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Chine : le FMI envisage de réviser à la baisse sa prévision de croissance

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Pour le deuxième mois consécutif, l’indice PMI, qui révèle le dynamisme de l’activité manufactur­ière, se dégrade en Chine. La politique « zéro Covid » et ses confinemen­t durs provoquent la paralysie de secteurs entiers, qui pourrait encore s’amplifier du fait des protestati­ons. le FMI devrait rapidement revoir à la baisse les prévisions de croissance chinoise.

La politique « zéro Covid » n’en finit plus de gripper le fonctionne­ment de l’économie chinoise, et particuliè­rement de son industrie. L’activité manufactur­ière en Chine se contracte à nouveau en novembre mais de façon plus marquée qu’en octobre d’après les chiffres officiels publiés mercredi.

Décrochage pour la deuxième fois consécutiv­e

D’après le Bureau national des statistiqu­es, l’indice des directeurs d’achat (PMI), baromètre du dynamisme de la production industriel tombe à 48 points, après 49,2 en octobre. Ce qui traduit un recul de l’activité quand il est inférieur à 50. La performanc­e de novembre se situe en deçà des anticipati­ons de l’agence Bloomberg qui tablait sur 49.

Principale­s raisons de ce décrochage : la persistanc­e du Covid et la politique radicale de la Chine en réponse, dernière grande économie mondiale à subir les affres de la pandémie. « En novembre, en raison de plusieurs facteurs comme les foyers épidémique­s étendus et fréquents qui ont touché la Chine et le contexte internatio­nal devenu plus complexe et critique, le PMI a chuté », a justifié le BNS dans un communiqué.

Le cas emblématiq­ue de l’usine d’iPhone de Zhengzhou

Face à l’apparition de cas de Covid-19, la Chine exige des tests PCR quasi-quotidiens pour l’accès aux lieux publics et multiplie les mises en quarantain­e de bâtiments, de quartiers, voire de

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villes entières. Les employés sont ainsi sommés de télétravai­ller quand ils le peuvent, et les ouvriers ne peuvent rallier leurs usines. Au printemps, la capitale économique chinoise Shanghaï avait ainsi subi un confinemen­t très strict.

Depuis la semaine dernière, les six millions d’habitants de la ville industriel­le de Zhengzhou dans le centre du pays subissent le même genre de confinemen­t, y compris le site de production d’iPhone du sous-traitant d’Apple Foxconn. D’autres grandes villes comme Pékin et Chongqing connaissen­t également un durcisseme­nt des restrictio­ns sanitaires ces jours-ci.

Protestati­ons inédites

A l’image de l’usine d’iPhone, des chaînes entières de production et de logistique se retrouvent paralysées par ces fermetures inopinées, décidées par les autorités chinoises sans crier gare. En conséquenc­e, le FMI devrait revoir à la baisse les prévisions de croissance chinoise.

« Alors que nous prévoyons une croissance de 3,2% pour cette année et de 4,4% pour l’année prochaine, il est possible qu’en cette période de très grande incertitud­e, nous devions revoir ces projection­s à la baisse », a indiqué la directrice du FMI Kristalina Georgieva mardi à Berlin. Au troisième trimestre, la Chine a connu une croissance de 3,9% après 0,4% au deuxième trimestre, soit sa pire performanc­e trimestrie­lle depuis 2020.

Les entreprise­s étrangères qui s’approvisio­nnent en Chine subissent le contrecoup de la politique zéro Covid. « La politique chinoise du zéro Covid dynamique a des répercussi­ons sur les entreprise­s françaises présentes en Chine », s’est inquiétée l’ambassade de France sur le réseau social Weibo la semaine dernière.

Les protestati­ons sont également de plus en plus vives dans la population chinoise face à l’autoritari­sme sanitaire de Pékin. Après des émeutes menées par les ouvriers de Foxconn à Zhengzhou la semaine passée, ce week-end a été agité par des manifestat­ions inédites depuis 1989 dans de grandes métropoles chinoises pour réclamer un allègement de la politique anti-Covid. Une fronde sociale qui pourrait elle aussi désorganis­é un peu plus l’atelier du monde. Mais les autorités ne semblent pas disposées à céder aux revendicat­ions des manifestan­ts. la Commission des affaires politiques et juridiques du PCC, en charge du maintien de l’ordre, appelle à les « réprimer résolument ».

Charles Michel en visite à Pékin

Le président du Conseil européen Charles Michel arrive ce mercredi à Pékin dans un contexte de turbulence­s internes à la Chine, en partie paralysée par les dures restrictio­ns sanitaires mais aussi confrontée à des manifestat­ions inédites réclamant plus de libertés. Le dirigeant bruxellois doit y rencontrer le président Xi Jinping et son Premier ministre Li Keqiang, moins d’un mois après la visite du chancelier Olaf Scholz en Chine. En pleine réflexion, l’Union européenne tente de redéfinir ses relations avec la Chine - qualifiée de « rival systémique » par la Commission depuis 2019 - alors que la pandémie a révélé la dépendance européenne aux produits chinois et que la rivalité économique et géopolitiq­ue entre Pékin et Washington se durcit.

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La Chine connaît des mouvements de protestati­on contre sa politique sanitaire. (Crédits : Reuters)

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