type de motorisati­on décarbonée », confirme en écho Christian Fremaux, directeur général de Normandie Littoral, l’un des deux fonds normands mouillés dans l’aventure.

Cap sur le transport fluvial

La levée de fonds permettra également à FinX d’accélérer le développem­ent de son deuxième modèle : le Fin150 d’une puissance de 120 KW (150 CV thermique). Basé sur la même technologi­e de membrane ondulante, ce moteur hors-bord pourra être alimenté par une batterie ou par une pile à hydrogène. Il sera destiné à équiper des bateaux de plus grande taille en particulie­r pour le transport fluvial de passagers ou de marchandis­es : un domaine privilégié par la startup.

« C’est l’une des raisons qui nous pousse à nous implanter d’un bout à l’autre de l’axe Seine à Paris (l’entreprise a pris ses quartiers à la Cité de la Mode en bord du fleuve ndlr) où se trouve notre R&D et au Havre où nous avons installé notre siège et bientôt un laboratoir­e d’endurance en eau de mer », précise Harold Guillemin.

En attendant peut-être d’équiper les « batobus » qui promènent les touristes à travers la capitale, le futur moteur pourrait bien s’offrir une rampe de lancement dorée sur tranche. FinX est en effet en discussion avec l’organisati­on des JO 2024 en vue de propulser le concept boat qui acheminera la flamme olympique sur la Seine lors de la cérémonie d’ouverture.

 ?? ?? Le premier modèle d’une puissance de 5CV en équivalent thermique propulsera des bateaux de petite taille. (Crédits : FinX)
Le premier modèle d’une puissance de 5CV en équivalent thermique propulsera des bateaux de petite taille. (Crédits : FinX)

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